«Toutes les kasmas, de Dunkerque à Tamanrasset, enjoignent les forces de l’Otan d’épargner Tripoli de ses bombardements: le FLN/ ALN n’y a pas encore achevé son congrès.»
Kurzas
Il faut, comme disent les Anciens, louer le Ciel d’avoir effleuré de sa Divine Lumière ces hommes qui ont la lourde tâche de nous gouverner. Il faut reconnaître qu’il y a là une main de la Providence, cela ne peut pas s’expliquer autrement que par une intervention occulte des forces bénéfiques du monde de la Lumière pour que la Sagesse pénètre enfin dans ces âmes qui ont erré, presque un demi-siècle durant. Il n’y a pas d’autre explication plausible. Ce n’est pas une simple rumeur, un de ces ballons d’essai lâchés par des hommes bien renseignés pour évaluer l’état du baromètre de la Nation ou pour tester les capacités de réaction et de résistance d’une population mise à mal par des décennies d’improvisations et de fourvoiement. Bien que les auteurs de ces changements tant espérés et tant attendus, se soient murés dans un mutisme plein d’humilité et de pudeur, la volonté est réelle, elle est palpable dans toutes les déclarations d’hommes et de femmes connus comme étant des sources autorisées et crédibles: il y a une ferme volonté de changement dans les hautes couches de la stratosphère, celles qui décident de la disponibilité du sachet de lait subventionné ou de la Digoxine dans les pharmacies conventionnées. Il ne faut pas croire que c’est encore une de ces farces qu’on prépare à la veille de chaque 1er Avril qui, comme chacun le sait, est la Journée du rire désintéressé, non pas ce rire grimaçant qu’on exhibe avec ostentation pour faire plaisir au chef qui vient de raconter une blague éculée, non, c’est un rire franc et exonéré de toute suspicion. Le 1er Avril est la journée où les gens de bonne humeur, ceux qui sont nés sous le double signe d’Eros et de Bacchus disent: «Blagueurs de tous les pays, unissez-vous!» Ah! si tous les plaisantins du monde pouvaient se donner la main!
Je m’égare encore une fois dans un de ces rêves fous d’universaliste! Bref, l’affaire parait sérieuse. N’allez pas croire davantage que cette volonté de réformes ait été dictée par des considérations extérieures, qu’elle soit due à ce vent, à ce foëhn qui souffle de Bahreïn jusqu’à la Grande Mosquée de Casablanca, en passant par le Yémen, ou qu’elle était prise à cause des commentaires désobligeants révélés par WikiLeaks, ou qu’elle ait été imposée par le diktat de quelque deuxième conseiller d’une légation d’un pays de l’Otan. Non, la volonté est réelle et spontanée, cela fait même plus d’une décennie qu’elle dort au fond d’un tiroir, assoupie et frileuse: comme elle est polie et bien élevée, elle ne voulait pas déranger les tireurs de ficelles, les prestidigitateurs aux multiples mains...
C’est tout de même difficile de se présenter comme cela, du jour au lendemain, chez des gens sérieux occupés à se remplir les poches et les poches à leurs amis et de leur dire tout bonnement: «Je suis le changement! Ôtez-vous de là que je m’y mette.» Mais non, ce ne sont pas des manières de citadin! Il faut sonner à la porte des gens sûrs d’eux, ceux qui sont engoncés dans la confortable et douillette habitude. Souvenez-vous simplement du grand tollé provoqué par les gens à qui l’Administration, impartiale et catégorique, avait demandé de quitter les taudis du Club des Pins au lendemain d’un changement de Premier ministre: cela a failli provoquer une révolution. Les gens ont commencé à crier au crime de lèse-majesté....J’en passe et des meilleures: pour l’instant, la volonté de changement est bien là et tout le monde attend de voir les charmes de cette nouvelle fiancée.
Selim M’SILI