Il fait chaud et humide, première tentative de douche. Dans la salle de bains, un poste de radio est en marche et l’on apprend que Mouhib Khatir, le maire de Zéralda qui a déposé une vingtaine de plaintes contre la mafia locale, a été inculpé entre autres pour non-paiement de cafés, auprès d’un café qui a porté plainte. On peut donc aller en prison pour ce délit, alors que dans la logique, c’est quand «on paye un café», l’euphémisme national pour désigner une commission versée pour un service, que l’on devrait aller en prison. Mais bon, il fait toujours aussi chaud. Deuxième tentative de douche. Ratée. Le supresseur ne marche pas, Sonelgaz vient d’opérer un délestage, tout en niant l’avoir fait. Le courant ne passe plus. Heureusement, la radio ne marche pas non plus, on n’aura pas de nouvelles. Il fait toujours aussi chaud. Troisième tentative de douche, le supresseur a redémarré, tout comme le poste de radio.
On apprend, sous l’eau, par la voix de Amar Tou, ministre des Transports, qu’Air Algérie est trop pauvre pour augmenter ses salaires. Avec des vols complets toute l’année et des tarifs parmi les plus élevés de la planète, on a du mal à comprendre. D’autant qu’Air Algérie paye son carburant à un prix très réduit, le coût de l’énergie plombant le budget de toutes les compagnies étrangères. Les managers algériens sont-ils à ce point incompétents ?
Il fait vraiment chaud. Dernière tentative de douche. Sonelgaz a encore délesté, mais cette fois elle explique que c’est un problème d’équipement. Heureusement, on peut maintenant trouver des surpresseurs à piles, comme pour la radio. La pile est l’avenir de l’Algérie, du moins en été.
Un homme sans eau a eu cette idée, qui ne passera pas à la radio. Noyer tous les responsables sous l’eau. Une fois secs, les repasser, les plier soigneusement et les ranger dans une armoire. A vie. Il fera certainement moins chaud.