De la pluie, que de la pluie, trop d'eau pour une terre qui a si soif. Résultat, des maisons trop vieilles et mal entretenues tombent comme des feuilles d'hiver sous un vent glacé. Dans les vieux quartiers de Constantine ou d'Alger, les ruines s'entassent sur d'autres ruines. Un peu partout dans le pays, des murs mal consolidés s'affalent, des routes mal construites se fissurent, des gens mal conçus tombent. Mais c'est dans l'ambiance générale, celle d'un effondrement global pour cause de trop de lourdeur mal élevée. La gestion de Sonatrach s'effondre sous les tonnes de scandales et de milliards de dollars, de père en fils et d'oncle à neveu, d'une grande famille assoiffée qui n'a même pas la décence d'investir l'argent détourné en Algérie, mais dans d'autres pays déjà bien construits.
Même le bon sens ne pouvait que s'effondrer, comment une justice soumise à l'Exécutif, sans mur de protection entre elle et les mauvais maçons du régime, pourrait-elle faire quelque chose ? L'effondrement du pouvoir, vieux et branlant, assemblé avec des coups de force au lieu de ciment, était à prévoir. Seul étonne encore l'effondrement des contre-pouvoirs et de la société civile, qui ne croient même plus en de possibles influences de leurs actions sur le soutènement de l'histoire. Heureusement que dans l'univers, des gens réfléchissent encore. L'effondrement provient de la gravité, qui attire les corps vers le centre des masses.
C'est pour cette raison qu'a été théorisée la constante astrophysique de Hubble pour définir l'état de l'univers qui soit se dilate par effet centrifuge des galaxies, soit s'effondre par les forces de gravité qui ramènent tout vers le centre. Pour l'instant, le débat est ouvert, on ne saurait pas vraiment si l'univers est en expansion ou en contraction. Pour le régime algérien, ses frères et ses neveux, par contre, pas besoin d'être astrophysicien pour le savoir.