Parce que, tout compte fait, finalement, le pouvoir algérien, dans ses diversités cumulées depuis cinquante ans, se réduit tout simplement à une grosse mamelle à sept pis inféconds ; une mamelle à sept fois un million de calamités, une mamelle à sept fois le million de désastres.
Le million de chômeurs inavoués cachés dans des statistiques mensongères qu’aucune institution publique ne publiera. Le million de prostituées cachées dans la plupart des prudes villes et villages de la chaste Numidie appelée Algérie. Rappelez-vous les graves incidents de Tigzirt, Mostaganem, M’sila, Ouargla, Bordj, Relizane, Alger, Aïn Taya, Bordj-El-Kifan, Hassi Messaoud et toutes les autres contrées d’Algérie, sans exception aucune, qui survivent par la cuisse, selon le diktat sans recours du FMI et de ses servants locaux.
Le million de faux moudjahidine et faux invalides de guerre recrutés aux frontières sans avoir jamais mis les pieds en Algérie à l’exacte image de ces faux combattants qui ont libéré l’Algérie au Mali où ils y ont rencontré plus de gazelles à rôtir que de légionnaires français à combattre.
Le million de corrompus agissant au grand jour dans les sphères étatiques et para-étatiques et, aussi, cette foultitude d’entrepreneurs sangsues agrippés aux parties juteuses du pouvoir. Des beggara de circonstance devenus par les connivences de belles mères et de braguettes de palefreniers, des raquetteurs professionnels de la manne financière publique ; chacun y trouvant son compte, sa chippa, son correctif de fin de mois difficile. C’est ainsi l’Algérie, chacun, du président au maquereau de quartier, tétant à satiété ces riches tétons étatiques. Le million d’expatriés, d’exilés et d’émigrés chassés par la misère et la hogra nationales.
Le million d’agents de répression, gardiens dressés du pouvoir (armée, gendarmes, flics, mouchards, baltaguias et divers milliers de supplétifs FLN/RND/MSP, divers milliers d’indics et de BRQuistes occasionnels attendant leur heure) nourris et entretenus au biberon du contribuable. Le million de fonctionnaires de l’Etat et de ses représentations institutionnelles, faux élus non compris ; APC, APW, APN, Sénat et autres marionnettes « scientifiquement » élues à la manière de Belle-Khadem ; ce prototype du ridicule régnant au sifflet et à la gifle et qui aspire aujourd’hui, dans un pouvoir reclus au caniveau de la forfaiture et de la ruse, à devenir président de la République après avoir mangé 40 ans de pouvoir sans partage et de soumissions à plat-ventre aux vrais et seuls maitres du pouvoir ; la casquette.
Mais dans cette comptabilité du désastre, l’addition et le cumul des tares ne faisant pas forcément les sept millions d’individus au service d’un même régime, du même clan ; un même individu pouvant être à la fois faux moudjahed, baltagui, corrompus et supplétif, rentier inassouvi du trio régnant FLN/RND/MSP. Mais ces tristes et inégalées performances ne sont ni les seules ni les plus graves qui singularisent le régime algérien jusqu’à la parodie, jusqu’au burlesque, jusqu’au crime. Il y a pire. Voici ce qu’en écrit l’éditorialiste d’El-Watan, Tayeb Belghiche, dans son article du lundi 11 juillet «La descente aux enfers»
« …Ainsi, la série noire des mauvais classements continue. Nos universités, ces lieux de création par excellence, sont classées parmi les 3000 ème; nos industries, ou ce qu’il en reste, sont parmi les moins performantes; le climat des affaires est très malsain au point qu’il faut un courage extraordinaire à un investisseur étranger pour venir s’installer chez nous ; l’agriculture est en détresse ; notre textile est remplacé par la friperie ; le pouvoir calorifique de nos voisins marocains et tunisiens est supérieur au nôtre, etc. La liste est encore longue. Nous sommes quand même en tête de peloton, mais dans un seul domaine : la corruption.
L’Algérie a encore sombré davantage dans la misère, dans la mal vie depuis une décennie alors que, paradoxalement, les prix du pétrole ont flambé sur le marché international durant la même période. Jamais misères sociale, morale, intellectuelle ne se sont autant accumulées.
Aucun haut responsable n’a rendu des comptes. Les anciens ministres ne sont jamais inquiétés même s’ils sont dénoncés pour leur contribution dans la déliquescence de l’Etat. Le règne de l’impunité est de rigueur. Le pays peut sombrer, le cauchemar peut continuer mais les principaux responsables de la catastrophe sont rivés à leur fauteuil. Aucun d’entre eux n’est effleuré par un quelconque remord de conscience… »
Lire aussi du même auteur, dans la même veine et du même courage «Les nouveaux Attila» (El-Watan du 12 juillet 2011) à propos de la destruction de l’espace vert d’Hydra «Le Bois-des-Pins». Dans tous les pays du monde, on entretient et crée des espaces verts, on crée des richesses ; dans le pays de Belle-Khadem, on les détruit. Leurs rapacités et leurs appétences sans fin à l’accaparement des biens publics les a portés tout naturellement à faire d’Alger la blanche, Alger la verdoyante, Alger qui fut naguère belle, la ville la plus sale, la plus polluée et la plus triste au monde. L’état de délabrement généralisé de nos villes et villages est à l’exacte image de leur immoralité et amoralité ajoutées et dont ils n’ont même pas conscience tant leur ignorance les aveugle.
Déliquescence et dépravation du pouvoir
C’est pourquoi M. Belle-Khadem se projette déjà président dans un pays aussi ravagé ! Un pays tombé si bas, mérite bien l’infamie d’être si mal gouverné après l’avoir été par des traitres zazou, des voyous, émargeant en bon texans à la gamelle du Mossad et de la CIA. A-t-on demandé des comptes aux texans d’Oujda qui ont pillé l’Algérie de nos ancêtres et celle de nos enfants à présent ? Dans cette Algérie-là, mise à sac par des apatrides régnants, il est bien naturel, normal même, que les belle-Khadem, et tous les sous-produits résiduels d’un pouvoir finissant, aspirent à accéder à la magistrature suprême puisque, des aventuriers, des zazous affairistes, sans liens aucun avec les racines historiques de ce pays sont parvenus à s’y incruster, à s’y imposer, à le dominer, à le diriger et à le digérer à la manière d’un hammam sans matrone. Dans ce contexte marqué par la dégradation de la fonction présidentielle – On a bien vu des illettrés, des analphabètes, des voyous, des ivrognes, devenir présidents de la République sans jamais renoncer à leurs addictions d’origine. On a bien vu des proxénètes, rabatteurs de prostituées au profit des chefs employeurs, taxieur clandestin, bâtard avéré, serveur de thé et amasseurs professionnel de chippa dans les sociétés nationales, devenir de gros et gras patrons de la communication nationale vociférant ordres et nominations allant jusqu’à gifler des walis en poste, devenir aussi patron de presse privée, ordonnant sentences et commentaires, toujours par l’intrigue et les complots, sans jamais renoncer à la seule fonction où il excelle ; la délation – On a bien vu les porteurs de couffin et mouchards comme Si Larbi, dit le Cardinal, devenir ministres et walis offrant sœurs et épouses juste pour arriver aux faveurs, aux générosités du pouvoir qu’ils servent - On a bien vu, on a bien vu…Toutes les pages du journal ne suffiraient pas à dire et à décrire ce qu’on a vu comme formes dévoyées et dépravées de ce pouvoir. Dans ce contexte là, c'est-à-dire de totale déliquescence et de dépravation du pouvoir, les trois veuves joyeuses du pouvoir, chacune attendant désespérément son tour, éplorées et mal honorées, MM AB, AO et AS, au regard des postulants élus à la fonction présidentielle, se trouvent donc forcément dans la légitimité grotesque d’attendre chacune son tour présidentiel. A cette exception près qu’ils partagent tous la bruyante et humiliante casserole d’avoir servi à genoux, la langue en érection, tous les régimes, tous les sergents, tous les adjudants et caporaux, tous les colonels et généraux détenteurs de la gamelle et des ordres.
Plus forts que les rats, les cafards et la bactérie E-coli :
Le régime algérien ressemble étrangement aux bestioles qu’il a lui-même créées, qu’il a lui-même enfantées: les cafards et les rats. Savez-vous que les rats algériens, développés et entretenus par les incuries et les incompétences de nos municipalités, relèvent d’une curiosité scientifique unique au monde. Ils sont les plus gros et les plus gras au monde. A leur vue, les chats se sauvent. Les humains aussi. J’ai vu à Alger, en pleine rue Didouche-Mourad, en plein jour, près d’un restaurant célèbre, de jeunes et jolies femmes courir et hurlant à l’hystérie poursuivies par des rats, ces bébés de Belle-Khadem, dans l’indifférence générale des passants, plutôt amusés. Plutôt habitués à vivre en commerce agréable avec cette nouvelle race de rats algérois qui sont tout autant oranais, kabyles, constantinois ou annabis. Vous remarquerez, chers humains algériens, que les rats algériens, sans aucune reconnaissance identitaire ni institutionnelle, sont les seuls vivants au monde que le pouvoir politique algérien laisse vivre en totale liberté, en totale démocratie sans que leur prospérité soit chahutée par un quelconque pesticide, raticide ou tout autre poison anti-rats. Pour ces divers abandons, le rat algérien, à l’image du pouvoir qui l’a nourri et fait prospérer, est devenu increvable, rusé, audacieux. Il peut donc durer aussi longtemps que le pouvoir qui l’a créé. Il est devenu insensible à toutes les protestations humaines, à tous les raticides, à tous les pesticides, à toutes les auto-défenses. A preuve, Sidi Bel Abbès, la ville où on «habite mieux qu’à Paris» a subi une violente attaque qui a provoqué des dizaines de morts émanant d’un mystérieux commando résolu à manger la ville. C’était des rats. Oui des vrais rats que l’incurie et les corruptions municipales ont laissé prospérer.
Des scientifiques français l’ont confirmé ; 2007 ; l’année d’annonce du troisième mandat du protecteur en chef des rats algériens. La question qu’on se pose à présent est fort simple : Sont-ce les rats qui ont appris du régime politique algérien à se maintenir et prospérer comme ils l’ont fait à ce jour ou est-ce le régime algérien qui a appris des rats pour sévir et se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir ? A vrai dire, je n’ai pas d’opinion tranchée sur la question bien que, Darwin m’influençant, j’accorde plus d’indulgence aux rats qu’aux dirigeants pillant et salissant l’Algérie qu’aux rats dont on ne connaît pas encore les atteintes aux droits et libertés le leurs congénères ; les autres rats. A-t-on vu un rat réprimer, emprisonner, torturer, tuer un autre rat ? Bouteflika bastonne, emprisonne et exile des Algériens qui ne pensent pas comme lui. C’est cela la pédagogie cognitive des humains dirigeant l’Algérie. Ils sont plus malades et plus atteints que les rats qu’ils ont fait prospérer bien moins bien que les humains qu’ils commandent. Les Algériens sont, du fait de ce pouvoir malsain, bien moins lotis, biologiquement, que les cafards et les rats. Les rats et les cafards, eux, sont libres. Pas nous.
Des cafards increvables
Mais les performances des dirigeants algériens ne se suffisent pas à ressembler par l’endurance aux rats increvables d’Alger. Comme les rats, les cafards politiques algériens sont devenus tout aussi increvables ; insensibles à tous insecticides, à tous pesticides, à toutes révoltes. Pire, les cafards algériens transgressent une loi biologique vieille de cent millions d’année qui les obligeait à ne jamais sortir à la lumière du jour, jamais. En Algérie, les cafards dirigeants, gouvernent et sévissent de jour comme de nuit. C’est une exception biologique mondiale. Elle dure depuis 50 ans. Berlin, son mur et son Etat sont tombés en deux soirs de révolte. Les Algériens se révoltent depuis trente ans. Aucun mur n’est tombé. Mieux ou pire ; les cafards algériens sont devenus volants. Comme les dirigeants algériens, muletiers pour la plupart, les cafards algériens volent, dans les deux sens du terme, de jour comme de nuit. Lors de ses deux premiers mandats, Bouteflika a passé plus de temps en avion que dans son bureau ! Savez-vous que le cafard algérien, centenaire en millions d’années, est la seule espèce vivante à avoir résisté et survécu aux essais nucléaires de Reggane ? Mais les dirigeants algériens sont bien plus forts. Ils résistent à tout.
A chaque épreuve de survie, ils s’en sortent plus forts et plus increvables ; comme les rats de Bel Abbès, comme les cafards volants et voleurs d’Alger et de Navarre. Ils ont résisté à tout, à tous les soulèvements populaires, à toutes les calamités, tremblements de terre, inondations, à Octobre 1988, au Printemps berbère, aux printemps arabes, aux jacqueries des villes et campagnes. La seule année 2010 a connu plus de dix mille révoltes et soulèvements populaires. Quelle commune d’Algérie n’a pas eu sa mairie brûlée, les administrations publiques saccagées? Quel corps social d’Est en Ouest du Nord au Sud n’a pas exprimé son ras-le-bol ? Son "Dégage!" Son "Pouvoir assassin !" Et à chaque confrontation frontale avec le peuple, ce pouvoir hybride en sort renforcé à chaque fois renforcé, plus résistant que les rats, plus fort que les cafards volants. Le voilà, ce pouvoir, qu’il se promet à lui même de changer pour ne plus ressembler aux rats ni aux cafards qu’il a génités. En fait, par le bas comme par le haut, il ne peut ressembler qu’à lui-même c'est-à-dire pire que les races associées des cafards et des rats. Pour se maintenir et durer au pouvoir, les dirigeants arabes en général et algériens en particulier font mieux et pire que la bactérie E. coli dont le pouvoir de nuisance se mesure à ses capacités de muer, de changer d’apparence, de changer de peau. Comme le serpent. C’est ce qu’on appelle communément un pouvoir protéiforme, c'est-à-dire un pouvoir changeant d’apparence et de forme, qui change sans rien bouger, qui bouge sans rien changer. C’est cela les rats souverains arabes que décrit le chroniqueur d’Oran. Mais ce que n’a pas suffisamment relevé mon ami Kamel, c’est cette différence pathologique entre un dictateur arabe et un dictateur ordinaire, entre un dirigeant israélien et un dirigeant khourouto, propriétaire de trône ou de koursi, c’est cette différence humiliante et décadente qui a poussé les peuples arabes à envahir les places et les rues pour crier leur soif de liberté, pour dire leur résolution de sortir de l’hiver des dictatures, pour rejoindre enfin le printemps des peuples libres de la planète. Cette différence que les dictateurs arabes ne peuvent pas comprendre, la voici : un dirigeant israélien se dépense à transformer ses propres excréments en énergie, le dirigeant arabe, lui, dans son abyssale ignorance et son génie maléfique, transforme son énergie pétrolière en excréments humains.
Résultats de la course ; chaque ressortissant des dictatures pétrolières transforme une tonne de pétrole vendue, en kilos de merde. Chaque ressortissant israélien pense à transformer ses kilos de merde en KW d’électricité qu’il vendra aux Arabes. La différence c’est aussi cette jeune et belle Israélienne qui cingle les airs aux commandes de son F16 pour veiller au sommeil et à l’hibernation des princes arabes pendant que la police religieuse du roi veille au respect de la loi de Dieu qui interdit de toucher au volant de l’automobile et à la selle de la bicyclette. Et si Dieu, dans sa grande mansuétude et sa grande attention vis-à-vis des femmes saoudiennes en les sauvant des tentations sataniques de l’automobile et de la bicyclette, pourquoi donc, Mohamed, notre bien aimé et respecté prophète (QLSSL) n’a-t-il pas interdit à sa belle et adorée Aïcha, de monter le chameau, le cheval, moyens de locomotion autrement plus érotique qu’une misérable automobile. C’est que notre saint prophète avait bien plus d’intelligence et de tolérance que ces dictateurs arabes demeurés et incultes plus proche de la race des rats que de celle des humains. C’est le seul point sur lequel Darwin s’est trompé. Les dictateurs arabes ne descendent ni du singe ni directement de l’arbre. Leur involution les fait remonter sur l’arbre, pour recouvrer peu à peu leur nature originelle de singes régnants. C’est ce que les peuples arabes ne veulent plus, même au prix de leur vie. Mille excuses aux sympathiques singes pour les avoir comparé aux dictateurs sanguinaires et stupides arabes. Poutakhine aussi, par la précision et la dérision, raconte cela ; ces horreurs dont on a honte. Ces horreurs qui font encore plus mal au pays de deux cent mille cadres et scientifiques exilés. Le pays de Belle-Khadem et Ouyaya maintenant. Hachakoum mes frères d’évoquer ces coursiers de la casquette régnante. Mais est-ce vraiment suffisant de nous indigner seulement ? Peut-être pas. Mais commençons toujours par cela. Après tout, tous les grands fleuves comme les grandes révoltes naissent tous de la même manière : de la rencontre et de la somme de petits ruisseaux. Y compris de nos larmes non vengées.
M. Abassa
(*) Le titre n’est pas de moi. Je l’ai emprunté au talentueux et courageux chroniqueur du Quotidien d’Oran, Kamel Daoud.