La tenue de ses conférences interdite
En dépit de l’abrogation formelle de l’état d’urgence, celui-ci reste en vigueur.
L’Etat algérien est incapable de se réformer ni de réformer», c’est là l’avis de Mostefa Bouchachi, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (Laddh), qui s’est vu, à la veille de la célébration de la Journée internationale des droits de l’homme qui coïncide avec le 10 décembre 2011, refuser l’octroi des autorisations pour l’organisation d’une conférence-débat, à l’hôtel El Biar d’Alger, autour du thème «La justice et les droits de l’homme» et une autre, à la maison de jeunes de Boumerdès, autour de la thématique «La citoyenneté et les droits de l’homme».
La Laddh s’est heurtée, une fois de plus, selon maître Bouchachi, à l’arbitraire d’une administration «transgressante». La direction des affaires générales (DRAG) de la wilaya d’Alger refuse, explique les responsables de la Laddh, de donner suite à leur déclaration pour la tenue de cette activité déposée auprès de leurs services conformément à l’article 04 et 05 de la loi n° 89-28, modifiée et complétée par la loi n° 91-28, relative aux réunions et manifestations publiques. Cette loi stipule explicitement dans son article 05 qu’«il est délivré immédiatement un récépissé qui indique les noms, prénoms, domiciles des organisateurs ainsi que le numéro de la carte nationale d’identité et date et lieu de délivrance d’une part, l’objet, le nombre de personnes envisagé, le lieu, le jour, l’heure et la durée de la réunion d’autre part. Le récépissé en question doit être présenté par les organisateurs à toute demande de l’autorité».
Parallèlement, cette même loi donne, dans son article 06 bis, la possibilité au wali d’interdire une réunion «s’il s’avère qu’elle constitue un risque réel de troubles pour l’ordre public ou s’il apparaît manifestement que l’objet réel de la réunion constitue un danger pour la sauvegarde de l’ordre public». Maître Bouchachi est convaincu que l’Etat reste un obstacle à toute évolution démocratique, d’autant plus que ces pratiques constituent, du point de vue de la Ligue, des violations de la Constitution, des Conventions internationales relatives aux droits de l’homme et des lois en vigueur. En dépit de cette situation, la Laddh ne baisse pas les bras ; elle tiendra sa conférence, aujourd’hui, en son siège national à Alger.