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diffamation

  • Un citoyen interné en psychiatrie pour avoir diffamé Bouteflika

     


    Pour avoir diffamé le président Un citoyen interné dans un asile

    El Watan le 18.02.12

     

    Soumis en octobre 2009 à un traitement dans un hôpital psychiatrique pour avoir diffamé le président de la République, le citoyen Cherif Ouchen fait de nouveau l’objet d’un internement, cette fois à l’hôpital psychiatrique de Blida et pour la même raison. La seule différence est que cette fois il n’y a pas eu de jugement. Ouchen, 53 ans et père de 5 enfants, a été interpellé chez lui par des gendarmes le 6 novembre 2011. Il a été transféré à Aïn M’lila, ensuite à Constantine avant d’atterrir à Blida. Sa famille n’a eu de ses nouvelles qu’au bout de quelques jours. Il ne sait pas pourquoi il est gardé dans cet établissement, son fils, Massinissa, affirme qu’il ne souffre d’aucune maladie psychiatrique. «C’est depuis le 9 novembre que je suis interné en cure libre. On refuse de me libérer prétendant attendre les ordres du DRS. Je suis interné et torturé moralement pour avoir juste revendiqué le droit à une vie humaine, mon épouse, mes 5 enfants et moi. Nous vivons comme des SDF», a-t-il confié à El Watan par téléphone. Son fils, qui lui a rendu visite voilà quelques jours, s’est heurté à une fin de non-recevoir de la part du médecin-chef qui a refusé de le rencontrer toujours sous prétexte qu’«il lui faut une autorisation de la part du DRS !». Il est fort probable que les deux puissent se tromper sur l’identité de l’autorité qui se charge de ce cas, mais quoi qu’il en soit, Ouchen est retenu contre son gré, alors qu’il n’existe aucune raison pour que son internement se prolonge, affirme maître Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH). L’avocat, qui s’est entretenu avec Ouchen, a déclaré à El Watan qu’il compte engager une procédure pour que ce citoyen retrouve sa liberté. Retour sur la genèse de l’affaire. Fin de l’été 2009, Cherif Ouchen, et après avoir épuisé tous les recours, y compris les tribunaux, a écrit au président de la République lui expliquant qu’il a été privé de son emploi suite à la dissolution de l’entreprise communale où il était employé, et qu’il a été exclu du paiement des indemnités de départ. Ses sollicitations demeureront lettre morte. En désespoir de cause, il adresse une deuxième lettre où il livre le fond de sa pensée sans prendre de gants avec le système politique et tous ses symboles. Cela lui coûtera un premier procès, mais le pouvoir, gêné sans doute par la médiatisation de l’affaire, fini pas rengainer et limite la sanction à un internement de deux semaines pour dérèglement psychologique que Cherif récuse. Réduit au chômage, Cherif gagnait sa vie comme écrivain public dans son village de Aïn Kercha dans la wilaya d’Oum El Bouaghi. Instruit mais marginal, il finit par sombrer dans un profond désespoir. En novembre 2011, il récidive et adresse un nouveau courrier au président de la République, le SG du FLN, ceux du RND et de l’ONM, le ministre des Moudjahidine et enfin «aux traîtres de la nation algérienne». «Cessez de vous comporter en béton», «l’heure de la vérité a sonné», écrit-il entre autres, en développant une critique irrévérencieuse. C’est cette lettre qui est à l’origine de son internement actuel. La seule forme de violence dont fait preuve Cherif, ce sont ces écrits provocateurs dont il ne peut être tenu responsable, soutien Me Ghechir. S’agit-il de la nouvelle méthode du pouvoir pour faire taire les critiques ?

    Nouri Nesrouche