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l’algÉrie sous contrÔle americain

  • L’ALGÉRIE SOUS CONTRÔLE AMERICAIN

      Dans l'article "Qui a enlevé les otages du Sahara?" nous mettons en évidence la convergence d’un faisceau de raisons nous amenant à soupçonner un service officiel algérien d’avoir ordonné la récente prise d’otages dans le Sahara.
     Employant un conditionnel bien inutile, le "Quotidien d’Oran" du 20 juillet 2003 révélait: "Parmi les nombreux projets antiterroristes américains en Afrique, figurerait l’installation d’une base militaire dans le sud algérien..."
     
     UNE BASE AMÉRICAINE DANS LE DÉSERT ALGÉRIEN

    La base existe déjà. Elle est située à côté de l’oasis d’Ihérir, à 110 km nord-ouest de Djanet, et à 220 km de la frontière libyenne dans le Tassili des Adjer. A 120 km au nord, se trouve la bourgade d’Illizi, l’endroit où les touristes, pour la plupart allemands, ont été enlevés au début de l’année et rendus pour les derniers le 18 août (1).

     

     D’après des témoins, des bulldozers ont été aperçus déplacés sur des camions dans la région d’Illizi. D’autres personnes affirment avoir vu passer des porte-chars chargés de grosses boules brillantes et de paraboles de radars. Elles parlent d’un grand nombre de véhicules et d’hélicoptères survolant le convoi. Sur le passage de ce dernier, la population des agglomérations traversées étaient consignée dans les maisons et tous les commerces fermés.


    Deux généraux algériens jouent un rôle essentiel dans l’installation de la base américaine d’Iherir.

    gLe général Kamel Abderrahmane, ancien colonel à la DRS (2) du CPMI (3). Il dirige aujourd’hui la deuxième région militaire, celle d’Oranie. Il a été chargé de la couverture médiatique de l’affaire des otages et de celle de l’installation de la base américaine. Il aurait acheté le "Quotidien d’Oran" en se servant d’un prête-nom. Ceci expliquerait les "révélations" faites par ce journal sur le prétendu plan anterroriste américain.

    gLe général Abdelmajid Saheb dirige depuis 1999 la 4ème région militaire, comprenant Ouargla et Djanet. Il a reçu pour mission d’assurer la coordination du transport des engins et équipements nécessaires à l’installation de la base. Chef de la région depuis quatre ans, il la connaît bien pour avoir été l’adjoint du commandant précédent. Il a en outre effectué plusieurs déplacements aux Etats-Unis pour recevoir des instructions.

    Il y a plus surprenant. L’armée américaine ne peut suffire à la tâche, assignée par le commandement, de quadrillage de la planète. Ceci explique le recours à une entreprise, fournissant des mercenaires, pour assurer la sécurité de la base.

    Il s’agit "d’Executive Outcomes," ou du moins de ses héritiers. Cette société jouit d’une unité de travail à la caserne algéroise de Ben Aknoun, là où se tient la DRS (2). Elle dispose aussi d’un bureau de liaison à Ouargla, siège de la 4ème région militaire dirigée par le général Abdelmajid Saheb.

     

     Nous avons obtenu quelques noms des cadres oeuvrant en Algérie dans le cadre de cette opération (4).

     

    gLe commandant Emanuel Damink. Ancien des renseignements sud-africains sous le régime de l’apartheid, il a la charge du recrutement et de la collecte des renseignements sur les réseaux islamistes dans le monde. Entre autres missions, il a lui-même assuré l’évacuation vers les États-Unis de pièces d’équipements nucléaires entreposées par l’Irak sur le sol algérien. Ce transfert était une condition impérative au maintien des bonnes relations entre Alger et Washington.

     

    gLe capitaine Stefan Desmond. Ancien officier du contre-espionnage sud-africain. Expert en armes chimiques et en explosifs, il aurait supervisé le largage de gaz de combat sur des maquis islamistes en Algérie. Chargé de la sécurité intérieure d’Executive Outcomes, on le présente aussi comme un spécialiste de la torture dite "scientifique." Les Français ont quelques raisons de lui en vouloir car il a monté des mises en scène macabres de prétendus charniers de l’armée française. Les squelettes, supposés remonter à l’époque coloniale, avaient les mains attachées dans le dos par du fil de fer. Étrangement, et en dépit des années, aucune piqûre de rouille ne marquait le métal. Desmond est très proche du colonel Othman Tartag, dit Bachir, le chef du CPMI (3) et successeur à ce poste du général Kamel Abderrahamane (voir plus haut). Très brun et les cheveux frisés, Desmond se fait passer pour un Égyptien quand il doit se fondre dans l’environnement.

     Executive Outcomes A la fin des années 70, Eeben Barlow a quitté la Rhodésie, devenue Zimbabwe, où il servait dans l’armée. En 1983, on le retrouve dans les forces de sécurité sud-africaines, au "Directorate of Covert Collection" puis au "Civil Cooperation Bureau." En 1989, avec le début du démantèlement du régime de "l’apartheid," il crée Executive Outcomes, une entreprise de soldats de fortune. "Nous offrons une variété de services aux gouvernements en place, comprenant l’entraînement des fantassins, la guerre clandestine, des programmes de contre-espionnage, de renseignement, de formation de troupes spéciales et de parachutistes," explique-t-il alors à un journaliste. Il commande 5000 hommes, dispose d’une flotte d’hélicoptères de combat d’origine soviétique, d’une artillerie et d’une unité de tanks.
    Pendant la guerre froide, Eeben Barlow avait participé à l’entraînement des hommes de Jonas Savimbi, rebelle angolais au régime marxiste de Luanda. Pourtant, de 1993 à 1996, avec Executive Outcomes, pour 40 millions de dollars par an, il entraîne l’armée du pouvoir communiste contre ses anciens amis.
    En 1995 et 1996, les troupes de Barlow interviennent en Sierra Leone pour réprimer la révolte du "Front Révolutionnaire." Outre un salaire de 35 millions de dollars, ils se paient en obtenant des mines de diamants en concession.
    Mais, en 1998, le gouvernement sud-africain ordonne la fermeture d’Executive Outcomes. Officiellement l’entreprise disparaît.

     Enfin, le troisième des noms dont nous disposons.


    gLe commandant Uri Barsony. Il met en valeur une autre facette de la politique algérienne: les liens tissés entre Alger et les Israéliens. Si Barsony est un ancien officier supérieur sud-africain, il a aussi la nationalité israélienne. Il supervise l’entraînement des hommes d’Executive Outcomes et celui des Forces spéciales algériennes à Biskra. Mais, surtout, c’est lui qui effectue les achats d’armement sur le marché israélien, en particulier les lunettes de vision nocturne, autrefois fournies par les Français, et le napalm, plusieurs fois utilisé dans les montagnes de Kabylie. Barsony travaille en étroites relations avec le Shin Beth, le contre-espionnage israélien. Il s’est rendu à de nombreuses reprises, afin d’y enquêter, sur l’île de Jerba (Tunisie), après l’attentat commis contre la synagogue (avril 2001, 21 morts).

    En outre, Barsony apparaît comme l’un des principaux responsables des liens nouvellement tissés entre l’Algérie et Israël. Très proche du général Sadek Kitouni, ancien ambassadeur d’Algérie en Afrique du Sud, il a travaillé avec lui à la création d’une "Association d’amitié et de solidarité économique Algérie-Israël," installée à Alger.

    Barsony n’est pas seul à s’activer en faveur du rapprochement entre Israël et l’Algérie. Déjà cité, son collègue Damink a organisé un voyage en Italie au cours duquel Abdelaziz Bouteflika, le Président de la République, a rencontré Dany Yatom, l’ancien patron du Mossad (5). Il a aussi mis sur pied des stages de formation d’officiers de la DRS (2) au centre du Mossad basé dans la banlieue de Tel-Aviv.

    On mesure l’importance prise par les mercenaires sud-africains en Algérie. On se demande cependant la raison de leur présence autour d’une base perdue dans le désert.

    Uri Barsony donne, à qui veut l’entendre, trois raisons:
    * La lutte contre l’islamisme,
    * la protection des champs de pétrole,
    * et celle des gisements d’uranium.

     Où SONT LES HOMMES D’EXECUTIVE OUTCOMES?

    Après l’interdiction d’Executive Outcomes en Afrique du Sud, ses bureaux à Johannesburg sont repris par une nouvelle société, NFD (pour "Nicholas Frederick Duncan Ltd"). Cette entreprise se manifeste en 2002 comme pourvoyeuse de soldats auprès des compagnies exploitant le pétrole du Soudan. Une officine Executive Outcome s’ouvre aux États-Unis. Enfin, sur Internet, sous ce nom, on est automatiquement dirigé vers la société "Northbridge Services Group," autre fournisseur de mercenaires. 


    La conclusion s’impose, Executive Outcomes n’est pas morte. Elle a explosé en plusieurs sociétés alimentées par le même vivier de mercenaires.

     Manque de chance. Jusqu’à l’affaire d’otages, croyons-nous, montée par les services algériens dans la région de la base d’Ihérir, on ne parlait pas de maquis islamistes dans le Sahara. Quant aux champs de pétrole, ils sont à plus de 300 km et les mines d’uranium sont dans un autre pays, le Niger, à 700 km.

    Trois autres options sont plus crédibles.

    j-D’une part, l’importance des travaux engagés, la description de plusieurs radars et la position élevée du site, dans le Tassili des Adjer, nous fait à penser à une base d’écoute pour espionner la Libye voisine.

    k-D’autre part, on sait des opposants libyens entraînés à la guérilla par les hommes de Barsony à proximité de la base. Lui-même ne fait pas secret de son opinion. "Il faut, clame-t-il, éliminer Kadhafi (le chef de l’État libyen) pour que le terrorisme islamiste n’ait plus d’appui dans la région..."

    l-Enfin, chassé d’Afrique du Sud, Executive Outcomes a besoin d’une base sûre et discrète. Pourquoi pas dans le Sahara algérien et sous protection américaine?

     L’importance du rôle des mercenaires dans le dispositif stratégique américain devrait susciter une réflexion des Français.

     

    Pourtant, le 3 avril dernier, notre ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, présentait un projet de loi pour interdire à notre pays le recours aux mercenaires.

     

    "La France, dit-elle, se devait de réagir... le mercenariat est en effet un phénomène dangereux. Il pérennise des situations de crise dans les États les plus fragiles... La France a donc le devoir de combattre le mercenariat..."


    Les Américains n’ont pas ces scrupules!