Des secteurs réputés jusque-là pour leur stabilité font face aujourd’hui au vent de la protestation.
C’est le jour J. Les étudiants des universités et des grandes écoles passent à l’action. Ils observent un sit-in devant la Présidence de la République. «Le sit-in est maintenu. Nous allons nous adresser au premier magistrat du pays, car la situation est grave», a annoncé Yahia, membre de la coordination de l’université de Boumerdès, joint hier par téléphone. Il a assuré que la majorité des grandes écoles seront au rendez-vous. «Reste à savoir si les écoles qui ont repris les cours participeront», a-t-il précisé.
Qu’à cela ne tienne, les étudiants demeurent à l’avant-garde d’une protestation qui s’inscrit dans la durée. Les foyers de tension se multiplient. Ils touchent des secteurs qui, jusque-là, étaient réputés pour leur stabilité. Le temps des certitudes semble révolu. La société est en ébullition. Employés de l’APS, ceux du ministère de la Communication, les travailleurs du ministère de la Justice, les pompistes, les policiers radiés, les médecins résidents et les pompiers, de simples habitants de quartiers, des villageois sont au front. La fièvre a touché d’autres secteurs.
Hier, c’était au tour des travailleurs du Fonds national de péréquation des oeuvres sociales d’ouvrir un autre front de la colère. Ils ont observé un sit-in devant le siège de la direction nationale du Fonds, à Alger. «Nous avons renouvelé le bureau de notre syndicat relevant de l’Ugta. La Centrale refuse de nous donner l’agrément», témoigne un travailleurs du fonds, contacté hier par nos soins. Cette affaire sent le roussi. «L’Ugta refuse de nous octroyer le nombre de représentants des oeuvres sociales requis par son règlement intérieur. Ce quota se situe entre 5 et 9 représentants», soutient la même source. Le point nodal? La Centrale limite à ce syndicat la représentation à 5 membres seulement. «Ils veulent éliminer certaines figures qui dérangent», a révélé l’employé. Ses révélations prennent l’allure d’une véritable bombe à retardement. «Ils veulent maintenir notre syndicat en veilleuse, car ils ont peur que la lumière soit faite sur la fameuse liste de logements concernant les travailleurs d’Alger», a-t-il martelé. Il a expliqué que cette liste devait être faite à partir d’une nomenclature établie sur la base du nombre de points accordés aux employés. «Le favoritisme a prévalu dans cette affaire, à tel point que des personnes ayant plus de 80 points ont été déclassés au profit de ceux qui en totalisent la moitié», accuse-t-il. Le même travailleur affirme que cette affaire est en justice. Passe-droits, laxisme de l’administration et mesures impopulaires font le lit de la protestation. Les manifestations s’élargissent au fil des approximations des pouvoirs publics. Elles mettent l’Exécutif dans une situation délicate.
La réunion du gouvernement, prévue demain, se tient dans un contexte particulier. C’est le mardi de la contestation. Résidents en médecine et sapeurs-pompiers se sont donné le mot.
Les résidents ont décidé de paralyser les centres hospitalo-universitaires. Cette résolution a sanctionné la réunion des délégués nationaux des médecins résidents, tenue vendredi, à Alger.
«Suite à la réunion nationale du Collectif autonome des médecins résidents (Camr), les délégués nationaux ont voté, à l’unanimité, la tenue d’une grève nationale de deux jours», a indiqué un communiqué du Camr, diffusé à la fin de cette assemblée. Les résidents comptent rester sur la lancée de leur démonstration de force du 7 mars dernier. Ce jour-là, un «tsunami blanc» a déferlé sur l’hôpital Mustapha-Pacha. Le White Monday a été, en ce sens, une réussite totale.
Le vent de la protestation souffle sur un autre brasier: la Protection civile. Les soldats du feu haussent le ton.
«Nous, agents de la Protection civile, en mouvement, dénonçons fermement l’avant-projet du statut particulier des agents de la Protection civile élaboré d’une manière unilatérale», lit-on dans un communiqué de L’Union nationale de la protection civile, présidée par Mourad Tchiko. Les sapeurs-pompiers tiennent une réunion demain. Ils arrêteront ainsi, le plan d’action à mener. Une chose est sûre: la bombe sociale risque d’exploser à tout moment.
Mohamed Sadek LOUCIF