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bouteflika se «tue»

  • Bouteflika se «tue»

    L’Algérie est sans doute l’unique pays au monde où le président de la République est sujet à une récurrence de rumeurs sur sa mort. Cinq, dix, vingt fois ? On ne compte plus le nombre de vraies fausses alertes sur la prétendue dégradation de la santé de Bouteflika, ou carrément de sa mort clinique. Depuis son hospitalisation en 2005 au Val-de-Grâce à Paris, le chef de l’Etat a du mal à convaincre qu’il tient bien sur ses deux pieds. Ses silences et ses disparitions soudaines des caméras du 20h sont mécaniquement interprétés comme autant de signes de fatigue, ou plus grave encore, d’inaptitude à assumer ses fonctions. Il n’a presque pas le droit de prendre quelques jours de congé au risque de voir son acte de décès «réel» signé par des médias virtuels.
    Sept ans après l’intervention qu’il a subie, la rumeur – assez souvent de mauvais augure – ne l’a presque jamais quitté. Dernière séquence de ce feuilleton de mauvais goût, cette folle rumeur qui a fait le tour d’Algérie et même de certaines capitales du monde, vendredi, faisant état du décès du président Bouteflika. Le pays a été complètement remué par un blogueur qui a distillé son diagnostic à partir d’un bar genevois…

    Il n’en fallait pas plus à la blogosphère et aux réseaux sociaux pour répandre et démultiplier une vraie fausse information qui a littéralement explosé l’audience du petit blog.
    Les dégâts, hélas, ne s’arrêtent pas à cette quête éperdue de la vérité par des Algériens qui s’inquiètent légitimement des implications d’un éventuel décès du chef de l’Etat. Même les missions diplomatiques étrangères ont partagé ce «vendredi de l’angoisse» avec les Algériens.
    Et pour cause, un diplomate d’une capitale occidentale était d’autant plus crédule qu’il a remarqué l’absence d’images montrant l’ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, remettre sa démission au Président et son successeur Abdelmalek Sellal recevant sa nomination. Des facteurs renforçant le doute sur un Président qui a déjà disparu des radars de la République depuis des jours.
    Question à un dinar : à qui profite cette lancinante  rumeur ?

    Participe-t-elle de cette espèce d’action psychologique qu’entretiennent certains milieux pour affaiblir le chef de l’Etat et le disqualifier politiquement ? Ou alors s’agit-il d’une manœuvre tactique entreprise opportunément pour susciter un zeste d’affection populaire pour un Président qui en a tant besoin ? Difficile de le savoir tant les voies du système sont à ce point impénétrables. Il reste que Bouteflika continue de se «tuer» lui-même pour avoir conditionné les Algériens des années durant à une présence quasi obsessionnelle au JT de 20h. Pendant son premier mandat, il aura crevé l’écran. Désormais, il crève la Toile, non pas par sa présence mais par son absence.
    Et ce n’est certainement pas un démenti virtuel qui va effacer la faillite de la communication institutionnelle. Et dire qu’un petit bulletin médical comme celui que Barack Obama a publié sur son compte facebook aurait suffi pour tuer non pas le Président, mais la rumeur…

     

    Hassan Moali