L’ONU forcée au silence
Une condamnation de la répression en Syrie n’est certainement pas une fin en soi, mais elle aurait sonné comme une sérieuse mise en garde contre ceux qui l’ont ordonnée, tout en signifiant à ceux qui luttent pour la liberté, que désormais, ils ne sont pas seuls. Si elle l’avait fait, l’ONU serait dans son rôle de faiseur de paix comme le lui ordonne sa Charte. C’est ainsi que s’écrivent les relations internationales, mais pas uniquement, car il y a des coups de force, ou des actions unilatérales qui n’ont jamais réglé quoi que ce soit. Elle ne l’a pas fait. Une attente manquée et un espoir déçu. Encore faut-il rappeler que la condamnation en question n’est pas celle à laquelle on pense généralement, et qui est celle de l’Etat à l’origine de cette politique.
En fait, le strict minimum dans le chapitre des libertés que l’ONU, pourtant forte de son arsenal, est censée surveiller et défendre. Il ne s’agit pas d’accabler l’ONU, car cette incapacité à s’emparer du dossier syrien, malgré toutes les alertes, et toutes les émotions, n’est pas la sienne, même si elle en endosse la responsabilité. Bien malgré elle, doit-on dire avec beaucoup de regret pour une institution qui n’échappe ni aux marchandages, ni aux fluctuations dans le rapport de forces. C’est ainsi que le Conseil de sécurité des Nations unies a rappelé, lundi, ce triste constat, étant empêché d’aller au fond d’une question qui bouleverse l’opinion internationale. Celle-ci ne vote pas, elle peut tout juste dire sa colère face à la répression des manifestations en Syrie. Des centaines de morts depuis le mois de mars dernier.
L’on parle aussi de 3000 disparus et de 12 000 personnes jetées en prison. Que faut-il en conclure, si ce n’est une certaine tristesse, car assurément, si les positions des uns et des autres parmi les quinze membres du Conseil de sécurité sont à ce point éloignées, c’est qu’il y a problème, même si une majorité se dégage pour parler de répression et de violence. A ce niveau des discussions, chaque élément doit être pris pour ce qu’il est. L’on apprend en effet que tous les pays avaient exprimé leur préoccupation devant l’intensification de la répression. Se ranger à cette position est en soi un élément important, mais en tout état de cause, insuffisant, surtout pour ceux qui souffrent et affrontent l’arsenal répressif syrien.
Et si cela ne s’est pas traduit par une position qui soit conséquente, c’est que l’écart non seulement est encore présent, mais qu’il est bien profond, suscité sinon aggravé par ce qu’on appelle déjà le cas libyen, les Occidentaux étant accusés de s’être servis de résolutions de l’instance onusienne pour attaquer la Libye. Là, il y a effectivement matière à débat, mais les Syriens n’en ont que faire, eux qui font face à une machine de guerre. C’est justement le travail des diplomates qui consiste à cerner au mieux les questions délicates, afin d’éviter la moindre manipulation.