el harga ya dido
Au moins six danseurs du ballet national algérien n’ont pas pris place, vendredi dernier, dans l’avion qui devait les ramener avec tous les membres de leur formation de Montréal à Alger, a-t-on appris auprès d’une source proche d’Air Algérie au Canada.
Après une prestation historique à Ottawa et Montréal dans le cadre du Festival du monde arabe, les danseurs du ballet national algérien devaient regagner Alger au bout d’une semaine de présence sur le sol canadien.
Mais les projets des jeunes danseurs, dont certains sont encore dans la vingtaine, étaient ailleurs que dans la prestation artistique aussi époustouflante soit-elle.
A Montréal, les officiels algériens préfèrent parler juste d’un « report » de la date de retour puisque les danseurs sont munis de visas leurs permettant un séjour de six mois au pays de l’érable.
Rien n’est moins sûr puisque ces jeunes avaient apparemment mûri leur projet dès l’annonce de la venue du ballet national à Montréal.
Bien que les responsables du ballet aient pris leur disposition en retenant les passeports des danseurs, ces derniers ont fini par s’éclipser en un scénario digne des défections du temps de la défunte Union soviétique.
La veille du retour du ballet, la tension était perceptible à l’hôtel ou il avait pris ses quartiers. Un va et vient de diplomates algériens qui avaient eu écho du projet de « harga » a été observé dans l’hôtel. Plusieurs tentatives de dissuader les danseurs ont été faites. Mais rien n’a pus arrêter ces jeunes dont la précarité en Algérie est inversement proportionnelle à leur talent et se mesure au salaire de 12 000 DA que certains percevaient comme employé du ballet.
« Je ne peux pas retourner en Algérie. Mes amis vont m’étriper. Ils vont m’en vouloir pour le restant de mes jours », a affirmé à El Watan l’un des « harragas » la veille de l’exécution de son plan tout en échafaudant d’autres aussi fous les uns que les autres pour récupérer son passeport : accéder aux chambres des responsables pendant leur absence ou le reprendre à l’aéroport lors de l’enregistrement des bagages, disparaitre dans la nature et contacter un avocat d’immigration pour régulariser ses papiers quel qu’en soit le prix. « On ne sort pas du paradis quand on y rentre. Et on ne revient pas en enfer quand on en sort», soutient-il. Sa jeunesse et sa détresse ne lui permettent, certainement pas, de savoir ou se trouve réellement l’enfer.
Certains des danseurs ont fait un saut chez un consultant en immigration sur la rue Jean Talon (Montréal). Il leur aurait même proposé de leur faire un prix de groupe pour les aider à s’établir au Canada. Avec tous les risques de se faire arnaquer.
Quoi qu’il en soit, personne ne se doutait mercredi dernier au théâtre Maisonneuve qui était archi-comble que les sublimes danses reflétant le riche patrimoine culturel algérien étaient exécutées par des jeunes en quête d’un ailleurs meilleur et que derrière cette fougue et cette « insolente » jeunesse sur scène se déroulait aussi un drame algérien.
Cette histoire renvoie à la face des dirigeants algériens toute la détresse dans laquelle se trouve un peuple pauvre qui vit dans un pays riche.
Toutefois, cette défection portera clairement préjudice aux futures délégations algériennes qui voudraient se rendre au Canada, quand on sait que ces jeunes ont obtenu leurs visas en un délai record vu les garanties obtenues par les autorités canadiennes.