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l’algérie doit changer

  • L’Algérie doit changer

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    Ils prennent «timidement» le relais des «émeutiers». Les partis de l’opposition démocratiques, les syndicats autonomes et les associations et organisations de la «société civile» multiplient les initiatives, lancent des appels insistants à la construction d’une «alternative démocratique».

    Levée de l’état d’urgence, ouverture du champ politique et médiatique, rétablissement des libertés civiles, garantie des droits d’association et de manifestation, un SMIG politique sur lequel peuvent s’entendre nombre de formations politiques de la mouvance démocratique.
    La convergence démocratique aura-t-elle pour autant lieu ? Les partis de l’opposition démocratique, les syndicats autonomes et les associations et organisations de la «société civile» sauront-ils cette fois-ci transcender leurs clivages traditionnels pour porter une alternative viable à un régime algérien que d’aucuns qualifient d’«autiste», de «cynique», de «myope», de «brutal», de «rentier», d’«autoritaire», de «corrompu et corrupteur»…. Des «passerelles objectives» peuvent-elles être jetées entre les forces éclatées de la mouvance démocratique ?


    Chez le plus vieux parti de l’opposition, le Front des forces socialistes (FFS) en l’occurrence, on est plus que jamais «convaincu que des possibilités existent pour une alternative démocratique» tout en refusant de s’inscrire dans une «alternance clanique». Le FFS a appelé avant-hier les Algériens «à se mettre en mouvement pacifiquement pour imposer une ouverture politique réelle» et réitère «l’urgence» de prise de mesures d’ouverture politique, à savoir la levée de l’état d’urgence, le rétablissement des libertés civiles, l’ouverture du champ médiatique et  garantie des droits d’association et de manifestation. «La situation actuelle montre que l’alternative démocratique ne s’improvise pas. Nous devons regarder vers nos voisins tunisiens et les saluer. Ce qui se passe en Tunisie est le fruit des efforts des vraies élites qui n’ont pas perdu leur âme, qui ont choisi leur camp et sont engagées dans un long et patient travail de réencadrement de la société. Ne leurrons pas nos compatriotes, ce travail nous devons le mener aussi. C’est le passage obligé vers la liberté et la dignité dans notre pays et vers la construction du Maghreb démocratique.»


    Dans un communiqué conjoint, les syndicats autonomes de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de l’administration, – déclaration signée également par la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) –, demandent la levée de l’état d’urgence et l’ouverture du champ médiatique, politique, syndical et associatif «afin que les conflits puissent être réglés par la force d’un droit qui prend en charge les intérêts et les préoccupations de la majorité de la population et non pas par le droit d’une force qui protège les intérêts d’une minorité». «La somme des dégâts causés par les‘émeutiers, notent les syndicats autonomes, n’arrive même pas à la hauteur d’un seul scandale de malversation dont l’Algérie est riche (Khalifa Bank, BCA, Sonatrach, Brown & Condor, etc.).»


    Transformer le rejet en projet


    Alors que le Mouvement démocratique et social (MDS) appelait à la «destruction d’un système qui ne profite qu’à une minorité de privilégiés» et à «enclencher une dynamique porteuse d’espoirs», le Parti socialiste des travailleurs (PST) – appel aux travailleurs et aux jeunes diffusé samedi dernier – dénonçait le verrouillage systématique de toute expression syndicale et politique, la répression des marches, des grèves, des réunions : «Verrouillage qui ne laisse à nos jeunes que le choix d’une révolte désespérée.» Le PST lance un appel à la mobilisation la plus large et à soutenir le mouvement de contestation.
    Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) veut, lui, transformer le «rejet» exprimé par la rue en «projet». La révolte des jeunes signe «l’échec d’un régime qui dévaste, depuis 50 ans, l’Algérie». Le RCD réitère sa disponibilité à «s’associer et à soutenir toutes les initiatives citoyennes exprimant une colère légitime». Le parti de Saïd Sadi invite l’ensemble des Algériens «à s’organiser en se regroupant autour de personnes connues pour leur probité avec des objectifs clairs pour offrir un prolongement efficient et durable à leurs revendications».


    Les solutions placebo du pouvoir  


    Ressuscité de sa belle mort, le mouvement citoyen des archs brocarde, dans sa dernière déclaration publique, les «dignitaires du régime qui disposent de l’Etat comme d’un bien vacant» et lance un appel à la jeunesse algérienne à «l’auto-organisation». Objectif : «Offrir une alternative citoyenne à la hauteur des aspirations populaires.» «Une situation explosive est en train de se mettre en place et le pouvoir, comme à l’accoutumée, se prépare non pas à accéder aux aspirations populaires, mais plutôt à user, une fois de plus, de la violence, de la diversion et des solutions placebo.»
    Ces appels insistants, relayés par plusieurs personnalités politiques, seront-ils entendus ou tomberont-ils dans l’oreille d’un sourd ?
    Dans une interview accordée hier à un journal on-line, Daho Ould Kablia, le ministre de l’Intérieur, parle d’ores et déjà de «récupération» politique du mouvement de contestation par certains responsables de partis et associations. «Ils (les  responsables politiques, ndlr) disent qu’il faut considérer ces manifestations comme un rejet du pouvoir actuel et que seule une démocratie et plus de liberté, plus de participation des citoyens au champ médiatique, peuvent régler les problèmes. On en doute. S’il y avait un autre gouvernement que celui qui est en place, il y aurait peut-être eu des problèmes plus graves parce que les problèmes économiques et sociaux ne sont pas théoriques. Ce n’est pas la cité d’Isis, la cité idéale qui va les régler.» Les déclarations du ministre ont décidément de quoi refroidir un mort.

    Mohand Aziri