boutef le traitre
Tayeb Belaïz a été nommé jeudi président du Conseil constitutionnel par Bouteflika. Gouverner c’est prévoir et en l'espèce le président Bouteflika ne laisse rien au hasard.
Le futur se construit maintenant. La fin de son troisième et normalement dernier mandat se prépare à la veille des législatives ; si le scénario n’a pas été écrit il y a quelques mois déjà. Aussi, pour ne pas se retrouver sur une mauvaise pente, le président pose ses jalons un par un pour baliser la prochaine présidentielle, éviter les surprises. Et les petites portes de sortie. Pour cela, il vient d’introniser à la tête du Conseil constitutionnel un de ses plus fidèles ministres : Tayeb Belaïz (64 ans). Il prend la place de Boualem Bessaïeh. Cet ancien cacique du FLN, plusieurs fois ambassadeur, quitte, à 82 ans, ce poste stratégique de second personnage de l’Etat et le laisser à un des hommes de confiance du président. Dans un communiqué concis et sans tapage, la présidence de la république indique : "Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a pris, ce jour, un décret présidentiel portant nomination de M. Tayeb Belaïz, en qualité de président du Conseil constitutionnel conformément à l’article 164 de la Constitution, en remplacement de M. Boualem Bessaïeh".
Né à Tlemcen, Tayeb Belaïz fait partie de ce clan qui détient les postes clé du pouvoir depuis l’arrivée de Bouteflika à El Mouradia. Ministre depuis 9 ans, le communiqué de la présidence ne précise toutefois pas qui le remplace au département de la Justice.
A travers cette nomination, il est manifeste qu’Abdelaziz Bouteflika n’entend pas voir le centre de gravité du pouvoir lui échapper. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’est très vite entouré d’une cour de hauts cadres, ministres qui constituent autant de rouages et de soutiens au système Bouteflika. Dès son arrivée il s’était employé à placer ses hommes à tous les étages du pouvoir. Des walis jusqu’à l’état-major de l’armée. L’homme est madré. Les ficelles de la politique, les jeux d’ombres, les tête-à-queue, les manœuvres, il en fait son miel.
Le président se sait ces dernières années diminué par la maladie et l’âge, mais ne veut rien lâcher. D’ailleurs son discours d’avril dernier est un concentré de fausses promesses en vue d’un coup d’état électoral.
2014 c’est dans deux ans avec toutes les surprises qui pourraient survenir, mais Bouteflika voulait avoir un coup d’avance sur ses adversaires. Le précédent de Chadli en janvier 1992 est encore dans les mémoires. Donc préparer l’après-Bouteflika à sa guise. Oui, après trois mandats et surtout une législative dont il semble avoir écrit les détails, Bouteflika entend rester seul maître à la barre Algérie jusqu’à la fin. Pour le président, il n'y a pas de pacte social, mais un pacte politique. Ou d'exercice du pouvoir. Le bilan des trois mandats attendra.
Yacine K.