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  • De la banalité du harcèlement policier



    Entretien avec Rachidovic, Algeria-Watch, 7 novembre 2011

    Rachidovic est photographe indépendant, amoureux de sa ville natale, Blida et auteur d'un blog – blida-rdjel.over-blog.com. Régulièrement il y fait état de ses observations notamment à propos de la dégradation quotidienne de la ville en raison du laissez-aller des autorités et de la corruption locale (voir les rubriques : BLIDA, le coin du jour et calvaire blidéen). Ceci n'étant pas pour plaire aux autorités de sa ville, il fait régulièrement l'objet de harcèlements policiers. Algeria-Watch qui suit ses péripéties lui a posé quelques questions.

    Pourquoi animez vous ce blog et quand l'avez vous installé?

    J’ai commencé l’animation du blog en juin 2008. Blidardjel m’a été dicté par la colère et la frustration devant tant de violations de lois, de serments, par ceux qui, en cravate et complet-veston, ou en casquette et galons, devraient en être les portes drapeaux. Blidardjel n’est pas un vulgaire règlement de comptes mais un pamphlet animé contre la médiocrité et ses excès, inspiré par un trop-plein de tendresse et d’amour, pour la ville de Sid ahmed el Kebir, pour nous tous qui continuons à la servir et à l’honorer. Nombreux sont ceux qui comme moi ressentent la même amertume et ont le même goût de cendre dans la bouche. C’est au nom de tous ceux-là que je me révolte. Il n’y a pas de crime sans mobile. Se taire est pire encore

    Quand le harcèlement policier en raison de vos publications a-t-il commencé et en quoi consiste-t-il?

    Je ne peux vous dire exactement quand le harcèlement a commencé, vu que l’on m’arrêtait le plus souvent non au prétexte de mes publications mais plutôt pour délit de photo. À en croire mes détracteurs, il serait interdit pour un photographe amateur de prendre en photos d’autres sujets que la nature ou le sport.

    Combien de fois avez vous déjà été convoqué? par qui et où? Que vous reproche-t-on officiellement (que vous dit-on lorsqu'on vous convoque?)

    J'ai été convoqué officiellement 2 fois par la police. Par contre j'ai été embarqué au commissariat plusieurs fois, tel un vulgaire voleur. Au prétexte de vérifications du contenu de l’appareil photo, qui débouche chaque fois sur un "PV" (procès-verbal). En plus de cela, les policiers viennent régulièrement en tenue officielle sonner à mon domicile.

    Comment se déroulent les interrogatoires ?

    Les interrogatoires, tel le dernier en date du 29 juillet mené par des policiers de la BMPJ (Brigade mobile de la police judiciaire) au commissariat central et qui a duré plus de 6 heures, débouchent sur des PV consignés, après contrôle de la carte mémoire et le plus souvent la suppression de photos jugées "illégales" (telles par exemples celles d'un policier en faction sirotant un café, un gendarme faisant la même chose et j'en passe les véhicules personnels de policier (et même des camions) garés sur les trottoirs de la ville alors que des piétons, des "écoliers" sont contraints de marcher sur
    la route, livrés à tous ses dangers- (voir les photos sur le site en question). Je tiens à signaler que durant les interrogatoires, il a toujours été question de "photos"; on a jamais fait allusion à mon blog bien que mon calvaire en est directement lié. J'ajoute que lors de ces « séances », j'ai aussi rencontré des officiers opposés au traitement que mes détracteurs m'infligent sous prétexte sécuritaire.

    Qu'avez vous entrepris pour protester contre ce harcèlement ?

    J'ai adressé des courriers de protestations au wali de Blida, le Directeur général de la sécurité nationale, au Président de la République ainsi qu'aux associations algériennes (publique et privé) des droits de l'homme. Personne a ce jour n'a daigné répondre à mes doléances.