«Le bon juge condamne le crime sans condamner le criminel.»
Sénèque
Nous vivons une époque formidable! Depuis le génocide rwandais et le procès contre Milosevic, nul dictateur n’est à l’abri d’un châtiment prononcé par un tribunal international. Tous les criminels de guerre sans exception? Non! Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés, après trois laborieuses conférences, ont créé le Tribunal de Nuremberg pour juger les criminels nazis accusés pour trois sortes de crimes:
- crime contre la paix
- crimes de guerre: «Assassinat, mauvais traitements ou déportation pour des travaux forcés, ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, assassinat ou mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, exécution des otages, pillages de biens publics ou privés, destruction sans motif des villes et des villages, ou dévastation que ne justifient pas les exigences militaires»
- crimes contre l’humanité: «Assassinat, extermination, réduction en esclavage, déportation et tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, avant ou pendant la guerre, persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux».
- Un tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient (Tmieo), qui a jugé les crimes commis par le régime showa (le régime impérial japonais), durant la Seconde Guerre mondiale Cela n’a pas empêché les pays colonialistes de commettre des crimes tout aussi condamnables durant les guerres de libération de certains pays du tiers-monde. Jusqu’à présent, aucun criminel ou tortionnaire n’a été condamné pour exactions commises durant ces «guerres qui n’osent pas dire leur nom». C’est la raison pour laquelle, la France a mis plus de trente années pour reconnaître l’état de guerre en Algérie. Bien auparavant, se sont constitués des «tribunaux d’opinions», organismes qui débattent, entre autres, des crimes de guerre. Le plus célèbre fut le Tribunal Russel, appelé aussi «Tribunal international des crimes de guerre» dont ceux commis par les Etats-Unis au Vietnam. Tous ces tribunaux internationaux sont, ou ont été, chargés de juger les personnes responsables de crimes commis dans l’ex-Yougoslavie, au Rwanda ou en Sierra-Leone. D’autres Etats comme l’Afrique du Sud ont préféré, pour favoriser la réconciliation nationale, organiser leurs propres procès. Mais ces procès ont émis des condamnations à l’encontre de personnes et non à l’encontre d’ États ou des organisations. Et puis la légitimité de certains de ces tribunaux, notamment la CPI, est remise en question par certains Etats ou gouvernements dont les Etats-Unis et Israël. Curieusement, grâce au veto américain et au puissant lobby sioniste, Israël a échappé à toute condamnation: même l’ignoble massacre de Sabra et Chatila, dont l’organisateur fut le sinistre Sharon, n’a pas ému la communauté internationale. Pourtant, les victimes de ces deux camps furent en majorité des femmes, des enfants et des vieillards. Après l’opération «Plomb durci» contre la bande de Ghaza dont tout le monde a reconnu l’extrême brutalité, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU avait désigné le juge Richard Goldstone, un magistrat sud-africain, pour établir un rapport sur l’opération militaire, lequel a remis ses conclusions le jeudi 15 septembre 2009 dans un document appelé «Rapport Goldstone» par les médias. Dans ce rapport, l’armée israélienne et le Hamas sont accusés d’avoir commis des «actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité». Or, ce premier avril, (est-ce un poisson), ce très crédible magistrat reconsidère son propre rapport et absout Israël de tous les faits qui lui sont reprochés. A-t-il reçu entre-temps la visite d’un ange qui lui a révélé la vraie vérité ou bien s’est-il aperçu que les 1400 morts innocents de Ghaza ont tous ressuscité, que les bombes qui pleuvaient sur la ville, les sirènes hurlantes conduisant des blessés et des morts vers un hôpital encombré, les immeubles détruits, les écoles rasées, n’étaient qu’une mise en scène hollywoodienne pour les besoins d’une superproduction...Peut-être que ledit Goldstone, contrairement à Hans Blix, précédera son rapport dans les poubelles de l’Histoire. La guerre contre Ghaza a été qualifiée «d’asymétrique», la position de la communauté internationale l’est aussi.
Selim M’SILI