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  • LE PRÉSIDENT DU CONSEIL NATIONAL DE LA RASD AU SOIR D’ALGÉRIE «L’armée marocaine est impliquée dans le trafic de drogue»


    Khatri Heddouh, président du Conseil national (parlement) de la RASD (République arabe sahraoui démocratique) est sûr de lui : il affirme en effet que l’armée marocaine est impliquée dans le trafic de drogue et ses services secrets sont partie prenante dans la création d’un groupe terroriste. Sur le volet politique de la résistance du peuple sahraoui contre la présence marocaine au Sahara occidental et Rio de Oro, le numéro un du CN de la RASD constate que, désormais, le rapport de force tant au niveau régional qu’international a changé en faveur de son peuple. Lors de son passage, ce mardi, à Boumerdès pour animer une conférence devant les participants à la quatrième université organisée dans cette ville en direction des cadres de la RASD et le Polisario, nous lui avons posé quelques questions. Écoutons-le.

    Le Soir d’Algérie : Monsieur le président, les observateurs qui suivent la question du Sahara occidental constatent que les négociations entre le Royaume du Maroc et le Polisario sont à l’arrêt pour ne pas dire dans l’impasse. A quoi cela est du ?
    Khatri Heddouh : C’est parce que nous étions dans un processus dans lequel deux options étaient posées sur la table de négociations : celle du Polisario et celle du Maroc. Après 14 rencontres officielles et informelles avec la partie marocaine, nous avons fait le constat que la proposition marocaine ne pouvait pas être une plateforme des négociations pour une solution. Partant de ce constat le Maroc a tenté de se retirer des discussions pour ensuite les contrarier.

    Lors de votre intervention devant les cadres de la RASD et du Polisario, vous avez dit que la cause de votre peuple aborde un tournant décisif. Expliquez-nous.
    Effectivement, nous suivions depuis 2000 jusqu’à 2006 une situation de tassement du problème sahraoui. Entre 2007 et 2011, l’on a tenté de nous imposer la solution marocaine.
    Ce dernier processus, à savoir le forcing pour imposer la vision marocaine est arrivé à sa fin. Présentement, grand nombre d’institutions internationales et de responsables politiques ont acquis la conviction que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui doit être respecté.
    De plus ces instances et responsables pensent que le meilleur moyen d’y parvenir serait le référendum d’autodétermination permettant à notre peuple de faire son choix sur sa destinée. En effet la problématique du Sahara occidental est posée désormais sur la scène internationale en termes de choix politique et sur le plan du respect du droit. Nous constatons également une relative évolution positive des USA et une légère modification du discours politique de la France par rapport à la question du Sahara occidental.
    Il y a également la nouvelle exigence de l’Union africaine sur l’accélération du processus de l’organisation du référendum. Enfin, la question du Sahara occidental est posée en termes de respect des droits de l’Homme et de la préservation de ses richesses. Même si le rapport de force n’a pas changé de manière radicale, des indices indiquent que ce changement avance bien.

    La question sahraouie n’avance pas au sein des médias mondiaux. De plus, on a l’impression que la jeunesse sahraouie ne joue pas son rôle pour transposer la cause de son peuple au sein de l’opinion publique mondiale. A quoi est-due cette faiblesse ?
    Il y a d’indéniables efforts accomplis ces dernières années dans ce domaine de l’information. Sans les Sahraouis qui ont exploité les technologies de l’information et de la communication disponibles, nous n’aurions pas des témoignages réels sur la répression de la part des services de sécurité marocains dans les territoires occupés contre nos compatriotes. Dernièrement des médias importants, américains notamment, montrent plus d’intérêts et commencent à rendre publics des reportages. Faire passer son message est une affaire de militantisme et de persévérance.

    Les responsables marocains et certains de leurs alliés disent que le peuple sahraoui n’a pas les moyens de créer et de gérer un nouvel Etat. Quelle est votre réponse ?
    Depuis le début du conflit, c’est le même discours qui est réitéré. Fort heureusement, l’expérience a démontré depuis 38 ans que les Sahraouis gèrent leurs problèmes soit dans les territoires libérés soit dans les camps de refugiés.
    Ceci est rendu possible grâce à la mise en place d’institutions et de structures spécialisées dans chaque secteur notamment les volets social, éducatif, politique, administratif, électoral ainsi que les problèmes basiques des citoyens. C’est cette gestion et la bonne gouvernance qui font que la confiance de notre peuple dans la résistance contre l’occupant s’élargisse davantage.

    Pouvez-vous nous dire plus sur l’identité culturelle du peuple sahraoui que vous avez abordée dans votre intervention ?
    Il y a beaucoup de choses à dire sur cette identité, elle est sahraouie spécifique qui s’est libérée de la tentative du Maroc de l’occulter. Le Maroc a, en effet, tenté d’utiliser la culture sahraouie dans les territoires occupés pour la dépouiller de son âme et la marginaliser. Nous avons de notre part dû conserver l’armature de notre identité culturelle à travers la langue, les us, la pensée et la création. Nous organisons régulièrement des activités culturelles pour maintenir cette dynamique.

    Tout à l’heure, vous avez affirmé que les services de sécurité du Polisario ont commencé à capturer des trafiquants de drogue et à saisir des quantités de stupéfiants. Expliquez-nous.
    Dans le cadre de la campagne protégée du Maroc et pour compenser la crise de la rareté des financements externes, il se livre effectivement à un immense trafic à travers une compagne d’exportation d’une plus grande quantité possible de kif notamment. Comme l’Algérie fait face à cette campagne, nous faisons également face à une campagne particulièrement dans les territoires occupés, sur la ligne du mur de protection.
    Par ailleurs, nous avons les preuves que les services de sécurité singulièrement les officiers des FAR (Forces armées royales ndlr) sont impliqué dans ce trafic. Est-il normal que dans un territoire d’une largeur de 20 kilomètres, qui plus est, est occupé par une ligne de soldats déployés, que des trafiquants y passent sans être vus avec en plus, plus de 300 kilogrammes de kif ? Il est impossible de ne pas les voir, sauf si pour des raisons de partage des bénéfices, les officiers des FAR ferment les yeux . Ces informations et les témoignages des trafiquants sont disponibles.

    Vous avez dit que les services secrets de l’armée marocaine ont créé un groupe terroriste. Comment et pourquoi ?
    Il est question du groupe terroriste du Mujao. Au départ de la création de ce groupe, il y a eu l’enlèvement, en 2010, des membres de la société civile européenne dans les camps des refugiés sahraouis. Avant cette date, ce groupe n’existait pas. Les services secrets marocains l’ont créé et infiltré essentiellement pour semer la discorde entre les peuples sahraoui et algérien.
    Ce mouvement, tout le monde le sait, a perpétré l’action terroriste à Tamanrasset et d’autres actions aussi bien en Algérie qu’au niveau des pays du Sahel.
    Ce n’est pas nous qui le disons, ce sont par contre d’autres parties qui le confirment. Par ailleurs, certains groupes armés activant au nord du Mali se déplacent au Maroc. Beaucoup de gouvernements disposent de ces informations.
    Entretien réalisé par Abachi L.