Accord Algérie-UE : échec économique, succès politique !
Par : Mustapha Hammouche
Faudrait-il donc considérer la remise en cause de l’accord d’association avec l’Union européenne en 2002 et entré en application en 2005 comme une victoire nationale ?
Sans être certains de bien traduire les termes des accords, nous pourrions résumer les effets attendus de cette convention à ceci : assurer, par le principe de réciprocité, des avantages tarifaires aux entreprises nationales capables d’exporter vers l’Europe ; inciter les entreprises européennes intéressées par le marché algérien à investir en Algérie et à s’impliquer dans des initiatives de partenariat avec les opérateurs locaux.
En déclarant, avant-hier, que “nous considérons que l’objectif assigné à ces négociations a été atteint et qu’il restait maintenant à valoriser cet acquis dans les politiques sectorielles, et particulièrement dans la stratégie de développement de l’entreprise algérienne”, Mustapha Benbada insinue que ce répit de trois ans pourrait suffire à la mise à niveau des entreprises algériennes et à porter la structure des échanges algéro-européens (hors hydrocarbures) à un niveau plus équilibré. Ce qui n’aurait pas pu se faire en quinze ans (2002-2017) pourrait donc se réaliser en dix-huit ans (en y ajoutant les trois années de sursis) !
Seraient-ce les “politiques sectorielles” et “les stratégies de développement d’entreprises, ou leurs défauts”, qui seraient en cause dans le sous-développement industriel ? Non, il paraît plutôt clair que c’est le rapport de l’État au marché qui piège le décollage industriel et managérial de l’entreprise. Un État qui ne sait pas s’il est régulateur ou opérateur, si l’entreprise est un instrument de développement ou un acteur politique, a fini par livrer le marché à l’informel et à l’invasion des produits de contrefaçon… et l’entreprise à la fantaisie de la bureaucratie.
S’agissant du second objectif de l’accord, là, non plus, le compte n’y est pas. Avec trois milliards et demi de dollars (dont un milliard dans les hydrocarbures) en cinq ans (2005-2009), on ne peut pas dire que ce fut la ruée des investissements européens en Algérie. Ensuite, la loi de finances complémentaire pour 2009 est venue définitivement décourager les velléités d’investissements étrangers, s’il en existait. De ce point de vue, l’accord est un échec en ce qu’il est contredit par l’état de l’environnement de l’investissement et le climat des affaires qui règne dans le pays. On peut toujours invoquer la mauvaise volonté des dirigeants et entrepreneurs européens, mais il faudrait alors croire que les affaires sont l’expression d’états d’âme de décideurs. Ou on a signé un mauvais accord ou on a signé un accord qui ne peut s’appliquer dans l’état de notre développement et dans l’état de la politique et de l’organisation de notre économie. En clair, l’échec était prévisible pour ceux qui pouvaient anticiper la politique économique nationale.
À moins que ce ne fût point sa contribution au développement économique qui, à l’époque, avait motivé la recherche d’un tel accord. Et que cet accord fut voué à des objectifs strictement “politiques”. Ce qui nous éloigne des préoccupations de développement économique du pays. Certains régimes prospèrent en organisant l’échec du pays.