Dès avant sa victoire à la présidentielle, Nicolas Sarkozy aurait évoqué une participation française à une force internationale en Irak, révèlent les documents fournis à cinq titres depresse par Wikileaks. Crédits photo : JIM WATSON/AFP
Selon un télégramme diplomatique diffusé par WikiLeaks, Nicolas Sarkozy avait confié à des responsables américains, avant son élection à l'Elysée, qu'il pourrait «peut-être» envoyer des soldats français en Irak dans le cadre d'une force internationale.
Nicolas Sarkozy salué par les diplomates des Etats-Unis comme «viscéralement pro-américain», et qui annonce ses ambitions présidentielles à un responsable américain en avant-première. Telles sont les nouvelles révélations des documents diplomatiques confidentiels fournis par le site Wikileaks au site internet du Monde. Le chef de l'Etat aurait également envisagé dès 2006, soit avant son élection, d'envoyer des troupes françaises en Irak dans le cadre d'une «force internationale».
Cette possibilité a été évoquée par Nicolas Sarkozy lors d'une rencontre à Paris avec le ministre de la Justice de George W. Bush. «Sarkozy a déclaré que la France et la communauté internationale allaient devoir aider les Etats-Unis à résoudre la situation en Irak. Peut-être en remplaçant l'armée américaine par une force internationale», écrit l'ambassadeur des Etats-Unis en France dans son compte-rendu.
Le veto, «injustifiable» et «excessif»
Dans les mémos publiés mardi soir, les diplomates américains dépeignent un Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, hostile à l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis en 2003. Mais, toujours selon eux, il n'approuve pas non plus l'opposition frontale manifestée contre cette opération par le président de l'époque, Jacques Chirac, et son ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin. «Affirmant que c'est quelque chose que lui ‘ne ferait jamais', il a évoqué l'utilisation, par Chirac et Villepin, du veto de la France au Conseil de sécurité (de l'ONU) contre les Etats-Unis en février 2002 comme étant une réaction injustifiable et excessive», indique un message diplomatique du 1er août 2005.
D'autres documents révèlent par ailleurs que Nicolas Sarkozy avait annoncé dès le 1er août 2005 aux Américains qu'il serait candidat à l'élection présidentielle de 2007. Soit plus d'un an avant son annonce officielle aux Français, le 29 novembre 2006.
Quant aux messages adressés à Barack Obama en prévision de sa première rencontre avec le chef d'Etat français en tant que président des Etats-Unis, ils sont extrêmement positifs. «Votre visite intervient à un moment historique», écrit un diplomate, avant que les deux hommes ne se voient le 3 avril 2009 à l'occasion d'un sommet de l'Otan à Strasbourg. «Nicolas Sarkozy est le président français le plus pro-américain depuis la Seconde guerre mondiale, il est actuellement le dirigeant le plus influent en Europe», poursuit-il.
L'ambassadeur prévient que Nicolas Sarkozy est «un pragmatique brillant, impatient, non diplomate, imprévisible, charmant, innovant» pour lequel «le rapport personnel a un impact» sur la relation politique, rapporte Le Monde en se fondant sur les documents de WikiLeaks. Il ajoute que le président français «espère un contact régulier intense» avec Barack Obama.
«Frénétique» et «impulsif»
Le président de la République ne fait toutefois pas seulement l'objet de louanges. Son «mauvais caractère» est souligné, et il est parfois décrit comme «frénétique» ou «impulsif». Des documents remis par Wikileaks au quotidien britannique The Guardian évoquent pour leur part un homme rendu «irritable» et «imprévisible» par son divorce avec Cécilia en 2007. Le battage médiatique autour de son remariage peu de temps après avec le top-model Carla Bruni ont fait chuter sa cote de popularité, analysent encore les diplomates américains. D'autres documents publiés ces derniers jours l'avaient présenté comme «autoritaire» et «susceptible».
Les Américains s'intéressent aussi à «l'héritage juif» de Nicolas Sarkozy, en référence à son grand-père maternel, et s'interrogent, au début de son mandat, sur l'impact que cela peut avoir sur «le traditionnel centre de gravité pro-arabe» de la France dans sa politique au Proche-Orient. «L'héritage juif de Sarkozy et son affinité pour Israël sont célèbres», note l'ambassade qui considère aussi qu'avec Bernard Kouchner, le président français nommait en 2007 «le premier ministre des affaires étrangères juif de la Ve République».
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