La tripartite, qui était censée aboutir à une paix sociale, a finalement déclenché la montée au créneau des travailleurs de la Fonction publique qui disent n’avoir rien obtenu de la rencontre.
Les appels à la grève lancés par les organisations syndicales ont été réitérés au lendemain de cette réunion. Quatre syndicats de l’éducation ont opté pour une action commune : une grève illimitée à partir du 10 octobre. Un mouvement de protestation se prépare aussi dans le secteur de la santé.Ainsi, le Conseil national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest), le Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest), le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) et l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation (Unpef) ont appelé à une grève illimitée à partir du 10 octobre.Cette action, prévue dès la rentrée scolaire, motivée par «les conditions dans lesquelles évoluent les effectifs de l’éducation nationale», est maintenue comme «ultime moyen pour faire valoir des revendications légitimes», selon les syndicalistes déçus par les recommandations de la tripartite.
Dialogue social Biaisé
Les syndicats autonomes de l’éducation, frustrés par leur exclusion du dialogue social, n’ont pas attendu la rencontre UGTA-patronat-gouvernement pour lancer leur préavis de grève. L’Unpef et le Cnapest avaient émis leur mot d’ordre bien avant la convocation de la réunion tripartite.Le Snapest et le SNTE ont rejoint cet appel puisque «les revendications sont communes à toutes les organisations syndicales motivées notamment par le souci de l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs du secteur», selon M. Meriane, porte-parole du Snapest. Les représentants des travailleurs espèrent obtenir un meilleur effet en agissant en front commun.
M. Benbouzid, à qui l’on reproche «des salaires de misère et un statut peu digne du travailleur de l’éducation», sera donc confronté à une grogne sans précédent, risquant même d’avoir à gérer un trimestre blanc.
Enseignants et autres travailleurs du secteur haussent le ton pour, entre autres, la révision de leur régime indemnitaire, une retraite à 100% après 25 ans de service et un décret pour la gestion «équitable» des œuvres sociales. «Les réunions de travail tenues durant les mois d’août et septembre 2011, ajoutées aux promesses de M. Benbouzid (encore une fois non tenues) de donner les réponses attendues à nos revendications au plus tard dans les trois jours qui ont suivi la rencontre du 21 septembre dernier, ont davantage discrédité les responsables du ministère de l’Education et par conséquent le gouvernement qu’ils engagent», soutient le Cnapest, dont les représentants ont été invités à plusieurs rencontres avec les responsables du secteur pour des négociations autour, entre autres, du régime indemnitaire.
Fausses réponses à de vrais problèmes
«Pis encore, peut-on lire dans le communiqué du Cnapest, à défaut de vraies réponses aux revendications soulevées et après une attente qui a duré cinq mois, les enseignants n’ont eu droit qu’à d’autres promesses contenues dans une lettre signée par le secrétaire général du ministère de l’Education et dans laquelle nous sommes invités à négocier directement avec le ministère des finances et la direction générale de la Fonction publique, une démarche qui constitue un aveu d’impuissance ou une preuve de manque de sérieux et de considération à l’égard des professeurs.»Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) annonce pour sa part une grève pour la même période. «La date n’est pas encore confirmée», atteste Iddir Achour. Le CLA attend donc la réunion du conseil national pour annoncer la date du débrayage.
Vers une grève du SNPSSP
Le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP) a, de son côté, annoncé la réunion de son conseil national pour les 14 et 15 octobre. Cette instance, qui était pour la reprise du mouvement de protestation lancé au début de l’année, se prononcera sur la suite à donner à cette action après «le silence total de la tutelle sur les revendications des professionnels du secteur de la santé».
Le SNPSSP aura également à s’exprimer sur la dernière sortie médiatique du ministre de la Santé. «De quel droit M. Ould Abbès ose-t-il dénier le droit de grève ?», s’interroge le docteur Yousfi en réplique aux propos tenus par le ministre à partir de Constantine.