Samia Amine
L'annonce faite par le président de la République lors de son discours du 15 avril sur l'ouverture de la télévision et de la radio publiques à tous les courants politiques ne semble avoir eu aucun impact sur le fonctionnement de ces médias.
Les activités de nombre de partis politiques, de syndicats et d'associations sont toujours censurées par l'Unique. Dernier fait en date, la censure des activités de AHD 54, le parti de Fawzi Rebaïne. « Nous avons pris acte de vos absences répétitives de toutes nos manifestations politiques malgré nos invitations officielles jusqu'à ce 23 avril 2011, date de la rencontre nationale des Secrétaires de Wilayas à la Mutuelle des Travailleurs des Matériaux de Construction de Zéralda », indique cette formation politique dans une lettre adressée au directeur de l'ENTV interpellant ce responsable. AHD 54 fait remarquer que même si la couverture de l'événement a été assurée, aucune image n'a été diffusée au journal télévisé de 20 heures, « sans qu'aucune explication ne soit donnée », ajoute‑t‑il.
L'ouverture des médias audiovisuels à toutes les sensibilités politiques et culturelles a été annoncée dans la foulée des réformes décidées après les émeutes de début janvier et dernièrement par le président de la République lors de son dernier discours à la Nation. Depuis, des événements organisés par des partis politiques, des syndicats et des associations continuent à être censurés, quand l'information n'est pas déformée.
Alors que les rencontres de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) de Benbitour, ceux du Front des forces socialistes (FFS) sont régulièrement couverts, ceux du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) et de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) sont quasiment ignorés. L'ENTV n'a rapporté que les marches empêchées par les forces de l'ordre. Ce traitement tendancieux et partial de l'information relative aux mouvements de protestation a fini par discréditer complètement ce média. La « chasse » aux équipes de journalistes et de techniciens travaillant pour l'ENTV lors de certains évènements, à l'instar du premier meeting organisé par le FFS à Alger en est la preuve.