Nous sommes bel et bien au pays où le ridicule ne tue pas, dans cette Algérie où l’immoralité n’a plus de limites. Selon le quotidien Liberté, des députés FLN ont déposé cette semaine, au bureau de l’Assemblée nationale, une demande de création «d’une commission d’enquête parlementaire sur les émeutes qui ont éclaté dans plusieurs régions du pays en janvier dernier». Si cette information venait à être confirmée, on aura alors affaire à une honteuse opération de diversion comme seul le FLN en a la spécialité. L’Algérie est en train de traverser une période extrêmement critique et les usurpateurs de ce prestigieux sigle ne trouvent pas mieux que nous mettre de la poudre aux yeux sur des événements dont le moins averti des citoyens connaît les tenants et les aboutissants. Voilà des gens qui n’ont aucune crédibilité mais qui continuent à prendre les Algériens pour des imbéciles et des immatures.
Pourtant, ces soi-disant élus du peuple avaient mille et une occasions d’exiger des commissions d’enquête sur des scandales qui ont défrayé la chronique, mais ils ont préféré adopter la posture des trois singes. Un escroc du nom de Abdelmoumen Khalifa a failli vider les caisses de l’Etat et mettre l’Algérie à genoux. Nos «parlementaires» n’ont pas jugé utile de lever le petit doigt. Il y a eu également les scandales de l’autoroute Est-Ouest et de la pêche, deux secteurs dirigés par des ministères MSP. Des lampistes ont payé, mais nos «élus» n’ont rien trouvé à redire. Il y a surtout le scandale des scandales. Celui de Sonatrach, une affaire qui a jeté la honte et le discrédit sur nos dirigeants.
Chakib Khelil, ministre de l’Energie, a régné sans partage aussi bien sur le ministère que sur la société pétrolière. La corruption y a fait des ravages. On ne parlait plus en millions, mais en milliards de dollars détournés. Le clan puisait sans retenue dans les caisses de l’entreprise, allant jusqu’à multiplier par cent le prix des équipements. Seul le RCD de Saïd Sadi s’en est ému et a demandé une commission d’enquête sur la corruption. Evidemment, il n’a pas été suivi. Le FLN et ses deux alliés de l’Alliance présidentielle ont choisi la politique de l’autruche. Ils n’ont pas voulu défendre les deniers publics pour ne pas gêner les chefs d’orchestre de la corruption parce qu’ils se trouvent en «haut lieu» et qu’ils font partie du clan. Accepter les privilèges dans l’indignité ou défendre l’Algérie avec
honneur : ils ont préféré la première option.
Il est donc tout à fait logique de n’accorder aucun crédit et aucun sérieux à une démarche qui s’apparente à de la poudre aux yeux. Et les Algériens ne peuvent être dupes devant une telle farce.