Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

des chiffres et des leurres

  • Des chiffres et des leurres :faux et usage de faux de statistiques pour tromper tout le monde

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Les ministres s’étaient préparés à l’audition, l’un généralisant la carte “chiffa”, l’autre augmentant le nombre de couffins du ramadhan, un troisième gommant la pénurie de médicaments… Et à l’avenant.
    Nul ne sait en quoi consiste ce mystérieux rituel des auditions ramadhaniennes, sinon qu’elles se concluent invariablement par une diffusion d’un rapport sur les réalisations sectorielles ponctué par des instructions pour mieux faire après avoir si bien fait. Des auditions où il n’est pas question des sujets qui fâchent : si l’on s’en tient aux synthèses rendues publiques, le président n’a pas parlé de la crise financière qui secoue l’économie mondiale et ses éventuels effets sur les réserves de changes nationales, ni de la situation sécuritaire et des reports de mise en œuvre du passeport biométrique avec le ministre de l’Intérieur, ni de l’allongement des délais des chantiers avec le ministre des transports, ni d’autres problèmes du secteur avec le ministre de l’Énergie.
    L’étalage de chiffres fait office d’illustration de la conduite de l’œuvre de développement soutenu, même si l’opinion publique a fini pour se rendre compte de l’irréalisme des taux d’avancement et des prévisions en matière de réalisation. Le gouvernement lui-même a dû prévoir que près de la moitié du programme 2010-2014 sera consacrée à couvrir les réévaluations, les surcoûts et les retards sur les projets du programme précédent. Ce qui devrait nous convaincre que, pour être réels, eux, ces montants dépensés correspondent si peu aux réalisations qu’ils sont supposés refléter.
    Comme pour enrichir ce foisonnement comptable, le gouvernement vient de publier un bilan qui surprend par son irréalisme. On y apprend, par recoupement, que le chômage est pratiquement éradiqué, que les investissements directs étrangers se bousculent enfin au portillon de notre économie et que, sauf erreur de formulation, l’on peut construire 64 000 logements par semestre et même une centrale électrique en un semestre !
    Peut-être grisé par cette surenchère chiffrée, le ministre de l’Industrie vient d’annoncer que de nouvelles entreprises publiques vont être créées, avançant la promesse dont les promoteurs de l’industrie nationale ne se lassent décidément pas, malgré les déboires qu’elle a connus : celle du lancement d’une industrie de l’automobile. Le ministre a même découvert la formule pour doubler la production du secteur public : par “l’encouragement de l’investissement dans les entreprises publiques”, dit-il.
    Comment n’y avait-on pas pensé avant ? Pourtant si : à la SNVI, on a, en plus de l’argent, apporté même un carnet de commandes : elle n’a pas doublé sa production.
    Mais les démarches réelles semblent être ailleurs. Et c’est Benmeradi qui l’explique : “Dans les conditions particulières où l’État n’avait pas les moyens d’entretenir ces sociétés, il fallait les fermer.”
    Aujourd’hui, l’État a donc les moyens d’“entretenir” un secteur public et, finalement, de financer l’existence de ce secteur. Ce qui nous éloigne d’une vision économique.
    Ce n’est pas étonnant que l’argument de cette politique économique se résume invariablement aux chiffres des dépenses et qu’il faille recourir à des quantifications approximatives ou fictives quand il s’agit d’en exprimer les résultats.
    À la dépense comme stratégie, correspond une fiction arithmétique comme bilan.

    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr