MOURAD MEDELCI À PROPOS DE ANOUAR MALEK
C’est, inévitablement, sur la démission fracassante de l’Algérien Anouar Malek de la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie que le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a eu à s’expliquer devant la presse internationale jeudi à New York. Pour Medelci, le sulfureux Anouar Malek n’a pas intégré la mission en tant que représentant de l’Algérie mais en tant que délégué d’ONG.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) -Certes, le ministre des Affaires étrangères n’est pas allé jusqu’à le dire mais l’on aura su, entre-temps, que Anouar Malek, réputé pour ses sorties tonitruantes et à larges échos médiatiques, observait pour la Ligue arabe au titre de représentant de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH). Sa nationalité algérienne ayant été mise en exergue, autant que la nature de son témoignage sur les mises en scène du pouvoir syrien, par les médias étrangers, la précision devenait nécessaire. Aussi répondant à une question à propos de cette démission qui, forcément, met à mal la Ligue arabe et sa mission d’observation en Syrie, Mourad Medelci a souligné que la constitution d’une mission d’observation exige, en général, que cette dernière soit formée de représentants des Etats et de la société civile. Medelci a précisé, par ailleurs, qu’outre les dix observateurs algériens qui représentent l’Etat algérien, la Ligue arabe a également mobilisé des membres d’organisations non gouvernementales, dont Anouar Malek. Cela dit, le ministre des Affaires étrangères s’est abstenu de commenter le témoignage de Anouar Malek livré en live sur Al Jazeera. Un témoignage dans lequel il a accusé le régime syrien de crimes en série qu’il tente de cacher à travers des mises en scène. «Les observateurs ont été trompés (…) il s’agit d’une mascarade. Le régime a mis en scène et fabriqué la plupart des choses que nous avons vues pour empêcher la Ligue arabe d’agir contre le régime Syrien.» Mourad Medelci s’est limité à affirmer que la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie était loin d’être terminée et qu’elle était compliquée et même dangereuse. Et si Anouar Malek a, en sa qualité d’observateur, accusé le régime syrien de ne s’être conformé à aucun point du plan arabe de sortie de crise, Mourad Medelci a, lui, souligné que «si le gouvernement syrien a, certes, commencé à réaliser une partie de ses engagements, il n’en demeure pas moins que cela reste insuffisant». Le ministre des Affaires étrangères a, à l’occasion, plaidé pour le renforcement de la mission d’observation, composée actuellement de 163 membres. «Ce qu’il faut retenir de la première évaluation de cette mission est que l’équipe composée actuellement de 163 observateurs doit être renforcée non seulement en effectifs, en doublant leur nombre actuel, mais aussi sur le plan logistique.»
La violence armée est le fait à la fois du gouvernement et de l’opposition
Le ministre des Affaires étrangères, qui a mis en relief les difficultés rencontrées par les observateurs de la Ligue arabe sur le terrain, a estimé, se référant aux indications de la mission d’observateurs de la Ligue, que la violence armée n’est pas l’apanage du seul gouvernement syrien. «Cette mission d’observation a constaté que, sur le terrain, la violence armée provient à la fois des forces armées du gouvernement syrien et de l’opposition dont une partie est également armée», a-t-il affirmé, poursuivant que «les observateurs arabes ont des difficultés aussi bien avec le gouvernement qu’avec l’opposition armée au point où les observateurs n’ont pas pu accéder à certains quartiers contrôlés par l’opposition et que certains ont même été blessés ». Mourad Medelci a révélé, en outre, que la seconde évaluation de la mission d’observation aura lieu le 20 janvier prochain et qu’après, certaines initiatives pourraient être prises pour améliorer le processus de médiation de la Ligue arabe.
L’Algérie est pour la modération de certaines sanctions sévères
Le ministre des Affaires étrangères a réfuté les allégations qui présentent l’Algérie comme opposée, lors des délibérations des réunions des ministres des Affaires étrangères arabes, à toutes formes de sanctions contre la Syrie. Mourad Medelci a expliqué que l’Algérie a travaillé pour la modération de certaines sanctions sévères suggérées, et ceci afin de ne pas porter préjudice à la population. «Lorsqu’il faut punir un régime, faut-il aussi punir le peuple ?» a-t-il dit. Pour l’exemple, il a cité la proposition contenue dans le document initial de la Ligue arabe et qui préconisait l’annulation de tous les vols entre la Syrie et les autres pays.
S. A. I.
OBSERVATION INTERNATIONALE DU SCRUTIN LÉGISLATIF
Hillary Clinton s’est dite réjouie
La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, qui animait jeudi un point de presse conjoint avec son homologue algérien Mourad Medelci, s’est déclarée réjouie que des observateurs internationaux puissent superviser les prochaines élections législatives. «Je me réjouis d'entendre que davantage de femmes vont participer (aux élections) et nous soutenons fortement l'invitation lancée par le gouvernement algérien aux organisations internationales pour veiller au bon déroulement du scrutin», a-t-elle déclaré, ajoutant que «nous attendrons avec impatience le résultat des élections législatives». La secrétaire d’Etat américaine a également souhaité que «l'Algérie dispose de fondements démocratiques solides qui reflètent les aspirations de son peuple et nous saluons les récents efforts entrepris par le gouvernement algérien dans cette direction». S’agissant des réformes politiques en Algérie, la chef de la diplomatie américaine a estimé qu’elles étaient «significatives» et que son pays les accueille «favorablement» du fait qu’elles participent à «l’élargissement du champ démocratique ».
S. A. I.
source :le soir dz