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du juge

  • La profonde solitude du juge

     

    Après cette première, un dirigeant du FLN qui s'attaque à l'interminable général de corps d'armée Si Ali Toufik Mohamed Lamine Médiène, voici l'autre première : le DRS va porter plainte contre Saadani. Cette nouvelle attitude dans les mœurs politiques, pour un corps qui ne s'est jamais réellement préoccupé de la légalité institutionnelle pour ses opérations, ouvre la voie à plusieurs questionnements de par son caractère inédit. Si Saadani a vu juste, la justice est instrumentalisée par le DRS et va donc donner raison au DRS contre Saadani. Si Saadani dit n'importe quoi, car la justice est justement instrumentalisée par le clan présidentiel comme cela a été le cas pour la prise de contrôle du FLN en invalidant la décision du Conseil d'Etat, le DRS ne pourra rien faire. Car derrière ces affrontements verbaux et ces prises de position radicales, c'est la justice qui est au cœur du débat et il faut bien constater que ni le DRS ni le cercle présidentiel ne veulent d'une séparation des pouvoirs et de l'indépendance des juges à travers l'activation du Conseil supérieur de la magistrature.

    Si l'Algérie a besoin de sang neuf, d'une nouvelle République, de nouvelles institutions et d'une sérieuse vision d'avenir, elle a aussi besoin d'une nouvelle justice qui n'obéit ni aux ordres des colonels installés dans les cours, ni aux ordres de la tutelle acquise au Président, ni encore aux pressions de la chkara et des lobbies mafieux. Qui va désigner le juge qui va s'occuper du procès entre DRS et FLN ? Le DRS et ses relais ou le duo Saïd Bouteflika-Tayeb Louh ? Il est hélas inconcevable que ce soit la corporation des magistrats qui le fasse, devenus depuis 20 ans de simples soldats soumis aux décisions de la matrice. Mais dans tous les cas, personne n'aimerait être à la place du juge qui instruira cette affaire. Il y a des jours où l'on peut regretter d'avoir fait du droit.

    Chawki Amari