Dans un entretien accordé au quotidien arabophone El Khabar, Ahmed Taleb Ibrahimi, l'idéologue de la doctrine de "l'arabisation" dans les années 70, se découvre une origine amazighe. Par ailleurs, s'exprimant sur les Révolutions arabes, il considère que celles-ci favorisent un retour au colonialisme.
Après un long silence ayant suivi sa décision de se retirer de la vie politique et l’autodissolution en 2008 de son parti non agréé, Wafa, proche de l’ex-Fis dont il a réclamé le retour à la légalité, Ahmed Taleb Ibrahimi revient sur la scène médiatique dans un entretien accordé au quotidien arabophone El Khabar.
Essentiellement tournés vers le passé de l’Algérie des années soixante-dix dont il fut l’idéologue de l’arabisation, les propos de l’ex-ministre de l’Education et de la culture sous le président Houari Boumledienne ont un lien avec l’actualité qui secoue l’Algérie de cette dernière décennie. C’est un Taleb Ibrahimi qui fait une sorte de mea-culpa sur l’occultation et la répression de l’identité et de la langue amazighes à cette époque d’une arabisation en tant qu’idéologie outrancière de l’arabo-baâthisme au sein de l’institution qui n’avait de "scolaire" et de "culturel" que le nom.
Ainsi, à la question de savoir les raisons pour lesquelles la dimension amazighe n’était pas apparue à son époque, Ahmed Taleb parle d’"erreur" et non de "faute" : "Je disais toujours que nous avons commis une erreur après l'indépendance du pays, quand nous avons attaché le discours national à celui de l'identité, en insistant seulement sur l'arabité et l'islam, négligeant l'amazighité. L'occupant français n'a pas combattu l'amazighité, conscient que cela n'était pas possible, mais il a essayé de remplacer l'arabe par le français et l'Islam par le christianisme. De ce fait, il était normal que le mouvement national se base sur l'Islam et l'arabité." L’explication qu’en donne Ahmed Taleb Ibrahimi est celle justement de ces années soixante-dix durant lesquelles l’idéologie d’un arabo-islamisme brimé, réprimé durant toute la période coloniale et qu’il fallait recouvrer, réhabiliter, fructifier et inscrire dans la constitution comme identité de l’Etat algérien par la répression de la dimension amazighe considérée comme "alliée" de la France puisque celle-ci, selon les propos de Taleb Ibrahimi, ne l’a pas combattue.
Mieux, il laisse entendre, ce faisant, que la crise berbéro-nationaliste de 1949 dont les promoteurs comme Benaï Ouali ont été exclus du parti et certains assassinés par des ultra-nationalistes, acquis à l’idée fasciste qu’aucune autre "sensibilité" de l’identité algérienne ne devrait s’exprimer, émerger dans le mouvement national entièrement pris en otage par le courant arabo-baâthiste.
R. M.
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