Expulsé le 2 novembre dernier
Par :
Le lycéen algérien, Ilyès Benyoucef est finalement retourné ce samedi en France. La mobilisation de ses camarades relayée par le réseau éducation sans frontière (RESF) a finalement payé. A la demande expresse du ministre de l’intérieur, Claude Guéant, la préfecture accorde un titre de séjour « à titre exceptionnel et humanitaire». L’affaire avait fait, à juste titre, un boucan qui a vraisemblablement résonné jusqu’au ministère de l’intérieur. Le 10 novembre, au lendemain d’une manifestation de 700 lycéens réclamant son retour, Claude Guéant ordonne au préfet de Saône et Loire d’inviter Ilyès Benyoucef à « déposer une demande de visa long séjour », a fait savoir le réseau éducation sans frontière qui s’est emparé de l’affaire pour faire valoir les droits d’Ilyès.
Après une expulsion manu militari à l’aube de sa majorité provoquant l’émoi général au sein du lycée qu’il fréquentait, c’est la stupeur qui s’empare de Montceau Les Mines, la ville où vivait Ilyès. Alors qu’une procédure de demande de titre de séjour a été déposée par Ilyès à l’approche de sa majorité comme c’est d’usage. Sa demande déboutée, Ilyès fût arrêté au domicile de ses parents, en l’absence de ses derniers, pour être emmené au commissariat. Le comble de l’aberration, les policiers laissent un mot aux parents pour leur indiquant qu’il détenait Ilyès. Ensuite, emballement de la procédure, direction l’aéroport de Lyon pour être embarqué dans un avion à destination d’Alger. Ilyès a été expulsé le 2 novembre. Bien que ses parents, originaires de Batna dont le père est chirurgien-dentiste, et ses deux frères résident en France de manière régulière en possession de titres de séjour en règle, Ilyès, des bancs du lycée se retrouve du jour au lendemain chassé du territoire. Pour hâter la procédure d’expulsion, la préfecture se défausse en expliquant avoir perdu le recours gracieux déposée par le jeune Ilyès. Dénouée d’humanité, les méthodes de la préfecture répondent ainsi à une politique du chiffre faisant fi de certains cas qui demande parfois une diligence particulière. L’histoire avait suscité l’émoi dans la ville d’Ilyès à Monceau Les Mines en Bourgogne. Scolarisé depuis janvier 2011 au Lycée Pierrat de Monceau Les Mines, Elève modèle et bons sous tous rapports, personne ne s’attendait à son expulsion, tant le jeune lycéen y était parfaitement intégré. Si bien qu’il avait bénéficié d’un soutien sans faille de toute sa ville. « Tous se sont dressés, manifestant à 6 ou 700 tous les trois jours, faisant signer des milliers de pétitions, sollicitant les interventions d’élus, faisant paraître des articles dans la presse locale et nationale, provoquant l’intervention de syndicats d’enseignants et de la FCPE auprès des ministères. Bref, Ilyès revient parce que la société, et d’abord ses proches, ses enseignants et ses camarades, n’acceptent pas les façons de voyou, le kidnapping et l’expulsion minute, du ministre Guéant. », Souligne le réseau éducation sans frontière (RESF)
Bien que la fin de l’aventure fût heureuse, il n’en demeure pas moins que les méthodes brutales du ministère de Claude Guéant restent intolérables. Selon RESF « En pleine campagne de promotion de son candidat, M. Guéant multiplie les déclarations et les provocations à l’encontre des diplômés à qui il interdit d’acquérir une expérience professionnelle en France, fait saccager les campements de Roms, fait chasser de la rue les déboutés du droit d’asile à Beauvais, refuse de régulariser les lycéens. Il faut que tout le monde sache qu’il est aussi possible de le faire reculer, et publiquement, dès lors que les jeunes et la population ne laissent pas faire et que le mouvement menace de durer et de s’étendre(…) Et d’ajouter : « Le retour d’Ilyès est un formidable encouragement pour tous ceux qui sont décidés à ne pas laisser les émules de Le Pen saccager la société ».
Une correspondance particulière de Lyon, Mounir CHERIFFA