Muet comme une tombe truquée depuis les élections du 1er Novembre 1954 du 10 mai 2012, le Premier ministre, que l’on croyait exilé en Biélorussie, dernière dictature d’Europe, a finalement parlé. Il n’a rien dit, aussi vague sur l’identité de ses ennemis intérieurs qu’il ne l’a été sur les bombardiers de l’extérieur qui allaient envahir le pays après le scrutin. De sa sortie très attendue par ses millions de (mal) gouvernés, il n’aura eu qu’un mot : «Je dérange.» Ce qui n’est pas une information nouvelle ; effectivement, Ahmed Ouyahia dérange tout le monde. Il met des cadres en prison, dévalue le dinar, ne crée pas de croissance, couvre ses ministres milliardaires, n’a jamais été élu quelque part, change d’avis chaque année, ferme les bars et ouvre des couloirs aux corrompus. Il dégrade les hôpitaux et fait mourir des malades, dilapide l’argent public par des projets stériles, surpaye des fonctionnaires à ne rien faire et chipote sur les salaires des éboueurs.
Il interdit les crédits automobiles, l’expression libre, nourrit la bureaucratie, offense régulièrement son peuple, favorise l’impunité, importe des palmiers, bloque la justice indépendante, truque les statistiques et ne rembourse pas les médicaments qui sont de toute manière introuvables. Il contribue aux émeutes, aux harraga et aux immolés, aux hypertendus et aux diabétiques. Il n’a fait baisser ni la délinquance ni la facture d’importation ou les prix à la consommation. Oui, le Premier ministre dérange, et dérange tout un pays. La critique est exagérée ? Oui, c’est vrai, Ahmed Ouyahia n’a pas dit que ça. Il a fustigé ses adversaires qui seraient des barons de l’importation. Effectivement, depuis qu’il est Premier ministre, l’Algérie importe tout et en vrac. Donc, soit on change d’importateurs, soit on change de Premier ministre. Avantage aux premiers, un bon importateur peut nous importer un bon Premier ministre.