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et si la france…

  • Et si la France…

     
     
     

     

    A l’heure où les lynchages médiatiques des rebelles du CNT, sous le silence presque complice des détecteurs thermiques de l’OTAN, se focalisent sur l’Algérie l’accusant, pour on ne sait quelle raison, de cacher le leader libyen, inventant pour cela des fables de voitures blindées traversant les frontières algériennes, nous sommes en fait face à une question simple, voire simpliste : Quel intérêt aurait l’Algérie à guider le «guide» vers ses propres frontières ou, dans le cas contraire, taire le fait de le cacher chez elle ?

    La guerre en Libye n’a été, malheureusement, qu’une guerre que l’OTAN – menée par une France qui a bénéficié d’un héritage pétrolier inespéré – a engagé contre la population durant les six derniers mois, et ne sera qu’une guerre civile dans les années à venir, selon les différents reportages ayant traité de la personnalité des rebelles, des clans et de la dimension tribale qui caractérise les structures de la société libyenne.
    Pour en revenir à cette histoire de cache-cache de Khadafi, l’Algérie n’a aucun intérêt à abriter le colonel, la Tunisie ainsi que tous les pays frontaliers non plus. Qui aurait donc intérêt à le faire ?
    La réponse pourrait être déduite des récentes livraisons de Médiapart qui a publié des révélations sur l’intermédiaire dans la vente d’armes, le franco-libanais Ziad Takieddine, qui jouit d’une étroite proximité avec l’entourage de Sarkozy.
    En effet, écarté par Chirac, ce personnage se réjouit de la prise en mains de l’Elysée par Sarkozy en 2007. Médiapart révèle, dans une note confidentielle : il est préconisé la création d’une «nouvelle société placée sous le contrôle du gouvernement (...) afin de développer les exportations de matériels français en Libye».
    Ziad Takieddine, grâce à ses connexions avec le pouvoir libyen, aurait joué un rôle important dans la libération des infirmières bulgares.
    En septembre 2007, cette personnalité proche de Sarkozy, se réjouit de l’excellence des relations entre la France et la Libye et prépare la visite de Kadhafi à Paris.
    Au début des manifestations en Libye Ziad Takieddine, de retour de Libye, est arrêté le 05 mars 2011 au Bourget avec 1,5 million d’euros en liquide dans ses valises, comme le révèle L’Express. Il n’est pas poursuivi. Il était dans le même avion que les journalistes du Journal du Dimanche partis interviewer le colonel Kadhafi.
    Certains journaux, notamment Le Nouvel Observateur, le soupçonnent d’avoir servi d’intermédiaire pour obtenir l’interview de Kadhafi. Le directeur de la rédaction du JDD, Olivier Jay, explique avoir «choisi de ne pas faire de commentaire. Nous préservons le secret des sources.»
    Médiapart se pose bien quelques questions : Comment Ziad Takieddine est-il devenu l’intermédiaire privilégié de la France pour négocier avec Kadhafi ? Qu’a-t-il promis au clan et qu’a-t-il obtenu en échange ?
    Si l’entretien de Seïf el Islam à El-Khabar a bien révélé l’aspect des vraies négociations qui se sont déroulées avec la France, la visite de la délégation des patrons du renseignement récemment en Libye, l’accélération des évènements et l’absence totale des troupes de Kadhafi incitent à penser bien qu’un accord certain ait été trouvé et qui, de surcroît, serait passé sous le nez du CNT.
    Ziad Takieddine serait-il une fois encore le témoin et le mobile ?
    En conclusion, si l’Algérie n’a aucun intérêt à guider le «guide» vers ses propres frontières ou, dans le cas contraire, taire le fait de le cacher chez elle, la France ne pourrait pas dire autant, car elle a, non seulement intérêt à le cacher, mais également de taire le fait qu’elle le cache.
    Samir Méhalla