Un gouvernement, qui n’a pas d’oreille pour écouter, n’a pas de tête pour gouverner », cette sentence émane de Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière.
Ce dernier a rencontré, hier, tous les syndicats du secteur et leur a fait part de sa volonté de privilégier la voie du dialogue et de la concertation en vue de trouver, ensemble, des réponses « concrètes », « réalistes » et « pertinentes » à même d’œuvrer à la réhabilitation de l’ensemble des personnels du secteur de la santé. Face aux dix-sept syndicats, toutes spécialités confondues, activant dans le secteur de la santé, M. Ould Abbès s’est engagé à prendre en charge toutes les revendications légitimes du corps médical.
Une crise et des turbulences
Il a reconnu ouvertement que le secteur vit une crise grave et connaît depuis plus de trente ans des turbulences : « Ma mission consiste, entre autres, à écouter et résoudre vos problèmes. Ma carrière politique est derrière moi, donc je n’ai pas d’autre objectif, à part celui de gérer un secteur qui est ma famille d’origine. » Peiné de voir les médecins revendiquer vainement leurs droits, M. Ould Abbès a promis de renforcer la dignité des praticiens et de l’ensemble des personnels du secteur : « Je ne veux plus voir les blouses blanches manifester dans la rue.
La préservation de la dignité des patients doit rester au cœur de nos préoccupations communes. Le respect du patient et du praticien vont de pair et la dignité du praticien et celle du patient vont également de pair. »Pour gagner la sympathie du partenaire social, M. Ould Abbès joue toutes ses cartes : « En tant que ministre de la Santé, membre d’une équipe gouvernementale, je me dois d’être à vos côtés, de vous soutenir et de vous accompagner pour l’obtention de vos droits légitimes dans le cadre bien compris des lois fondamentales qui régissent notre pays, sachant que seul le Coran est immuable. »
Le nouveau ministre est donc prêt à révolutionner le secteur de la santé. Il promet monts et merveilles et compte réaliser ce que ses prédécesseurs – « ô combien ils étaient nombreux » – n’ont pas pu faire. M. Ould Abbès va réviser la loi sanitaire, il promet la refondation de la doctrine de prévention médico-sanitaire, l’élaboration de la nouvelle carte sanitaire nationale, la détermination des besoins de formation des praticiens médicaux spécialisés de santé publique, les besoins en personnels paramédicaux ainsi que le développement, l’organisation et la normalisation des services de réanimation médicale au niveau national et également une politique nationale du médicament, qui passe par l’encouragement et le soutien à la production locale, afin de réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger. Les partenaires sociaux seront associés à part entière, selon le représentant du gouvernement, à toutes les questions en rapport avec le système national de santé et son développement futur.
« J’instaure le dialogue. De mon côté, il n’y aura aucun diktat et de votre côté, il n’y aura ni chantage ni imposition. Nous allons, ensemble, trouver des solutions à tous les problèmes », a lancé M. Ould Abbès à l’adresse des syndicats. Le ministre revendique un respect mutuel et veut surtout rétablir la confiance entre son département et le corps médical dans son ensemble.
Par ailleurs, le ministre a annoncé le rétablissement de la prestation de serment au cours d’une cérémonie solennelle pour mieux souligner la noblesse de la mission de chaque lauréat. Il parle aussi de l’humanisation des hôpitaux. De l’avis du ministre, une enveloppe colossale a été débloquée par le gouvernement pour le secteur de la santé : « Nous avons les moyens matériels et techniques.
Il nous appartient seulement d’exploiter judicieusement le gisement de productivité disponible pour proposer des soins adéquats et de niveau appréciable. Nos malades doivent être pris en charge et traités en Algérie. » Notons que la réunion d’hier était un contact inaugural, qui sera suivi d’une série de rencontres restreintes avec les représentants de chaque corps spécifique. Ces rencontres débuteront dimanche. Au menu également, une réunion avec les professionnels du médicament, tous secteurs confondus, public et privé.
Par Nabila Amir