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la grande hantise de washington

  • La grande hantise de Washington

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    zoom | © D. R.

    L’Administration américaine ne cache pas sa crainte de voir les groupes terroristes mettre à profit le vent de contestation qui souffle depuis plusieurs semaines sur le monde arabe pour se redéployer.

    «Nous sommes préoccupés par les événements qui ont lieu dans la région, car ceux-ci pourraient ouvrir la voie aux terroristes», a révélé hier Daniel Benjamin, coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d’Etat, lors d’une conférence de presse animée à l’ambassade américaine à Alger au terme des travaux de la première réunion du groupe de contact bilatéral de coopération algéro-américaine de la lutte contre le terrorisme et les questions de sécurité connexes.
    Le diplomate américain, qui effectue sa seconde visite en Algérie en moins d’une année, a confié, en outre, que le département d’Etat travaille actuellement avec ses partenaires – parmi lesquels figure l’Algérie – «pour s’assurer que les terroristes ne vont justement pas profiter des changements qui se font dans la région». «Nous rappelons notre détermination à empêcher les terroristes de profiter de la situation», a indiqué M. Benjamin, assurant néanmoins que «pour le moment il n’y a pas de changement notable dans la situation sécuritaire dans la région». «La situation nous préoccupe très fortement. Afin d’éviter que l’instabilité n’augmente dans la région et que les groupes terroristes ne l’exploitent, nous pensons qu’il faut rester vigilants. Mais pour le moment, je tiens à préciser que nous n’avons pas vu d’accroissement de l’activité terroriste dans la région et au Sahel. Ceci dit, je vous ferai remarquer que nous sommes à la veille d’une nouvelle période. Nous allons donc voir comment cela va évoluer», a ajouté le coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d’Etat américain.

    Le risque de voir les groupes terroristes opérant au Sahel tenter d’accaparer des armes abandonnées par l’armée libyenne est-il fondé ?  Pour le diplomate américain, c’est une éventualité à ne pas exclure. Pour lui, elle est même très probable. Il a d’ailleurs indiqué que cette question a fait l’objet de discussions avec le partenaire algérien et qu’elle préoccupe son gouvernement au plus haut point, surtout que les échos qui proviennent de Libye sont très alarmants. Pour ne pas donner le sentiment que les Etats-Unis s’intéressent uniquement aux aspects sécuritaires des révolutions menées par la jeunesse arabe, le conférencier s’est empressé de dire qu’il était important aussi que les regards de la communauté internationale se braquent sur le peuple libyen et  ses aspirations.

    Dans la foulée, Daniel Benjamin a exigé que le guide libyen, qui a perdu toute légitimité, parte.  Dans ses efforts qui consistent à faire échec aux terroristes d’AQMI et aux autres groupes radicaux en Afrique du Nord, Washington voit en l’Algérie un allié sûr et précieux. Surtout en ces moments de profonds bouleversements. Lors de sa conférence de presse, M. Benjamin n’a d’ailleurs pas tari d’éloges à l’égard de ces «collègues algériens qui sont de grands professionnels» et de «l’Algérie qui est en première ligne dans la lutte contre le terrorisme dans la région». Et eu égard à l’incertitude qui plane justement sur toute la région, l’Administration américaine apparaît presque soulagée que l’Algérie n’ait pas vécu un scénario similaire à celui vécu par la Tunisie et l’Egypte. Et tout porte à croire que Washington fait actuellement tout ce qui est en son pouvoir pour que cela se ne produise pas. La raison ? L’entrée de l’Algérie dans une nouvelle période d’instabilité pourrait représenter une menace pour la région et le sud de l’Europe.

    Une menace qui risque de ne pas être évidente à gérer. Surtout dans le contexte actuel où, selon Donald Benjamin, «le fléau du terrorisme continue à tuer des innocents et reste par conséquent à éradiquer». Les Etats-Unis d’Amérique seraient-ils prêts à sacrifier les libertés démocratiques en Algérie sur l’autel de la lutte mondiale contre le terrorisme et la stabilité régionale ? Dans le cas de l’Algérie, ils souhaiteraient en tout cas que le changement se fasse de manière «pacifique» et qu’un «dialogue constructif» s’instaure. «L’Algérie a fait de grands efforts pour rétablir la sécurité et la paix dans la région. Le pays n’est plus ce qu’il était il y a 15 ans», a indiqué Daniel Benjamin, ajoutant néanmoins que «c’est aux Algériens de déterminer l’avenir de l’Algérie et que les efforts accomplis ouvrent de nouvelles possibilités pour plus de développement économique et social.»

    Zine Cherfaoui