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la justice algérienne et les émirs…

  • La justice algérienne et les émirs…

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    Décidément, c’est à n’y rien comprendre! La justice algérienne continue d’avoir, avec les islamistes du GSPC, une attitude pour le moins curieuse, en tout cas inusitée dans l’histoire de cette institution.

    C’est quoi, contumace?
    Pas plus tard qu’hier, dans sa session du le 09 novembre 2010, le tribunal de Boumerdes a condamné, par contumace, l’ « émir » D.Rabah, alias Abou Tourab, à la peine perpétuelle, alors que ce Monsieur s’était rendu au DRS il y a plus de 04 mois, et qu’il se trouve toujours au sein de ces « services ».
    Plus curieux encore, ce même tribunal de Boumerdès a condamné, toujours par contumace, à la peine perpétuelle, le dénommé Bennebri Fatah dit Zaïd, dont un communiqué officiel de l’ANP a fait état de sa mort, lors d’un accrochage avec les forces de l’ANP, dans la journée du 08 novembre.

    Mais ces pratiques étranges ne datent pas d’hier.
    Cela nous rappelle la manière avec laquelle la justice algérienne a convoqué, instruit et tenu des procès contre les célèbrissimes « émirs » Amari Saïfi, dit Abderazak el para, et Hassan Hattab.
    Ces deux messieurs avaient été accusés de crimes multiples.
    DRS, le vrai maître du jeu …
    Le premier, Abderazak el para, en plus de l’assassinat , lors d’une embuscade,en 2003, de 43 djounouds, avait enlevé, au cours de la même année, 32 ressortissants européens, en randonnée dans le Sahara. Il avait obtenu pour ce rapt, après avoir séquestré ses otages pendant plus de trois mois, près de 5 millions d’euros de rançon.
    Pour de nombreux observateurs du terrorisme qui sévit en Algérie et dans le Sahel, Cet homme, un ancien déserteur de l’armée algérienne, et transfuge du GIA, était un agent patenté du DRS, dont la mission première avait été d’infilter le GSPC, un nouveau groupe islamiste armé qui aurait été créé par certains militants islamistes armés, pour tenter de sortir de la logique des GIA, tous créés ou infiltrés par le DRS, et utilisés dans des carnages contre les populations. Abderazak el Para, et d’autres émirs du DRS avec lui, réussiront à remplir cette mission de récupération du GSPC, et parviendront même, plus tard, à en faire la Qaeda du Maghreb Islamique.
    Mais après l’affaire de l’enlèvement des touristes européens, et la clameur mondiale qui s’en est ensuive, Abderazak el para fut fait prisonnier par des opposants armés tchadiens qui voulurent le remettre aux autorités algériennes, mais celles-ci, sous le prétexte de vouloir éviter un incident diplomatique avec l’Etat tchadien, refusa de prendre cette patate chaude qu’était son agent-émir.
    Finalement, après bien des tergiversations, et l’entremise de la Lybie, l’Etat algérien accusa réception de cet encombrant colis. Et bien évidemment, celui-ci ne fut pas remis à la justice, mais récupéré par le DRS qui l’escamota, et le mit à l’abri de la curiosité, et d’éventuelles investigations « hors-cadre ».
    Jusque là, rien que de bien normal, dans ce pays où tout le monde sait que le terrorisme a été créé par le régime, et qu’il continue d’être, entre ses mains, un puissant moyen de manipulation.
    Mais pourquoi ces jugements par contumace ?
    On se serait donc attendu à un black-out du cas Abderazak el para. Mais c’était sans compter sans la justice algérienne, dont l’attitude tout à fait schizophrénique tend invariablement à s’ébranler « normalement », alors qu’elle ne fonctionne qu’à l’injonction.
    Et c’est ce qu’elle fit, curieusement. Alors qu’elle savait de façon quasi-officielle, ainsi que n’importe qui, que Abderazak el para se trouvait en villégiature chez le DRS, puisqu’il avait été remis officiellement, et publiquement à l’Algérie, par la Libye, la justice algérienne considéra qu’il était en fuite, et déclencha un procès public contre lui, sous le chef d’inculpation de « création de groupe armé ». Le greffier nota, lors du procès, que l’inculpé était en fuite, et le procureur, dans son réquisitoire, invoqua le même argument, alors qu’il était patent que l’inculpé était l’invité du DRS depuis 08 mois, à la date de ce curieux procès, en juin 2005, à l’issue duquel il fut condamné PAR CONTUMACE à la réclusion perpétuelle.
    Deux ans plus tard, en mars 2007, dans un autre procès, et alors que la justice algérienne reconnaissait enfin que Abderazak el para se trouvaient entre les mains des « autorités », elle persista dans sa religion, et considéra, comme lors du premier procès, que l’inculpé était EN FUITE. Le procès fut renvoyé. Et, depuis, de qualification en requalification des chefs d’inculpation, de report en renvoi, et d’arguties en absurdités, la justice algérienne continue de considérer Amari Saïfi, alias Abderazak el para, comme un criminel en fuite, recherché « activement » par la justice, alors que ce Monsieur se trouve depuis plus de six années dans une résidence du DRS, tenue dans un grand secret. On dit même qu’il s’y serait marié depuis, et que deux ou trois enfants seraient venus égayer son doux foyer.
    Mais ce ne fut pas là une absurdité unique en son genre, au coeur de cette institution scabreuse qu’est la justice algérienne. Un autre cas, encore plus outrancier, allait, lui aussi, entrer dans les anales judiciaires.
    Ce fut celui de Hassan Hattab. Ancien émir du GIA, Hattab allait être, en 1998, le principal créateur du GSPC, après la vague de carnages qui avait définitivement coupé le GIA des populations. Les GIA étaient désormais abhorrés de la population, et avaient perdu tout soutien en son sein. Les excès monstrueux qu’ils avaient perpétrés, les désignaient désormais sous leur véritable jour d’outil de répression et de manipulation entre les mains du régime. Ils avaient donc perdu toute crédibilité, et devenaient contre-productifs, y compris pour le DRS.
    Monsieur Hattab
    La nécessite s’imposait donc, pour le régime, de débander les GIA et de créer un nouveau groupe dont l’une des premières positions furent de dénoncer les crimes contre les populations civiles. Hassan Hattab a affirmé donc avoir crée le GSPC pour échapper à l’emprise du DRS qui manipulait les GIA. Certains observateurs affirment que c’est le DRS qui lui aurait confié cette mission. La tournure des évènements, particulièrement au Sahel, penchent à accréditer cette thèse.
    Et c’est ainsi, qu’entre de nombreux autres chefs d’inculpation, la justice algérienne intenta contre lui des procès pour « constitution de groupe armé semant la terreur et la dévastation » et autres poursuites du même cru.
    Il fut condamné, à plusieurs reprises, à des peines de prison à vie, et à la peine capitale. Comme s’il avait plusieurs vies.
    En septembre 2007, et peut être même avant, il fit sa reddition au DRS. Dans la bouche du chef de l’Etat lui-même, il avait été qualifié de « Monsieur Hattab ».
    Cette désormais vedette politique fut donc convoquée par la justice algérienne, qui oublia curieusement de faire appliquer son mandat d’amener, en usant des procédures habituelles, puisque le ministre de l’Intérieur lui-même avait reconnu que Monsieur Hattab se trouvait dans les locaux des « services de sécurité ». Le lieu de résidence étant connu, la procédure d’amener l’inculpé aurait dû être appliquée. Sauf que personne n’a encore essayé de frapper à la porte de la « maison de l’ogre », pour reprendre ce qualificatif que donnent les Algériens au DRS.

    En toute logique, la justice aurait dû, soit contraindre le DRS à lui livrer Hassan Hattab, soit mettre un bémol à ses ridicules prétentions de paraître un tant soit peu normale, et de classer le dossier sans autre suite, puisque penser seulement qu’elle puisse lancer la moindre petite injonction au DRS est d’une absurdité sans bornes.
    Au lieu de cela, après le refus de l’inculpé de se présenter devant elle, ou plutot après le refus méprisant du DRS de le lui livrer, la justice algérienne, toute honte bue, continua de considérer que Hassan Hattab était en fuite. Elle le claironnait même.
    Elle s’enlisa dans des procédures aussi ridicules qu’elles étaient sans effet. Elle continua de gesticuler et de brandir des arguments « judiciaires » qui défiaient le simple bon sens.
    Et si…
    A cela, il faut ajouter la suscpicion d’enlèvements, voire d’éxecution extra-judiciaire, qui pourrait caractériser l’absence de ces inculpés.
    Car rien de définitif n’écarte la possibilité que ces deux « émirs » aient été gardés par le DRS, pour éviter qu’ils ne se livrent à certaines confessions, ni qu’ils aient été supprimés purement et simplement, pour faire disparaître les preuves vivantes que le GIA et le GSPC sont la création du DRS. Qui sait ?

    Et c’est ainsi que prise dans le tournis de sa propre absurdité, et de ses forfaitures, la justice algérienne continue de juger des islamistes et des « émirs » par contumace, alors qu’ils se trouvent entre les mains du DRS, voire même qui sont décédés.

    Que penser de cette étrange façon de procéder d’une justice aux ordres, et qui n’en finit pas d’aggraver sa lamentable situation par des décisions qui seraient cocasses, si elles n’étaient tragiques ?
    C’est peut-être, tout simplement, que ces attitudes de la justice algérienne ne sont rien d’autre que l’expression de la vraie nature de ce régime qu’elle sert.
    A moins que contrairement à toute vraisemblance, des magistrats intègres tentent d’attirer l’attention de l’opinion internationale, sur les pressions intolérables que subit leur institution, par ces grosses ficelles. En optant pour une fuite en avant tellement choquante, qu’elle en arrivera forcément à susciter la curiosité d’une opinion publique occidentale qui s’entête à regarder ailleurs. Il est vrai que c’est là une pure spéculation, hautement improbable, pour qui connait la nature du régime, et celle des magistrats algériens. Mais qui sait ?
    D.B

    Ref: Algeria Watch