On a déduit par exemple 22% de 630 DA, prix anciennement appliqué pour cinq litres d’huile Elio pour arriver au prix d’usine de 495DA pratiqué par Cevital actuellement», explique M. Rebrab.
Les nouveaux prix du sucre et de l’huile appliqués par le groupe Cevital depuis quelques jours ont mécontenté les autres opérateurs qui l’accusent de
casser les prix. Contacté hier, le PDG de Cevital, Issad Rebrab, réfute ces accusations et déclare appliquer strictement l’accord conclu avec le gouvernement en répercutant les baisses de taxes accordées aux opérateurs sur les prix : «Nous n’avons fait que répercuter la défiscalisation de 22% accordée par le gouvernement sur nos prix d’usine.»
Ce dernier fait remarquer que l’accord prévoit un prix maximum de 90 DA le kilo de sucre et 600 DA les cinq litres d’huile, ce qui n’empêche aucunement les opérateurs de faire jouer la concurrence dans un marché libre. «Il faut bien qu’il y ait une compétition entre les producteurs», déclare Rebrab qui précise que son groupe cède en sortie d’usine, le kilo de sucre à 75,5 DA, le sac de 50 kg de sucre à 69,5 DA et la bonbonne de 5 litres d’huile à 495 DA «Nous laissons une marge aux distributeurs, aux grossistes, aux demi-grossistes et aux détaillants, et ainsi de suite jusqu’à l’épicier qui peut donc vendre, par exemple, le kilo de sucre à moins de 90 DA, prix plafond fixé par le gouvernement.»
M. Rebrab estime tout à fait logique de s’astreindre à répercuter la baisse des taxes pour en faire bénéficier le consommateur. «La baisse des taxes ne signifie pas que cet argent reste dans nos poches mais qu’il bénéficie au consommateur», souligne le patron de Cevital. M. Rebrab s’inquiète en fait de voir la défiscalisation de 52,1% accordée aux importateurs – alors que les producteurs ne bénéficient que de 22% – mise à profit pour inonder le marché du sucre. «Je suis obligé de défendre mon activité contre les étrangers qui risquent de saturer le marché», nous dit M. Rebrab qui estime que les mesures du gouvernement favorisent les importateurs au détriment des raffineurs qui risquent de mettre la clé sous le paillasson. «Si je ne baisse pas les prix, ce sont les étrangers qui vont inonder le marché. Je ne peux pas laisser faire cela alors que notre production est excédentaire et que nous sommes déjà placés sur le marché extérieur. L’année dernière, nous avons exporté 400 000 tonnes de sucre et cette année nous exporterons 800 000 tonnes», affirme M. Rebrab. Interrogé à propos d’une mise en demeure que le ministère du Commerce lui a envoyé pour lui demander de se conformer aux termes de l’accord signé avec le gouvernement, Issad Rebrab affirme qu’il n’a pas reçu de «mise en demeure» mais plutôt «une lettre signée par le directeur de la lutte contre la fraude et la concurrence au ministère du Commerce, à laquelle il a répondu» par l’argumentaire qu’il nous a exposé ci-dessus. Le patron de Cevital qui doit rencontrer le même responsable du ministère du Commerce aujourd’hui, a également demandé, nous dit-il, à rencontrer le ministre du Commerce, M. Benbada, pour obtenir des explications sur la polémique qui entoure les prix du sucre et de l’huile.
Il est à noter que, selon une dépêche de l’APS, plusieurs opérateurs dans la production et la transformation du sucre et de l’huile se sont élevés, ces deux derniers jours, contre les nouvelles pratiques exercées par Cevital pour «casser les prix de ces deux produits, élargir sa part de marché et maintenir sa position dominante sur ces deux produits».
Face à cette situation, le groupe agroalimentaire Cevital a été sommé, selon l’APS, par le ministère du Commerce à se conformer à l’accord conclu dimanche dernier avec les opérateurs économiques, producteurs et importateurs, du sucre et d’huile pour faire baisser les prix de ces deux produits. Les équipes de contrôle dépêchées par la direction du contrôle des prix et de la répression des fraudes pour vérifier l’application de cet accord «ont constaté que les prix appliqués par Cevital sur le sucre et l’huile ne sont pas conformes aux termes de l’accord», selon une source du ministère du Commerce citée par l’APS. «Ces pratiques déloyales auxquelles a eu recours à partir de mardi cet opérateur ont provoqué une anarchie totale» sur le marché, affirment les mêmes sources, selon lesquelles, «il n’a pas appliqué les termes de l’accord convenu avec le ministère du Commerce pour faire baisser les prix de ces deux produits».