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fi bled mickey

  • Culture

    Par

    «La culture est un antidote à la violence...» Renaud Donnedieu de Vabres

    C'est un événement important qui prétend ouvrir une longue saison consacrée à ceux qui distribuent les budgets, la culture. Il est haut en couleur et par-delà, insolite: je veux parler du Festival international de la bande dessinée organisé «fi bled Mickey» pour employer la savoureuse expression d'un célèbre animateur-radio tombé sous les coups d'un terrorisme pas toujours aveugle; elle ne pourra pas être nationale à cause de l'indigence de la production locale. Alors, faute d'exhiber les produits indigènes, on montre les productions étrangères afin que les artistes locaux prennent du poil de la bête. Seulement les artistes? Pourquoi pas les décideurs, éditeurs, les entrepreneurs, les milliardaires qui ne savent pas quoi faire d'un argent facilement gagné? Il faut bien que la culture ait sa part du gâteau national. La culture est une chose très importante pour tout peuple. Elle permet même aux gens qui n'ont pas atteint un niveau d'instruction très élevé de comprendre les phénomènes, de relier causes à effets, de synthétiser en somme les divers événements qui se déroulent sous leurs yeux ou dont ils prennent connaissance par les différents canaux d'information qui existent.
    Cependant, l'instruction est à la base de tout, elle permet au citoyen de décoder plus facilement les langages qui circulent dans son environnement, c'est pour cela que les pouvoirs politiques accordent une place très importante au système d'enseignement qui prépare les générations montantes. Un pouvoir politique qui a pour credo l'épanouissement et le développement de la patrie mettra tout en oeuvre pour fortifier l'école et affermir les bases d'apprentissage des citoyens.
    Il construira beaucoup d'écoles, formera beaucoup d'enseignants, fera imprimer plus de livres qu'il n'en faut, réfléchira sans cesse à la pédagogie et aux méthodes d'enseignement, effectuera des réformes successives afin d'améliorer la transmission du savoir.
    Il privilégiera la ou les langues usitées dans le pays proprement dit. Il valorisera tous les héros ou même les antihéros qu'il essaiera de réhabiliter en enjolivant l'histoire du pays.
    Il exagérera les victoires, amplifiera les succès et atténuera ou passera sous silence les défaites, les défaillances et taira les trahisons.
    Le pouvoir politique, qui fait vibrer la fibre patriotique, s'emploiera à encourager l'enseignement (ou l'instruction publique, c'est selon le régime) pour toutes les couches de la population, sans distinguo pour riches ou pauvres. Tout le monde connaît cette image d'Epinal qui montre un Charlemagne visitant une école où les enfants de souche modeste sont meilleurs que les fils des seigneurs. C'est un fantasme né de l'esprit de la IIIe République qui voulait, par idéal républicain et impérialiste, rayonner sur le monde entier. Cependant, il faut reconnaître que c'est cet esprit-là qui a enfanté tant de lumières. Il ne faut pas oublier aussi que tout pouvoir politique s'emploiera, à côté de l'école, à prendre des mesures pour encourager la culture.
    Il multipliera les bibliothèques municipales, agira sur le prix des livres afin de les mettre à la portée des bourses les plus modestes. Non seulement le livre sera gratuit à l'école primaire, mais il sera disponible en toute saison. Les autres mesures que peut prendre un pouvoir politique patriotique, peuvent avoir pour conséquences le maintien de l'enfant le plus longtemps à l'école. L'école obligatoire jusqu'à 16 ans, l'octroi de bourses d'études à ceux dont les parents ont des revenus insuffisants.
    L'encouragement pour un enseignement performant ne s'effectue pas seulement par des recettes faciles, des augmentations de budget ou autres mesures matérielles: il faudra valoriser le métier d'enseignant en lui conférant un statut conforme à sa mission sans oublier, bien sûr, la question des salaires et du logement de fonction.
    Evidemment, les responsables d'un pouvoir politique devront donner l'exemple en envoyant leurs enfants dans les écoles du pays: les envoyer à l'étranger condamne sans appel l'Ecole nationale. Un citoyen, qui sait lire et bien lire, sera plus positif que celui qui n'a qu'un match de football à se mettre sous l'oeil.