Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

hakim lalam

  • gargamelle au pays des shroumps

    L’Algérie, entre le vendeur de paprika et Gargamelle !

    Par Hakim Laâlam  
    Email : laalamh@yahoo.fr
    Auditions du Ramadan. Abdekka appelle toutes les institutions
    du pays à se rapprocher encore plus de la population.
    Pour l’heure, seules la…

    … police et la gendarmerie ont répondu à son appel !

    Il ne s’agit pas de dévaloriser des petits métiers. D’ailleurs, il n’y a pas de petits métiers. Et pour faire carrément dans le cliché archi rebattu, il n’y a pas de sots métiers. Mais en même temps, en ayant dit tout ça, on est bien obligé de descendre au kilomètre 7 du tramway de Tou et de méditer. L’Algérie des années à venir se débat aujourd’hui entre un vendeur d’épices reconverti en crapahuteur des djebels et un exorciste injecté de force dans un costume de ministre. Benhadjar et Soltani dessinent pour nous le pays dans lequel nos enfants vont grandir, étudier, travailler, aimer, se marier, fonder des foyers. Je comprends parfaitement que dans le sérail, ceux dont les enfants ne vivent pas ici ne s’inquiètent pas trop de l’accaparation du débat national par un «Aâkak’ri» et un «Raqui», mais pour les autres, tous les autres, ceux qui vivent ici, enfantent ici, éduquent ici et crèvent ici ? Le fait même qu’un mec qui vend du paprika le matin et s’exprime l’après-midi sur la stratégie monétaire de l’Algérie par temps de crise m’est insupportable, parce que grotesque. Hautement grotesque. Le fait même qu’un diseur de bonne aventure, un scrutateur de fonds de tasses ébréchées, un décodeur de marc de café, un Gargamelle en quête de schtroumfs ait été intronisé ministre et soit aujourd’hui entendu, interrogé, consulté et élevé au rang d’acteur incontournable dans l’Alliance qui mène le pays je ne sais où me rend proprement malade. Avec de tels débatteurs, avec ce niveau d’indigence, comment voulez-vous ensuite que le pays ne dégringole pas dans les classements mondiaux ? Quand vous accordez au mixeur d’herbes, au peseur de gingembre une parcelle, ne serait-ce qu’une once du pouvoir de dicter ce que doit être le programme de développement d’un pays, pourquoi ensuite renier le droit aux étrangers de nous mépriser, de nous ravaler au rang de peuplade encore gérée par les saints sacrements du kanoun, du braséro et des oracles qui s’en dégagent ? Lorsque les barrières logiques et censées de la République supposée vigilante laissent passer au travers des mailles de ses enquêtes d’habilitation un sorcier guérisseur et le propulse en conseil de gouvernement et des ministres, quel rang voulez-vous ensuite occuper sur l’échelle de la bonne gouvernance mondiale ? Non ! Il n’y a pas de sots métiers. Mais lorsque je vais au marché, que je discute cinq minutes avec mon vendeur d’épices, qu’il me lance deux ou trois vannes sur la situation du pays, je ne m’attends pas, en rentrant ensuite à la maison et en allumant mon micro, à retrouver le compte-rendu de notre discussion rédigé par l’AFP ou Reuters. Toute la différence est là. Sauf à considérer qu’il y a une autre option, un autre monde, une autre dimension, une autre Algérie au-delà des 7,4 km de tram de Si Amar. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.