Après le beau temps, la pluie. M. Ksentini a raison de s’énerver, l’Algérie est plus que jamais, aux yeux de tous, un pays corrompu où tout s’achète, une mairie, une décision de justice, un diplôme ou une place dans un cimetière. Mais ce n’est qu’un constat, l’avocat chargé de la défense du régime n’a pas expliqué comment peut-on appliquer ces mécanismes que d’autres pays ont trouvé pour combattre la pieuvre dont les tentacules repoussent quand on les coupe. Soupçonné par la justice de son pays d’avoir versé 200 millions de dollars à des cadres de Sonatrach à l’époque de Chakib Khelil, le patron de Saipem a été licencié, en attendant la suite de l’enquête. De l’autre côté de l’affaire, ces cadres qui auraient touché des pots-de-vin n’ont pas été inquiétés et personne n’a démissionné à Sonatrach. Il y a donc deux justices, celle qui traque le corrupteur et celle qui porte des lunettes sombres.
Il faut peut-être se rappeler que l’Italie, de tradition mafieuse, avait vu son système entier, politique et économique, totalement corrompu, mais a réussi en quelques années à nettoyer le pays et permettre à sa justice de s’autosaisir, comme dans le cas de Saipem. Pourquoi la justice algérienne ne s’autosaisit-elle pas ? Parce qu’elle est soumise à l’exécutif, un mécanisme très simple qu’il n’est toujours pas prévu de réformer. C’est dommage, car l’Algérie possède un nettoyeur affiché, en la personne de Abdelmalek Sellal, et des moyens humains et matériels suffisants. Comment aborder une pieuvre, sachant qu’elle est plus difficile à chasser qu’un petit vendeur informel ? Il n’y a que deux méthodes, la combattre de face en visant la tête, ou danser avec elle sachant qu’elle a huit tentacules et peut faire tourner la tête des meilleurs danseurs du pays. 100 jours après sa nomination, M. Sellal semble avoir choisi. Ce qui expliquerait que le soir, on entende de la musique au Palais du gouvernement.