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draham la hrame

  • Dépuis années poques 1980 c'est voulu, pc'est fait expres pour endormir le peuple , ya pas de douanes, tous sont corrupus, l'argent de pacotille et de singe ,il marche à euro.

    Le dinar en péril

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    De France… en Chine, en passant par l’Italie et la Syrie, le dinar algérien est devenu malgré lui une «devise» très convoitée. Acheminés dans des containers par des importateurs qui utilisent divers procédés de dissimulation, les faux-billets menacent aujourd’hui l’économie algérienne.
    Enquête sur un business nommé dinar.

    Il prend en main la pile de billets et en tire l’un d’eux du milieu. Il observe les marques de sécurité, tâte le billet pour vérifier la texture du papier, sa finesse et son poids, regarde le filigrane à la lumière, les numéros de série, touche du pouce le fil de sécurité intégré dans la tranche du billet et détaille la signature du gouverneur ainsi que celle du directeur du Trésor. C’est un boulgroun, un bou3achra, un billet de 1000 DA, objet aujourd’hui de toutes les suspicions. Depuis quelques semaines, la psychose s’est installée, dans un pays où l’économie parallèle représente 40% de l’économie nationale, là où les gouvernants ont de la peine à imposer les transactions par chèque. Certains marchés où transitent de grosses quantités d’argent liquide sont bloqués, à l’image de celui du mouton à l’approche de l’Aïd (voir page 6). Catastrophe nationale. La cause ? Les faux billets de 1000 dinars qui inondent le pays de la chkara depuis quelque temps. Si les faux billets existent depuis longtemps et les méthodes de contrefaçon sont nombreuses, les derniers billets sont quasi-parfaits, indétectables aux UV des compteuses de billets de dernière génération. Et pour cause, ce sont de faux billets imprimés sur du vrai papier destiné à la Banque d’Algérie.


    BRAQUAGE à LA MARSEILLAISE


    30 novembre 2006, quartiers nord de Marseille. Sur l’autoroute A7, qui longe Arnaveaux, à l’aube, un camion est braqué selon une minutieuse préparation. Les 20 tonnes de marchandise sont volées et les mystérieux malfaiteurs disparaissent dans la nature. Les services français et algériens se mettent immédiatement en alerte, car ce n’est pas n’importe quelle marchandise. En provenance d’Allemagne, le camion transportait 44 rouleaux de papier fiduciaire pour imprimer des billets de banque à destination d’Alger et la Banque centrale. Chaque rouleau pèse 500 kg, fait 7 km de long et peut imprimer 500 000 billets de 1000 dinars algériens. Ce papier est dit de haute sécurité parce qu’il contient déjà les trois marques de sécurité papier, le filigrane, la trame et le fil argenté incorporé. Après une longue enquête européenne et la collaboration d’Interpol, de la Police judiciaire marseillaise, l’Office central de répression du faux monnayage et la Garda des Finança italienne, une partie des rouleaux est retrouvée en janvier 2009 dans un atelier clandestin à Naples, en Italie, où 345 000 billets de 1000 faux dinars sont saisis, fabriqués à l’aide de plaques offset et d’un rouleau du fameux papier. Dans la foulée, une autre partie de la filière est démantelée, une imprimerie clandestine dans le 3e arrondissement de Lyon, en France, en possession de trois rouleaux issus du braquage de Marseille. Fin 2009, la police française assure que le réseau est démantelé et l’affaire des rouleaux classée. Sauf que tous les rouleaux, à l’origine au nombre de 44, n’ont pas totalement été retrouvés. Où sont-ils ?


    LA QUêTE DES ROULEAUX SACRéS


    Décompte fait, après les arrestations et pertes, il manquerait une vingtaine de rouleaux, soit de quoi fabriquer encore des millions de billets de 1000 DA. Mais tout n’est pas aussi simple. Le papier en poche, il faut encore une très bonne imprimerie et de bons experts pour apposer les autres marques de sécurité directement sur le papier et un informaticien sérieux pour marquer des numéros de série crédibles. Si les premiers rouleaux, volés en 2006, ont certainement mis du temps à être utilisés – les imprimeries ont été démantelées en 2009 –, personne ne sait vraiment combien de billets en sont sortis. En tout état de cause, depuis les arrestations de l’année dernière, les rouleaux, trop sensibles, étaient en dormance, en attendant d’être vendus ou utilisés par des spécialistes. Sauf que depuis quelques mois, n’importe quel malfrat à Marseille propose des faux billets de 1000 DA, quasi-parfaits, pour 4 fois moins que leur valeur, 4 millions de faux dinars pour 1 million de vrais dinars, à charge pour l’acheteur de les convoyer en Algérie ou ailleurs. Les rouleaux sacrés ont donc recommencé à être utilisés et les autorités algériennes viennent de saisir leurs homologues français pour arrêter l’hémorragie des faux billets ayant été retrouvés à Annaba, Alger, dans le Sud et même en Tunisie. Les filières s’organisent et les billets circulent dans des containers venus d’Europe, de Chine ou même d’Egypte. D’autres sources affirment que ce sont les fameux rouleaux volés qui sont vendus, ils ont voyagé et ont été utilisés dans des imprimeries implantées dans d’autres pays où la police est moins vigilante. Pour contrer ce phénomène, l’Algérie a commandé de nouvelles compteuses de billets pour détecter la fausse monnaie qui afflue déjà dans les caisses des banques nationales. En attendant de retrouver les rouleaux, s’ils n’ont pas déjà été utilisés.


    LA CHINE, COUPABLE IDéALE


    Depuis l’apparition de ces faux billets, certaines sources ont accusé la Chine d’être derrière la production et l’acheminement des faux 1000 dinars, pays réputé dans l’entendement commun pour toutes ses malfaçons et contrefaçons. Ce qui est loin d’être sûr, la Chine fabrique des pièces, «de la quincaillerie», comme l’explique un spécialiste, de la monnaie algérienne mais en pièces de 100 dinars, acheminées par des importateurs algériens dans des containers d’autres marchandises. A l’achat, en Chine, la pièce de 100 dinars en coûte 11, pas de quoi faire vraiment fortune, mais c’est un plus. Ce qui est sûr par contre, c’est que de par la qualité des faux billets de 1000 dinars actuellement en circulation, ça ne peut être que les rouleaux sacrés de Marseille qui ont refait surface et sont utilisés. «La faute à la Banque centrale algérienne», explique encore ce spécialiste : «Dès le braquage de Marseille, il y a quatre ans, elle aurait dû changer les billets.» Aujourd’hui, quatre ans plus tard, elle se plaint. Pour des raisons encore obscures, la Banque centrale n’a pas jugé utile de changer les billets, se contentant d’y ajouter quelques marques de sécurité, à l’impression.
    Y en a-t-il assez ? Le billet de 1000 dinars algériens comporte une dizaine de marques de sécurité, entre celles, originelles du papier allemand, et celles liées à l’impression, qui se fait à Alger. A titre de comparaison, l’euro compte une soixantaine de marques de sécurité et la livre sterling ou le dollar plus d’une centaine. La sécurité n’a pas de prix. Petite note amusante ? Les nouveaux (vrais) billets de 1000 dinars sont signés de Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie. Mais il y a des billets de 1000 (vrais) encore en circulation, signés de Keramane, l’ancien gouverneur. Il est en fuite, en Europe, condamné par contumace à vingt ans de prison dans l’affaire Khalifa, mais ses billets circulent toujours, au même prix. Attention donc à la paranoïa, un billet de 1000 dinars, même signé d’un condamné, est quand même un vrai
    billet.

     

    Une marchandise nommée dinar

     

    Des dinars importés de Chine ! Une information reléguée, au départ, à un simple fait divers, «mais l’affaire est sérieuse, non seulement la monnaie nationale est menacée, mais il y va de la sécurité nationale», avertit un officier de la brigade économique de la gendarmerie. En 2006, ce sont de fausses pièces de 100 DA, fabriquées en Chine qui ont été écoulées dans le marché, découvertes suite à la saisie, au port d’Alger par les douaniers, d’un container remplis de cartons de fausses pièces. Le faussaire n’est autre qu’un commerçant d’El Eulma. Depuis, d’autres opérations d’acheminement de faux billets ont été signalées par les services douaniers, à partir notamment de la France et de l’Italie. Depuis juillet dernier, les banques sont en alerte maximale. Elle a été donnée de Annaba quand un caissier, en clôturant ses comptes, découvre quelque 36 millions de centimes en coupures de 1000 DA versés au Trésor public. Il y a environ trois semaines, les services de sécurité ont démantelé, dans la wilaya de Annaba, un vaste réseau de faux-monnayeurs, qui s’étend jusqu’à Biskra, avec à leur tête un importateur très connu dans la région. Les faux billets trouvés chez les membres du réseau, selon leurs déclarations, proviennent de Chine. «Ces faux billets sont indétectables même avec les machines à ultraviolet», assure une source à la Banque d’Algérie. Pour l’instant, le montant qui aurait été coulé dans les marchés de la région Est, notamment dans les marchés de Tadjnent, Ferdjioua ou El Eulma, n’a pas été révélé.


    La piste des importateurs


    Les services de sécurité ont multiplié les investigations dans le milieu des affaires algérois, où, selon des informations, certains importateurs seraient impliqués. «Nous sommes, grâce à la collaboration de certains importateurs, arrivés à assembler les éléments du puzzle de ce vaste trafic, mais nous sommes au stade de l’instruction et, ce, en collaboration avec plusieurs services algériens et étrangers.» Plusieurs importateurs, connus pour leur proximité des cercles décisionnels et installés pour la plupart à Dubaï, évoquent l’implication «d’autres importateurs, notamment des députés-hommes d’affaires, aidés par des trabendistes spécialisés dans l’importation de téléphones portables de Chine». Une connexion que l’un des enquêteurs confirme : «Oui, nous avons pu identifier des personnes influentes, mais nous ne pouvons rien faire, ça se passe en haut lieu.» Certaines sources citent une Chinoise connue dans les milieux d’affaires algérois, installée, elle aussi, à Dubaï, qui aurait proposé à plusieurs importateurs le business de la fausse monnaie. Ces derniers auraient marché dans la combine.


    Trafic à Dubaï


    «Des barons de l’importation souffrent actuellement suite à la campagne anticorruption prônée par l’Etat, leur business est depuis des mois asphyxié, ils n’ont plus de liquidités pour assurer leurs affaires, la solution pour eux est l’introduction de faux billets, en contrôler le trafic et continuer le transfert illicite d’argent avec ces faux dinars à défaut de vraie liquidité», analyse une source sécuritaire. Un importateur ira jusqu’à révéler les prix proposés et le procédé d’acheminement : «Le faux billet de 1000 DA nous est proposé pour 1 euro, selon la commande, le fournisseur assure une qualité indétectable du billet de banque ainsi que sa livraison jusqu’en Algérie en utilisant divers  procédés de dissimulation.» Les Chinois ne seraient pas les seuls impliqués, à en croire ces importateurs. «Depuis quelque temps, un Syrien propose la fourniture de faux billets à des trabendistes algériens dans les hôtels qu’ils fréquentent à Dubaï», assure une source. Le trafic, malgré ses proportions actuelles, a encore de beaux jours devant lui. Selon une source militaire, il s’agit du stade «expérimental» du business, avant «l’écoulement dans un proche avenir d’une quantité importante de fausses monnaies dans le marché algérien». L’Algérie fait l’objet, présentement, d’une attention particulière de certains réseaux, car elle reste parmi les rares économies au monde caractérisée par une surliquidité dans ses marchés et qui n’adopte pas dans ses transactions des méthodes électroniques. «L’Algérie est la cible idoine», avertit l’officier de la Gendarmerie nationale.  

     

     

    L’avis des experts : l’effondrement du dinar n’est pas à écarter

     

    «Un milliard de dinars en fausses «vraies» coupures dans les banques, plus de 20 milliard de dinars circulent sur le marché : le dinar est en danger !»  s’alarme une source à la Banque d’Algérie. L’explosion du phénomène des faux billets, selon plusieurs sources, menace l’ensemble de l’économie nationale. Si dans tous les pays du monde, il existe des faux-monnayeurs, la proportion du danger par rapport à la masse monétaire en circulation reste relativement faible du fait de l’extension des transactions électroniques (cartes bancaires, etc.). Chez nous, le trafic de la fausse monnaie, avec ses ramifications internationales, «commence à prendre des proportions dangereuses, menaçant la sécurité nationale», indique Abderrahmane Mebtoul, expert international en économie. La possibilité de la prolifération des faux billets est d’autant plus facilitée dans une économie où le cash  prédomine. «Le citoyen doit garder chez lui du liquide et la majorité des segments de l’économie fonctionne sur des principes en dehors du droit tel que défini par l’Etat», explique Mebtoul . Et de poursuivre : «En Algérie, l’extension de la fausse monnaie trouve un terrain propice du fait que, souvent, bon nombre de segments du secteur d’Etat exigent du liquide et 75% des importations en 2009 se sont faites en cash. Surtout que  la sphère informelle, produit de la  bureaucratie et des dysfonctionnements des appareils de l’Etat, contrôle 40% de la masse monétaire en circulation.»


    Valeurs refuges


    En plus, avertit Mebtoul, cette situation crée une véritable psychose chez les Algériens lambda avec des répercussions plus importantes : «Les ménages vont revenir à des valeurs refuges, comme l’or ou certaines valeurs immobilières.» Ce qui peut conduire, selon le même expert, à l’effondrement de l’économie. Parce que «on dévalorise ainsi toute création durable de la richesse dont la monnaie est le support, tout en alimentant une inflation incontrôlée, donc une détérioration du pouvoir d’achat des ménages». Comme effet d’entraînement dû à cette situation : la spéculation. «La base de fonctionnement de toute économie reste la confiance.

    La généralisation de faux billets, selon la loi de Gresham - la mauvaise monnaie chassant la bonne - risque  de conduire le pays au chaos», alerte Abderrahmane Mebtoul. A terme, poursuit l’expert de la Banque d’Algérie : «On sera dans l’obligation de procéder immédiatement au retrait des billets de banque de la circulation avec comme éventualité leur remplacement par de nouveaux billets.» Cela entraînerait une cessation dans l’alimentation en liquidités des guichets postaux et des banques. Ce qui pourrait expliquer la crise de liquidités que connaît le pays depuis plus d’un mois. «La Banque d’Algérie a procédé depuis quelque temps à la vérification des liquidités provenant des banques et de la poste, il s’agit en effet d’une masse très importante. La Banque d’Algérie ne peut pas prendre le risque d’injecter, notamment à la veille de l’Aïd où la demande est forte, des sommes importantes si elle n’arrive pas à authentifier ses billets avant leur livraison», révèle notre source à la Banque d’Algérie. Face au péril, la Banque d’Algérie observe un étrange silence.

    Alors que le scénario de l’Etat du Bahreïn n’est pas à écarter. Cette monarchie pétrolière a connu en 1997 la plus grosse affaire de contrefaçon monétaire du XXe siècle, dirigée par des chefs d’Etat africains, managée par des faux- monnayeurs argentins, puis relayés par un réseau marocain. En catastrophe, le Bahreïn a décidé de démonétiser sa coupure de 20 dinars et une autre d’une valeur de 55 dollars, évitant ainsi l’effondrement de son économie. «Dans le cas où la situation persiste, la Banque d’Algérie devrait opter pour la démonétisation des billets objets de contrefaçon, et par conséquent, c’est l’économie de l’Algérie qui sera paralysée durant des mois, car il ne s’agit pas d’une mince opération ordinaire», explique notre source, ajoutant : «L’effondrement du dinar, déjà faible, n’est pas à écarter aussi.»     








     

     

    chawki amari et Zouheir Aït Mouhoub