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forceps

  • Douloureuses contorsions

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    Par : Saïd Chekri

    Cet exercice de trapéziste auquel aura été acculée la diplomatie algérienne ne sera pas le seul coût de ce qui relève, en somme, d’une faute politique inspirée par une volonté de contrecarrer le cours de l’Histoire.


    “L’Algérie a décidé de travailler avec les nouvelles autorités libyennes et de faire que la coopération entre les deux pays redevienne une coopération normale, et je dirais même une coopération particulièrement renforcée dans tous les domaines.” Ces propos sont de Mourad Medelci, ministre des affaires étrangères, actuellement à New York où il prend part à la 61e Assemblée générale des Nations unies.
    Après cela, faut-il douter de la reconnaissance du Conseil national de transition (CNT) libyen par l’Algérie ? Louisa Hanoune pense que oui, mais il semble bien qu’elle interprète mal, plutôt selon sa convenance, les paroles du chef de la diplomatie algérienne. Certes, le ministre n’a pas prononcé le mot “reconnaissance”. Mais on le comprend : un tel revirement doit se négocier en douceur, sous peine d’être perçu comme une brusque et flagrante remise en cause d’une position que le gouvernement algérien a défendue contre vents et marées pendant des mois. Medelci s’est, d’ailleurs, astreint au devoir d’explication, voire de justification. Et ce fut au prix de contorsions pénibles et douloureuses : “La position de l’Algérie a été basée, d’une part, sur la cohérence avec celle de l’Union africaine et d’autre part sur l’engagement du CNT à consolider l’unité du peuple libyen (…)”, a-t-il tenu à préciser, confirmant la teneur du communiqué de son département qui indiquait que l’Algérie, “ayant pris acte” de la reconnaissance du CNT par l’UA, voulait “travailler étroitement avec les nouvelles autorités libyennes afin d’asseoir une coopération bilatérale féconde (…)”.
    Pour autant, cet exercice de trapéziste auquel aura été acculée la diplomatie algérienne ne sera pas le seul coût de ce qui relève, en somme, d’une faute politique inspirée par une volonté de contrecarrer le cours de l’Histoire. Faute pour l’Algérie d’avoir adopté à temps une position favorable avec une insurrection populaire contre une dictature avérée, celle du régime de Kadhafi, la facture sera salée. L’Algérie devra, pendant longtemps, se résoudre à accuser le coup, à “composer” avec le processus politique en cours en Libye dans lequel elle ne pourra jouer, au mieux, qu’un rôle mineur, contrairement aux autres pays de la région, la Tunisie, le Maroc ou l’Égypte, ou encore les lointaines monarchies du Golfe. En définitive, l’Algérie de Bouteflika s’est donné le statut peu enviable de “mouton noir” de la région, qui n’adhère au mouvement d’ensemble que contrainte et forcée. Cela aussi risque de valoir d’autres désagréments au pays.