Pathétique coïncidence : c’est par un honteux scandale médiatique digne des pouvoirs bananiers que le régime algérien et Bouteflika célèbrent le 50è anniversaire de l’indépendance. L’affaire du journal Le Monde (cahier publicitaire payé par l’État algérien et par des entreprises publiques algériennes et maquillé en «supplément Algérie») vient révéler l’autre profil d’un pouvoir impotent et déconsidéré, essoufflé et gangréné par la corruption, effrayé par l’ampleur de sa disgrâce et par la lente et implacable chute dans le discrédit.
Voilà donc un exécutif qui, il y a dix ans de cela, se piquait de respectabilité internationale, que l’on entendait, grave et solennel, promettre un avenir de dignité et, ajoutait-il, d’amour-propre, la «izza» disait-il, et que l’on surprend, la main dans le sac – j’allais dire dans la «chkara», terme de circonstances - réduit à «acheter» une réputation auprès d’un journal français comme de vieux et riches gougnafiers, ploucs grabataires à la bourse bien garnie, s’achèteraient une réputation et quelques éloges auprès des filles de joie.
Le régime d’Alger a échappé aux printemps arabes mais pas son destin. Les autocraties tunisienne, égyptienne et libyenne ont eu la bonne inspiration de s’écrouler d’un coup, sous le poids de leur désuétude. Le pouvoir algérien, lui, a préféré dépérir en offrant au monde le spectacle de sa lente et inexorable déchéance. C’est sans doute cela, l’exception algérienne : la révocation et la dégradation. Nous inaugurons la longue saison des humiliations qui accompagnent la disgrâce des mikados vieillissants. La lente et implacable plongée dans le déshonneur ne fait que commencer.
M.B.