Les affrontements qui ont duré toute la nuit de dimanche et la journée d’hier, entre les éléments de la Gendarmerie nationale et les habitants de Bordj Sabat, située à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Guelma, se sont soldés par la mort d’un père de famille et une vingtaine de blessés parmi la population.
Après la mort de la victime, des habitants ont réclamé hier dans la matinée une commission d’enquête. «Nous avons bloqué pacifiquement les axes routiers menant à Bordj Sabat pour attirer l’attention des autorités locales, car nous sommes sans eau depuis le début du mois de Ramadhan, mais contre toute attente nous avons été chargés par les brigades antiémeute de la gendarmerie avec usage de gaz lacrymogène», nous relatent des habitants.
Et d’ajouter : «Il y a eu mort d’homme ; la victime a reçu au visage une bombe lacrymogène à bout portant, alors qu’elle se trouvait à quelques pas de son domicile.» Un triste sort pour Souillah Miloud, un ex-militaire rescapé de la guerre israélo-arabe. Il n’est pas mort sur le front en Egypte, mais chez lui. Il a laissé une veuve et sept enfants orphelins. Hier, en début d’après-midi, les habitants de cette commune ont maintenu le blocus de leur agglomération.
C’est un village sinistré que nous avons découvert. Aucun magasin ouvert et le siège de l’APC a été fermé. Des barricades et des pneus brûlés sont visibles dans chaque coin de rue. Des personnes blessées au visage et aux membres racontent ce qui leur est arrivé. «La gendarmerie n’a pas fait dans la dentelle», nous dit-on. «Les jeunes ont été pourchassés jusque dans les domiciles», ont affirmé des témoins.
Au moment où nous mettions sous presse, les habitants réclamaient également la venue du wali de Guelma. En fait la population crie au complot. Un rapport erroné des services de sécurité aurait fait état de la mise à sac du siège de l’APC et de la brigade de la gendarmerie. Ce qui a conduit à une mesure répressive aveugle, concluent nos interlocuteurs.