Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

et communication

  • Réconciliation, impunité et communication

    Par : Mustapha Hammouche

    Dix ans après le boulevard d’impunités ouvert par la “concorde civile” et élargi par la “réconciliation nationale”, l’islamisme fait ce qu’il peut encore pour tuer, terrifier et détrousser les Algériens. Mais la moindre retraite de terroriste est présentée comme le résultat de cette politique.
    Jeudi dernier, deux de ces assassins de vocation, au tableau de chasse élogieux, plastronnaient doctement à la une de mon journal sous prétexte d’un “appel à la raison” en direction de leurs frères restés aux maquis.
    Entre un attentat qui a fait quatre morts et neuf blessés à Tadmaït et un autre qui a occasionné autant de décès à Tébessa, ces deux assassins aux CV touffus prenaient une attitude doucereuse de samaritains devant les téléobjectifs officiels. À s’y méprendre, on pourrait croire que les deux tueurs, qui ont voué leur vie à la mort, sont du côté de la vie. Et pour les besoins de la cause, ils sont bardés de titres et gratifiés d’une biographie qui en fait d’anciens dirigeants et théoriciens du crime. Car plus le “repenti” a de références, plus son “repentir” est appréciable et significatif du triomphe d’une politique.
    La “réconciliation nationale” étant moralement et rationnellement indéfendable, elle s’est voulu incontournable par ses résultats. Or, c’est là que le bât blesse. Et souvent… tue. L’hémorragie n’a pas cessé et si l’on exclue les terroristes libérés de prison et les quelques “émirs” déposés par leurs compères, ce n’est pas le déferlement au portillon du pardon, pourtant gratuit.
    Faute de quantité, il faut donc nous vendre la qualité. Alors, ces sanguinaires, qui n’ont que leur bilan meurtrier à faire valoir, puisent dans leur sanglante carrière le droit à la médiatisation de leur perfide et théâtral repentir. Leur légitimité vient de leur sanglant bilan. Affublés de titres de “mufti” et d’“émir”, ils prennent des airs méditatifs. Leur brillante carrière dans la hiérarchie criminelle et leurs larmes de crocodile sont complaisamment médiatisées, bizarrement pas par la presse publique, mais par un “journalisme sécuritaire”, certainement convaincu de faire œuvre utile. Parce que nous pensons ne plus rien devoir à Djaout, à Mekbel et à Zinou, parce que nous n’avons plus de crédibilité à défendre, nous pouvons, avec cette légèreté qui caractérise désormais le journalisme national, tenter de faire passer un terroriste au long cours pour un soudain apôtre de la non-violence !
    Par cette forme de communication, les pouvoirs publics, de leur côté, tendent plus à justifier l’impunité de ces terroristes qu’à prouver l’efficacité de leur démarche. Car, enfin, pourquoi cet “émir” n’a-t-il pas convaincu ses ouailles quand il était au milieu d’elles ? Si les terroristes en activité prêtaient quelque attention aux conseils d’un “repenti”, pourquoi a-t-il attendu d’être à l’abri d’une résidence surveillée pour émettre ses “fetwas” ? Au demeurant, si ces requêtes de judas avaient quelques retombées “réconciliatrices”, on l’aurait su depuis le temps que Hattab et d’autres s’y exercent.
    La règle, quand on reconnaît son erreur, c’est d’admettre la sanction de la loi. Le chauffard le plus insouciant le sait. Mais dans le cas d’une impunité assurée, l’aveu n’est qu’une bravade de plus, de trop.
    Et du temps perdu pour la paix et la sécurité.