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  • Accidents de la route : le bilan d’une gestion

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Les entrefilets se succèdent, égrenés par la presse comme une agaçante ritournelle : “Accident de la route à tel lieu : tant de morts et tant de blessés”.
    Les bilans meurtriers de la route algérienne sont surréalistes. En Algérie, le niveau de mortalité routière, qui, en tout état de cause, est peut-être l’un des plus élevés, voire le plus élevé au monde, est tout simplement scandaleux. Un scandale qui dure depuis trop longtemps et qui s’est aggravé avec la “démocratisation” de l’automobile.
    Pourtant, les autorités ne lésinent pas sur les mesures de coercition supposées dissuader les conducteurs de leurs mortels excès. Une sévère répression s’abat sur les “chauffards”, même si ses effets dissuasifs restent peut-être atténués par la pratique ordinaire des interventions et de la corruption. Dans sa rigueur répressive, l’autorité de sécurité routière semble avoir prioritairement ciblé le délit d’excès de vitesse : dos d’âne, radars, retrait de permis immédiat et quasi systématique, patrouilles…
    Si le nombre d’accidents mortels continue à augmenter sur un réseau routier aussi policé, jalonné de barrages, de postes de contrôle et de garnisons et parcouru par d’incessants chassés-croisés de patrouilles, c’est que la répression ne constitue pas une parade opérante, en tout cas pas suffisante à ce fléau.
    L’approche qui ne considère que le comportement du conducteur, et qui voulait que la tragédie des accidents de la route pouvait être résorbée par la répression de l’automobiliste a échoué. Il n’y a pas d’automobiliste désincarné ; il n’y a que des citoyens. Ce statut de citoyen est d’ailleurs discutable quand il ne s’appuie pas sur un attribut fondamental : le civisme. Le conducteur, c’est aussi le piéton qui marche et traverse anarchiquement sur la voie automobile, c’est le fidèle qui prie sur la chaussée, c’est le commerçant qui étale sa marchandise jusque sur la voie publique…
    D’autres éléments qui hypothèquent la sécurité routière semblent être sous-estimés. Le mode d’apprentissage, conçu pour une époque où les conditions de circulation permettaient encore au “nouveau permis” de parfaire sa formation après l’obtention du permis. Aujourd’hui, le contexte a rendu le novice immédiatement… dangereux. Les usagers se plaignent aussi de la dangerosité de nos “modernes” autoroutes.
    Il semble aussi que les constructeurs de nos autoroutes ne sont pas très respectueux des normes, notamment en matière d’inclinaison de la chaussée au niveau des virages. Le discours sur les délais de livraison, relayé par la chronique de la corruption, a permis d’escamoter la question de la qualité de la chaussée et du génie des nouvelles routes et de l’autoroute Est-Ouest en particulier.
    L’injure faite à la sécurité routière, et la notion d’aménagement de territoire par là même, est dans cette insouciance avec laquelle l’on construit des ensembles d’habitats sur les bordures de routes et, parfois, d’autoroutes.
    Ce après quoi, les autorités, “locales” ou “nationales”, viennent se tirer d’affaire de cette dangereuse absurdité urbanistique… en construisant des “dos d’âne”. La recrudescence des accidents de la route n’est pas… accidentelle. Et les morts ne sont pas seulement victimes d’accidents ; ils sont aussi victimes d’une gestion.


    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr