Situation volcanique au Proche-Orient. Le fondateur de Wikileaks n'a même pas eu le temps de passer devant ses juges suédois que la chaîne qatarie Al Jazeera fait péter 1600 câbles. La fuite sur les pourparlers palestino-israéliens entre déjà dans l'histoire, Nabil Chaht atteste que les documents en possession de la direction d'Al Jazeera sont authentiques.
Les écrits sont têtus, les négociateurs de l'Autorité palestinienne auraient bel et bien fait de larges concessions sur l'épineuse question du retour des réfugiés. Certes, il ne faut pas être dupe, les 5 millions de réfugiés ne pourront en aucun cas revenir tous vivre dans le futur Etat palestinien. Simple question de démographie. Cependant, limiter le retour à 100 000 d'entre eux serait tout de même osé de la part des locataires de la Mouqatâa tant les négociateurs palestiniens auraient été à des années-lumière du bon compte. Vraie ou fausse, cette offre indécente n'a pas été retenue.
Ni d'ailleurs celle de Condoleezza Rice qui, elle, était prête à payer un billet simple aux réfugiés désirant séjourner en Argentine ou au Chili. Si l'on venait additionner cette présumée concession de l'Autorité palestinienne à son prétendu renoncement au quartier juif et à une partie du quartier arménien de la vieille ville et l'annexion par Israël de la plupart des quartiers de colonisation juive de la ville, c'est d'une flaque d'huile qu’il s'agirait. Mahmoud Abbas est hors de lui et il l'a fait savoir : si les Palestiniens avaient été si généreux, pourquoi alors les Israéliens ne s'étaient pas dépêchés de signer un accord de paix ? Le Secrétaire général de l'OLP, Yasser Abed Rabbo, aurait en main la clé du mystère.
Ce n'est pas la première fois que les Palestiniens sont victimes d'une telle campagne. De son vivant, Yasser Arafat payait lui aussi le prix fort d'un acharnement similaire. Tout ce qui est certain, c'est que la paix va devenir encore plus impossible qu'elle a été auparavant. Et le jeu des grandes puissances va davantage se compliquer sur l'échiquier du Proche-Orient. Parce qu'il n'y a pas que les Palestiniens qui devront faire avec cette nouvelle «confusion satellitaire».
Au moment où le gouvernement du Caire s'apprête à faire face à une journée de colère de l'opposition, profondémentinspirée de la révolution de Jasmin, les Libanais, eux, ont déjà les nerfs à vif. Entre le camp pro-occidental de Saad El Hariri et celui de Hezbollah and co, c'est toute la nappe qui brûle. Le pays du Cèdre est la «victime collatérale» du blocage palestino-israélien, renseigne Nicolas Sarkozy. Quant aux dégâts, il y a risque de ne plus pouvoir les quantifier tellement la confrontation s'annonce impétueuse. Le parti de Cheikh Nasrallah, qui a obtenu une majorité parlementaire suffisante pour nommer un chef de gouvernement de son choix, renversera-t-il la vapeur en faveur des antioccidentaux, bras armés et pays alliés réunis ?
Les partisans du tandem réformiste El Hariri-Siniora sont déjà descendus dans les rues de Beyrouth pour dénoncer le coup d'Etat du Hezbollah. Pour stopper ce «passage en force», la publication de l'acte d'accusation dans l'affaire de l'assassinat d'El Hariri ferait les forces du 14 février, partisanes de la démocratisation du Liban. L'air amusé, Netanyahou et Lieberman ne pouvaient rêver mieux quand à ces éruptions en chaîne.