La machine gouvernementale s’est, depuis quelques jours, mise en branle dans une ultime tentative d’absorber la colère de la rue. Relayés par les médias publics, à leur tête la télévision, des ministres promettent, on ne sait d’ailleurs par quelle magie, création d’emplois, résorption de tous les problèmes que vivent les Algériens. Les bureaux de recrutement – pour le préemploi ! – ont été instruits d’ouvrir grand leurs portes, les entreprises publiques sommées d’offrir du travail même si elles n’en expriment pas le besoin. Le Premier ministre a été jusqu’à donner des instructions pour suspendre le retrait du permis de conduire dont le caractère excessif est décrié autant par les spécialistes que par les Algériens, qui ont déjà fait les frais de ces mesures décidées par le gouvernement.
Voilà, en gros, ce que propose l’Exécutif en guise de réponse à la large contestation dont il fait l’objet. En fait, des solutions aléatoires, insensées et méprisantes ! Aléatoires parce qu’elles ne règlent rien au fond. Insensées parce qu’elles n’obéissent à une aucune logique économique : la création d’emploi ne peut découler que de la seule équation du développement et de la prospérité économique. Or, en dépit du matelas financier dont dispose le pays depuis plusieurs années, on continue encore à vivre des seules recettes qui proviennent du pétrole. Méprisantes, parce que les mesures qu’a prises le gouvernement s’apparentent à de la charité. C’est de l’aumône pour faire taire la faim des citoyens qui, aux yeux de ceux qui nous gouvernent, ne se sont soulevés qu’à cause de la flambée des prix du sucre et de l’huile. Dans une perception réductrice des aspirations des Algériens, l’on pense ainsi que les émeutes et les manifestations qu’a connues le pays, ces derniers temps, n’ont été le fait que d’un peuple affamé revendiquant bruyamment une bouchée de pain. On lui concède alors quelques miettes. On gesticule dans tous les sens pour l’extraire, s’égosillait avant-hier le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, de la manipulation.
S’élevant au-dessus de tout soupçon et dédouanant l’Exécutif de toute responsabilité dans la situation actuelle, les ministres, qui ont eu à défiler depuis quelques jours sur l’écran de l’Unique, pensent s’adresser à un peuple de mineurs incapables de discernement. Ils lui déconseillent d’ailleurs de faire de la politique en présentant cette dernière comme un mal dont il faut absolument s’en prévenir ! En s’érigeant en tuteurs des masses, les membres du gouvernement sont dans la pure tradition du parti unique. Les gestes, la mimique, le discours et la suffisance rappellent malheureusement ces années de plomb. Nous y sommes replongés d’ailleurs.
Faut-il rappeler encore que les dernières émeutes sont le produit de l’échec de toutes les politiques menées par l’équipe actuelle ? Promettant la relance économique, il y a installé un désordre indescriptible. Au plan politique, tout a été verrouillé pour étouffer les libertés, empêcher la construction d’une alternative et continuer à gérer le pays d’une main de fer, chose qui a fait d’ailleurs prospérer la corruption dont les scandales ne se comptent plus.