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jasmin

  • À la croisée du jasmin et des gourdins !


    Par Hakim Laâlam  
    Email : laalamh@yahoo.fr Le problème n’est pas tant que Boutef’ se rende en Tunisie. Non !
    C’est plutôt qu’il…

    … en revienne !

    À un moment donné, on ne peut plus rester les bras ballants au carrefour. L’air bêtement hésitant. Je dis ça après avoir lu que des responsables du FLN se sont battus à coups de gourdins à Boumerdès. Le monde frémit, tressaute, se met en réseaux sociaux, se tisse en toile serrée, et ici, en terre d’Al-Djazaïr, nous en sommes encore à l’âge des cavernes politiques, les préhistoriques du Front usant du seul argument dont ils maîtrisent le maniement, le gourdin. Lorsqu’ils ne le couplent pas au chien d’attaque féroce, duo inénarrable de la vie partisane à l’algérienne. Je veux bien écouter toutes les bonnes âmes qui tentent de me convaincre que les printemps arabes sont le produit formaté d’une manipulation de laboratoires américains et européens sous-traitant leur processus de déstabilisation auprès d’émirs bedonnants et obséquieux au diable. Je veux bien tout ça. Mais en même temps, cette explication ne suffit pas à accepter de se faire gouverner encore et encore par la tribu des gourdins et du doberman. Je le répète, à un moment ou à un autre, il faut choisir. Il n’y a pas de statu quo possible entre la grosse manip’ et l’ère des cavernes. Car même du temps de l’homme préhistorique, un jour, cet être aux allures grossières prit un bout de charbon et se mit en tête de dessiner. De produire du beau. De fournir du sens à sa vie. Quel sens donner à des responsables politiques qui se tapent sur la tête à coups de gourdins, revendiquant chacun pour sa petite chapelle (oups !) une part des restes souillés des martyrs ? Tout, sauf le gourdin et le clebs ! Oui ! J’en suis là ! Et Belkhadem aura beau crier à qui veut l’entendre que personne ne dictera des réformes aux Algériens, je crie à mon tour à gorge déployée : «Me faire dicter ma vie par des manieurs de gourdins ? Plutôt crever.» Qu’est-ce qui peut m’unir à des gens qui règlent leurs contentieux politiques avec des bâtons ? Que puis-je partager avec des mouhafedhs ou des postulants mouhafedhs qui se combattent avec des matraques et des barres de fer ? Quel véritable lien de patrie ai-je avec cette engeance ? Le fait même de savoir que ces «Gourdinistes» se foutent dans la gueule au nom de l’histoire de mon pays, se bastonnent en brandissant la mémoire collective au bout de leurs armes comme autant de baïonnettes est une souffrance terrible, un supplice, une torture, une aliénation de ma matrice originelle. A un moment donné, je le répète une fois de plus, il faut quitter la posture imbécilement attentiste au carrefour et opter, choisir, se déterminer : soit rester otage de la tribu du gourdin, soit résolument marcher sur les traces, sur les pas des premiers ouvriers, des premiers cultivateurs, des tailleurs de silex, des artistes enlumineurs de grottes, des grands découvreurs, des marins fous, des manufacturiers, des pionniers, des rats de bibliothèques ou des chercheurs en blouse blanche usant leurs yeux à observer sans fin un alambic ou s’esquintant la santé à prélever des morceaux sur le cadavre d’un chien enragé, avec au fond de leurs prunelles en permanence allumées le désir insatiable de comprendre le monde et d’en atténuer les souffrances. Choisir ! Choisir ! Choisir ! Car on ne peut faire partie des deux tribus tellement elles ne vivent déjà plus dans le même monde. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.