Il était temps ! De supprimer le certificat de nationalité du dossier de pièces d’identité et de voyage.
Temps pour les autorités de reconnaître que ce n’est pas en infligeant la galère de la reconstitution de leur arbre généalogique aux Algériens qu’on peut compenser le sous-développement administratif de l’État. En cinquante ans d’Indépendance, on en est à réécrire les vieux registres des “matrices”, comme à l’ère des “khodjas” avec l’art de la calligraphie en moins.
Des citoyens n’arrivent plus à prouver leur algérianité parce qu’ils n’ont pas bougé de leurs douars depuis des millénaires et que les registres des chefs-lieux de commune ont simplement pourri du fait de leurs conditions d’archivage ou, parce qu’entre-temps, ils avaient oublié l’exacte date de décès d’un grand-père, mort trop jeune de peste. Si seulement la rigueur de la reconstitution généalogique était sérieuse et s’imposait à tous. On n’aurait au moins pas eu un Président qui, après avoir sévi contre nous des années, nous révèle, un demi-siècle plus tard, qu’il était du pays voisin. Et que, finalement, longtemps après l’Indépendance officielle, nous n’étions pas encore gouvernés par un Algérien.
Si les mêmes parcours du combattant bureaucratique étaient imposés à certains joueurs de l’équipe nationale de football, il n’est pas sûr qu’elle aurait disposé de certains de ses indispensables titulaires actuels. Ou alors, il eut fallu que la loi disposât qu’il faille avoir un père et un grand né en Algérie ou… savoir jouer au foot à un niveau international pour avoir droit au passeport national. Mais, peut-être, qu’en ce domaine, on devrait retenir la leçon Ben Bella : d’ici que des joueurs de l’équipe nationale ne commencent à nous apprendre que, finalement, ils n’étaient algériens que pour jouer dans une sélection nationale…
D’ailleurs, c’était en toute illégalité que la galère administrative nous était imposée, puisque la loi stipule qu’il suffit d’être né de père algérien ou de mère algérienne pour avoir droit à leur nationalité.
Il y avait même une paradoxale ségrégation dans cette histoire de certificat de nationalité : il n’est pas exigé de ceux qui demandent leurs papiers d’identité dans un consulat mais obligatoire pour les papiers établis dans une daïra ! On sent la démarche empressée envers la “communauté nationale”, d’un côté, et la rigueur bureaucratique contraignante appliquée au citoyen resté au bled, de l’autre. Ceux qui ont une seconde nationalité obtiennent finalement plus facilement la preuve de leur algérianité que ceux qui se sont contentés de leur nationalité originelle ou n’ont pas décroché une de rechange ! Déjà qu’il a été plus facile d’être reconnu moudjahid parce qu’on a fait la guerre à Paris, Tunis, Oujda, plutôt que dans le maquis local ! Si l’État veut assainir le fichier national de la population, il aurait mieux fait de se donner les moyens humains et méthodologiques de cette entreprise au lieu d’infliger à ses administrés cette espèce de chantage à la pièce d’identité. Apparemment sans résultat, puisqu’il renonce, chaque jour, à un de ces obstacles érigés sur la voie de la miraculeuse identité biométrique.
Dur d’être algérien !
M. H.
musthammouche@yahoo.fr