Sans avoir réellement vérifié, il semble que l'Algérie soit le seul pays au monde où les comités de soutien apparaissent avant l'annonce d'une candidature. Bouteflika, bien sûr, dont les comités de soutien fleurissent alors que lui-même ne s'est toujours pas défini par rapport à la présidentielle de 2014. Mais il n'est pas seul, des comités de soutien à Hamrouche ont récemment apparu alors que l'ex-chef de gouvernement, le plus audacieux sur les réformes, ne s'est officiellement pas présenté. Là où ailleurs, l'annonce d'une candidature est suivie de la mise en place d'un bureau de campagne, de la levée de fonds et de la structuration de groupes de soutien, tout se passe à l'envers en Algérie, en commençant par la fin.
Cette loi empirique des contraires amène une question : et si l'on était sur la bonne voie, mais que l'on se trompait simplement de sens ? Bouteflika était président avant l’élection, ce qui est un contresens, mais il a été réélu avant de se représenter. Les exemples sont nombreux. On dépense l'argent avant la loi de finances, on dilapide avant de générer, on enquête sur les corrompus après qu'ils se soient enfuis et les dénonciateurs de la corruption sont suspects avant d'être écoutés.
Les gouvernants utilisent des promesses futures comme bilans réalisés, on vote avant de connaître les programmes, on parle avant de réfléchir, on revend une voiture avant de l'avoir achetée et la majorité des Algériens(nes) rajoutent du sel dans le plat avant même d’y goûter. On torture des suspects après qu'ils aient avoué, mais on les juge avant qu'ils ne passent devant un tribunal. On épouse des femmes avant de les connaître et on les frappe avant qu'elles ne vous trompent, tout comme on parle d'héritage de la maison avant de la construire. Comment remettre tout cela à l'endroit ? C'est simple : il suffit de tout faire à l'envers. En quelques semaines, tout sera à l'endroit.