Alors que les esprits crédules donnaient Abdelaziz Bouteflika pour mort, à l’issue de la guerre des clans qui agite le sérail depuis quelques mois, voilà que surgit, de nouveau, la rumeur Saïd Bouteflika avec, cette fois-ci, des faits avérés.
Dans « Le quotidien d’Oran », la journaliste Ghania Oukazi annonce que le parti du frère du Président de la République est né jeudi dernier à Laghouat et que ses promoteurs lui ont donné le doux nom de Rassemblement pour la Concorde Nationale (RCN).
La manœuvre pour faire succéder Saïd à son frère est donc bien partie !
Elle n’a rien de spontanée. Voilà en effet, près de deux ans que le président Abdelaziz Bouteflika prépare son coup. En mai 2009, le même journal, annonçait que « le plus jeune frère du président Bouteflika, Saïd, se préparerait à prendre le pouvoir en 2014 et devrait créer un parti qui raflerait la mise aux élections législatives de 2012 et qui lui servirait de tremplin «légal» pour remplacer son frère au poste de président de la République. »
Le journaliste, visiblement « tuyauté », avertissait déjà, à cette époque : « La scène politique nationale risque de connaître des bouleversements par la création de ce nouveau parti » dont il précise qu’il « va naître sous les auspices d'un homme, Abdelaziz, l'aîné de la famille Bouteflika. Pour ce faire, des contacts sont entamés depuis quelque temps par Saïd Bouteflika auprès de ce qu'on appelle la société civile ou alors les notables des différentes régions du pays. Il s'agit, en fait, d'échos qu'on reçoit notamment en provenance des villes de l'ouest, du sud-ouest et du sud du pays. Oran, Tlemcen, Adrar, Bechar, Laghouat, Biskra, entre autres, sont celles où, nous dit-on, les contacts sont entrepris d'une manière sérieuse et soutenue. »
Aujourd’hui, vingt mois plus tard, les choses semblent dites. Ghania Oukazi nous apprend que « Saïd Bouteflika a accepté de présider le Rassemblement pour la Concorde Nationale (RCN)) « à condition qu'il lui soit collecté deux millions de signatures ».
On apprend même que, dès ce moment-là, « une fois l'élection présidentielle de 2009 terminée, des comités de soutien au Président de la République avaient tenu à se regrouper au sein d'un ensemble qu'ils ont appelé «Mouvement national des générations libres» (MNGL) que préside un certain Mourad Sassi qu'on dit conseiller au palais d'El Mouradia. Les premières assises de ce qu'on a qualifié d'Organisation non gouvernementale (ONG) ont été tenues l'année dernière à l'hôtel Essafir (ex-Alleti) d'Alger. »
Autrement dit, le clan présidentiel n’a pas perdu de temps : la succession de Bouteflika par son jeune frère est programmée de puis belle lurette.
Avancer masqués
Jusque là, les troupes de Bouteflika ont avancé masqués. Ils n’ont pas parlé de « parti » mais d’une « ONG ». Seulement voilà, ajoute le journal, l’heure est venue de transformer cette ONG en parti et d’enlever les masques.
«Nous pouvons transformer cette ONG en parti politique mais pour l'instant, c'est une ONG», a déclaré son président à la presse. L'on avance d'ores et déjà qu'il est attendu que les deux formations, le RCN et le MNGL, doivent se fondre l'une dans l'autre pour constituer un seul et grand pôle appelé, selon nous sources, à attirer le plus de militants possible pour soutenir Saïd Bouteflika dans sa quête d'un mandat présidentiel en remplacement de son frère.
Quant aux promoteurs du nouveau parti, «ce sont d'illustres inconnus », selon des « sources » cités par le Quotidien d’Oran qui, plus loin, rectifie : « Il faut croire que ses membres fondateurs ne sont pas aussi inconnus que cela puisqu'ils étaient tous dans des comités de soutien aux candidatures de Abdelaziz Bouteflika pour ses trois mandats présidentiels.
Bref, la torpille est lancée.
L. M.
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