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la mort !

  • Nourredine Belmouhoub a Algerie Network ; J’ai serré plusieurs fois la main avec la mort !

     

     
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    Entretien entre Algerie Network (Jamouli Ouzidane) et Nourredine BELMOUHOUB

    QUI EST HORS LA LOI,LEUR INJUSTICE OU MOI LA VICTIME MULTIFORME ?

    J’ai serré plusieurs fois la main avec la mort, au point de ne plus sentir vraiment la peur, exceptée celle de ne pas aller jusqu’au bout de mes convictions, convaincu que beaucoup de choses doivent nourrir la quête de vérité et de justice, comme le courage et une certaine morale par exemple.

    Par Nourredine BELMOUHOUB*

    Un potentiel de confiance découlant du devoir de sincérité m’oblige à préciser, que l’écriture n’est pas ma vocation, pour la simple raison que l’école coloniale n’avait pas pour mission de m’apprendre beaucoup de choses, ce qui d’ailleurs fut le cas, pour la plus grande majorité des Algériens aux racines profondément patriotiques ayant fréquentés l’école du deuxième collège de l’œuvre civilisatrice, réservée aux indigènes présumes que nous fûmes pour la France coloniale,qui à vouloir l’entendre est venue nous civiliser avec ses chars, ses canons, sa guillotine et bien sûr, des classes de fin d’études, dont je garde le souvenir de cette voie de garage qui nous était calculée.

    Cependant, si j’use de la langue de Molière, il ne faut surtout pas conclure hâtivement que c’est par un quelconque amour pour cette langue, en vérité, je ne fais usage de ce butin de guerre que par mépris à la France coloniale qui m’a bel et bien privé d’un droit fondamental au Savoir, en violation flagrante et délibérée de l’Article 26 de sa Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, ce dont j’ai tout de même réussi à voler a ceux qui continuent a prétendre être venus nous civiliser. Un butin de guerre ou il ne manque ni la litote, ni la prosopopée, ni la métaphore, ni l’hyperbole, ni la synecdoque, ni la catachrèse, ni l’asyndète, ni la péroraison, ni l’interrogation, ni l’exclamation et si nécessaire, ni l’explosion. Et si à l’occasion des fautes s’y glissent, assurément je n’en rougirais guère, car cette langue n’est pas ma langue en plus qu’aujourd’hui à Montparnasse même, elle est tombée en désuétude après avoir perdu de son éloquence, par la faute de l’esprit colonial, qui a fini par la reléguer au dernier rang, bref…

    Blase par l’éternelle attente d’être Libre, je demeure déterminé à ne point désespérer de l’espoir, partant du fait que si l’on considère qu’il doit y avoir avantage d’égalité entre gouvernants et gouvernes, il faut admettre aussi que l’exercice de l’Autorité publique ne signifie pas que  l’Etat dispose de tous les Droits et échappe à celui de la responsabilité de rendre des comptes pour les agissements qui bafouent le Droit inaliénable des administrés au Nom de l’exercice de leurs Fonctions et de leurs missions, d’autant que chacun est tenu au strict respect de la Loi. Donc l’Autorité qui a la charge d’y veiller, elle aussi est tenue de s’y soumettre des lors que, formellement il n’y a démocratie que lorsque la communauté sans exclusion est l’Autorité qui gouverne et que l’Etat ne doit pas être le représentant, mais l’expression universalisée du Vouloir commun, et que la communauté seule, sujet et objet de la volonté populaire, qui est souveraine pour choisir le mode de vie qui lui convient et les représentants dignes de le servir.

     

    QUESTION : Qui est Nourredine BELMOUHOUB ?

    RÉPONSE : Citadin du quartier Algérois BELOUIZDAD (Ex Belcourt), capitale du 11 décembre 1960, aux racines profondément montagnardes copieusement arrosées de sang de mes proches, soutirant une bonne part de ma fierté du fait que les mots : traitre, trahir et trahison soient bannis du lexique de la tribu des Ouled Sid El Djoudi de Hammam Guergour (Département de Sétif, Capitale du 08 Mai 1945, tribu à laquelle j’appartiens.  Ne dépendant pas à la classe à laquelle l’on dicte des Idées, j’ai résolument décidé de me servir de cette arme redoutable : la plume, en  m’accordant la liberté d’écrire librement sans me servir de « béquilles », pour souligner qu’étymologiquement le mot Hogra ne trouve sa traduction dans aucune langue ou dialecte. Née chez nous par césarienne, cette expression s’apparente au mieux à néo-colonialisme, annotation et connotation dans le sens horrible le plus large de ce que colporte et signifie la Hogra que je défini par :

    -HOGRA : féminin, singulier, terme abject, étymologiquement algérien, signifiant despotisme violent, brutal, cruel et inhumain, unissant arbitraire et dénis extrêmes du Droit des gens, refusant toute signification humaine, renfermant l’aussaressisme, le nezzaressisme, le despotisme, en bref, tous les qualificatifs et tous les synonymes de fascisme avec en plus, une particularité gutturale détestable.

    -HAGAR = Masculin singulier, commanditaire et exécutant et complice de la Hogra.

     

    QUESTION : Déportation, Internement, assignation à résidence,harcèlements, intimidations, menaces de morts, surveillance, Arrestation, tortures, emprisonnement à Serkadji, plusieurs agressions et tentatives de meurtre….Comment surviviez-vous psychologiquement et physiquement à toute cette histoire ?

    RÉPONSE : Que peut-on perdre de plus quand on a plus rien à perdre après avoir tout perdu, excepté la Foi sincère en Dieu et la volonté immuable d’aller jusqu’au bout de ses convictions.  Partant du fait que dans tout ce que l’homme entreprend, il y a toujours un certain relent de ses propres valeurs, de sa profonde conviction et surtout de sa dignité, c’est en quelque sorte, être humain ou ne pas l’être.Il est vrai que j’ai serré plusieurs fois la main avec la mort, au point de ne plus sentir vraiment la peur, exceptée celle de ne pas aller jusqu’au bout de mes convictions, convaincu que beaucoup de choses doivent nourrir la quête de vérité et de justice, comme le courage et une certaine morale par exemple.

    Compte tenu des graves et impardonnables violations de mes droits fondamentaux, qui au demeurant ont bénéficié d’une impunité totale, et combien même je n’ai dans le cercle judiciaire ni proches ni relation, ma volonté et ma détermination conjuguées, ont finies par devenir chez moi une obsession, une forme de monomanie,plus forte que n’importe quelle relation même si l’histoire de notre tumultueuse justice, si troublée par des circonstances politiques qui ont compromis son cours normal.

    De graves circonstances faut-il le souligner, qui ne sont ni le fruit de la fatalité, ni le résultat d’un naturel incident de parcours imputables à la naïveté de l’homme, projetant clairement l’imperfectibilité de la justice. L’absence regrettable de la justiciabilité de chacun de mes droits contenus dans le code pénal, assurés par  la Constitution nationale et garanties par les instruments juridiques internationaux ratifiés par l’Algérie, affirmant  clairement la responsabilité et les obligations de mise en œuvre et de garantie de ces droits.Que faire alors face à l’incurie planifiée ? Que dire quand la balance est faussée par la providence de tricheurs, de menteurs, d’oppresseurs, d’assassins, de tyrans, de  traitres propagandistes et d’ignorants de tous bords.

    Comment survivre psychologiquement et physiquement à tant d’injustice, d’arbitraire et de dénis de droit qui ont fait que je deviens au fil des années, une personne publique et médiatique de l’opposition algérienne, connu comme porte-parole du Comité de défense des ex-internés des camps de la honte, menant un combat pour la justice, pour un Etat de droit et pour un Etat libre.

     

    QUESTION : D’où vous viens cette énergie, cette croyance, de vous battre encore, David contre Goliath quand le reste des algériens s’est résigné juste à survire. Y’a-t-il une histoire personnelle qui vous a marqué pour la vie et pour le combat jusqu’au bout ?

    RÉPONSE :Cette énergie et ma détermination de me battre encore et toujours sans me lasser et sans baisser les bras un seul instant,cette opiniâtreté je la puise dans l’indolence et l’insensibilité de la masse qui se complait dans une paresse dégradante, en plus j’ai eu la chance et l’honneur de collaborer avec le plus brillant des avocats algériens, le défunt Maitre Mahmoud KHELILI, l’incorruptible défenseur des droits de l’homme qui ne reculait jamais devant un juge aux ordres. Quand on a eu la chance d’être proche de ce symbole d’une défense réellement libre, l’expression « marche arrière » n’aura plus aucune signification, aujourd’hui ma seule devise est la suivante :

    Quand les mots n’ont plus de sens,

    Quand les valeurs morales s’évaporent

    Et lorsque la justice perd sa force et sa raison

    Le silence deviendra l’allier le plus fort des forces du mal,

    Et la peur son énergie.

     

    QUESTION : Surtout que vous êtes malade physiquement (cancer de la peau du a votre internement dans un milieu irradié) et psychologiquement (harcèlement continuel) et que vous n’avez pas 20 ans ; cet âge des gladiateurs ! N’aviez-vous pas songé à vivre un peu pour vous et votre petite famille et laisser la jeunesse s’occuper de son avenir a elle …

    RÉPONSE :En vérité les personnes que je côtoie, savent et témoigneront combien je suis un partisan, je dirais plus, un adepte de : place aux jeunes , mais regrettablement hélas aujourd’hui comme chacun peut le constater, très peu sont ces jeunes qui prennent au sérieux la question de leur devenir et celle de l’avenir de la nation, obnubilée par le gain facile et drogué avec cet opium des peuples : le football, ou alors bercée par des promesses qui ne sont jamais tenues, la jeunesse se laisse sombrer dans un paternalisme décevant. De Hittistes, la Hogra en a fait des Harragas. Conflit de génération mêlé à une crise de confiance, les jeunes ne veulent pas s’investir et en majorité, ils sont arrivés à ne plus croire en rien et en personne, c’est le résultat de la manipulation des foules.

    Voilà la raison pourquoi je n’ai pas songé à vivre un peu pour moi et pour ce qui reste de ma famille, alors que je suis loin de mes 20 ans, cet âge des gladiateurs, combien même je rêve de voir enfin la jeunesse s’occuper de son avenir…c’est vraiment mon rêve.

     

    QUESTION : Racontez un peu les secrets intimes de ce combat de toute une vie.

    RÉPONSE : On ne nait pas défenseur des droits de l’homme, on le devient au fil du temps, pour ma part je crois fermement que l’injustice plurielle dont je fus victime a largement été compensé par cet amour profond pour la promotion, la protection et la défense des droits humains, aguerri de mes expériences douloureuses, rien n’est plus sensationnel que cet engagement qui n’exige rien d’autre qu’une volonté sans réserve, être désintéressé de tout et une exigence morale essentielle, aimer la défense des droits de l’homme et renforcer leur dynamisme, c’est en quelque sorte se laisser contaminer par ces droits plutôt que par leur violation, ce qui vaut pour un petit nombre d’hommes en Algérie, qui éternels “trouble-fêtes”, disent aux gens et aux choses qu’ils n’accepterons jamais de les laisser immobiles, et veillent pour que la vérité une fois réveiller, ne s’endorme plus jamais.

    On nous nomme Défenseur des Droits de l’Homme et c’est notre plus beau titre, il correspond le mieux et sied très bien à notre caractère. C’est là que nous sommes le plus libres et les plus heureux. On y met notre temps et nos cœurs où il n’y a de place ni pour la hargne, ni pour la haine, et encore moins pour l’esprit envieux ou l’affairisme dégradant. On ne demande rien et lorsque les exigences du temps qui sont celles de notre conscience l’exigent, nous lançons des ultimatums après sommation. Le plus souvent, nous n’attendons pas que les choses arrivent on les provoque, on passe à l’actionsans égards aux risques évidents du devoir sur des terrains hostiles au droit.Pourtant pour ma part,c’est là que je me sens le mieux et je ne le regrette pas. Un choix grâce à Dieu, oh combien la motivation première, n’est pas la déshonorante avidité que j’ai désagréablement constaté chez d’aucuns.La cause en laquelle croit à mon sens un défenseur est naturelle, c’est un idéal et une profonde et logique conviction. Combattant du droit en symbiose avec la société, en paix avec la conscience et à chaque fois révoltés par l’iniquité.

    Ce qui continue à m’attacher à la défense des droits de l’homme, ce sont d’abord et surtout les deux dernières phrases du défunt Maitre Mahmoud KHELILI :

    - La première : « Monsieur BELMOUHOUB, je ne veux pas mourir dans un Etat de non droit, »

    - La Seconde : « Je vous jure que je leur ferais (les dictateurs) plus de mal, mort que vivant. »

    Le premier vœu du défunt s’est exaucé, puisqu’il a rendu l’âme après avoir rempli les formalités et franchi un poste douanier parisien. Quant au second il ne pourrait s’exaucer que si des hommes intègres continuent à mener ce combat. Pour ma part, j’ai tacitement pris cet engagement le jour où je l’ai accompagné à sa dernière demeure, un Pacte d’honneur partagé tacitement avec le Docteur Salah Eddine SIDHOUM, un pacte que je compte respecter.L’autre raison qui ne me permet pas de songer à vivre un peu pour moi et ma petite famille,est que l’Algérie est loin d’être cet Etat de droit auquel des émissaires zélés en sillonnant les capitales européennes veulent faire croire.

    Un Etat ou la justice est souveraine, ou le juge est libre et où la loi serait égale à tous. Les violations des droits humains sont devenues plus subtiles, sournoises même si l’on enregistre beaucoup moins de disparitions forcées, de cas de torture ou d’éliminations extrajudiciaires, aujourd’hui l’abus du droit des gens se situe autour des droits sociaux économiques et culturels.L’école est sinistrée, nos hôpitaux sont des mouroirs, la mal vie, le chômage, le mépris, l’indifférence et la violence d’une bureaucratie qui empoisonne l’existence des administrés –ées-, sans oublier la corruption devenue un sport national.Alors comment abandonner l’arène ou des gladiateurs de tous bords se déchainent

     

    QUESTION : Votre enlèvement par la DRS en plein jour le 23 octobre 2012 dans les rues de Hassiba Ben Bouali en plein centre d’Alger est remis en question notamment par la justice qui vous a condamné. Pourquoi pensez-vous le gouvernement ferait une chose aussi stupide en enlevant une personne publique en sachant les réactions des médias et des réseaux sociaux notamment alors que le gouvernement semble avoir une politique de profil bas. On est plus à l’ère de l’ancienne sécurité militaire.

    RÉPONSE : En effet, indéniablement je fus kidnappé par des inconnus en présence d’un témoin oculaire le 23 Octobre 2011 vers 11 h, à hauteur de la maison de la presse Tahar DJAOUT, côté rue Hassiba BENBOUALI, je dois souligner que la veille j’avais pressenti que j’étais filé, ce que j’ai d’ailleurs signalé à travers les réseaux sociaux. Ce kidnapping et ce qui gravite autour mérite quelques précisions que je considère très importantes, car elles permettent une meilleure lisibilité d’une affaire qui n’a pas livré tous ses secrets.

    J’ai été enlevé en présence d’un témoin et sous l’œil d’une caméra vidéo de surveillance de la maison de la presse qui a été totalement ignorée (?) le long de l’instruction et au cours de mon procès. Quant à mes ravisseurs ça peut bien être :

    -  Des services parallèles travaillant pour ou contre Nezzar,

    -  Des éléments actionnés par Khaled Nezzar,

    -  Des éléments ayant agis par excès de zèle et croyant rendre service à ce général

    -  Ou alors des éléments actionnés à but de nuire à ce général.

    L’important de ce qu’il faut retenir est :

    - Qui parmi les responsables en charge de la sécurité des algériens, s’est exprimé sur la question de mon enlèvement ?

    -  Qui a déclaré qu’une enquête allait être ouverte ?

    -  Qui a promis que les criminels seraient retrouvés et poursuivis ?

    -  Qui a assuré mes proches de toute la sollicitude de l’Etat ?

    Personne, alors on peut considérer l’enlèvement des gens comme une pratique ordinaire, ou bien faut-il considérer certains enlèvements de citoyens comme relevant du domaine réservé de certains  autres super- citoyens qui ont droit de vie et de mort sur les habitants de ce pays? Le silence officiel  confère -de fait- l’impunité à ces crimes qui ne sont pas officiellement et publiquement reconnus, dénoncés et poursuivis comme tels. Les lois ne pèsent pas leur poids de papier mais leur poids de conformité avec les actes. Elles pèsent le poids de leur impact sur la vie des gens, et de la grandeur que confère leur respect aux nations.

    Le scandale aujourd’hui est qu’un algérien puisse être enlevé en plein centre-ville sans que cela n’émeuve outre mesure le moindre responsable  théoriquement en charge de la sécurité des personnes et des biens. Ni le ministre de l’intérieur, ni les chefs des différents corps de sécurité. Personne n’a éprouvé le besoin de dire aux algériens que l’Etat était responsable de l’application de la loi. Pas un député, ni un élu quelconque pour interpeller les pouvoirs publics et rassurer les familles.

    Je reviens à ce que j’appellerais « mon procès »  ou la grande erreur de la représentante du Ministère public, comme pour le Doyen des juges ayant instruit cette affaire, c’était de ne pas avoir eu le courage de faire le pas en arrière qui les aurait remis sur la bonne voie. Je n’ai pas besoin de crier que je ne mets pas en cause les Magistrats dont la volonté de bien agir est certaine, je parle de ceux dont les réactions démesurément coléreuses sont à un point intolérables. J’irai jusqu’à dire que leurs réactions passionnelles sont tout le temps préjudiciables à la Justice même qui ne peut se faire que dans le calme, hors de l’abus d’autorité et de son désordre. On voulait coute que coute m’envoyer arbitrairement en prison, quoique je ne fusse pas coupable. A ce stade,  qui est hors la loi, leur injustice ou moi la victime multiforme ? La Procureure de la république, était devenue un persécuteur qui délibérément, ignorait qu’un Etat de Droit qui se respecte est un Etat d’équité, de légalité, de justice et non d’humeur, ou alors de soumission.

    Pour revenir à ce que j’appellerais ici « mon procès », ce fut beaucoup plus une bouffonnerie judiciaire, je ne me contenterais pas d’accuser cette mascarade judiciaire, j’apporte la preuve qu’il s’agissait bien d’une arlequinade ou mon droit à la défense fut le dernier de tous les soucis. On a feint de m’écouter, mais en aucun cas cela ne le fut sérieusement, je soulignerais que j’ai été empêché de dire le plus important, à savoir les infractions du Code de  procédure pénale commises par le Doyen des juges –Juge de la 3éme Chambre d’Instruction du tribunal de Sidi M’Hamed-Alger, lequel s’est substitué à la greffière affecté à son bureau, pour rédiger les procès-verbaux de mes auditions en l’absence de mon avocat, sous prétexte que celui-ci n’était pas constitué pour assurer ma défense.

    Accusé de graves délits, n’appartenait-il pas à l’accusation de démontrer – juridiquement parlant – que je suis effectivement coupable ? Je rappelle ce principe de la justice : Il ne suffit pas d’accuser, il faut prouver la culpabilité. Etait-ce le cas ? Malheureusement au cours de ce procès cela a été oublié. Appartient-il au montagnard que je suis de rappeler à ces juristes que la vérité judiciaire n’a absolument rien à voir avec la vérité policière. Ont-ils oublié– dans mon procès–l’éloquence judiciaire et les règles impératives qui viennent non seulement de la conscience humaine, mais aussi du Code lui-même. Ce Code qui dit que les procès-verbaux de police n’ont valeur que de simples renseignements.

    Lors de mon procès la conclusion policière était devenue pour la  Procureure, (et hélas pour bien d’autres) «  une parole d’Evangile », alors que le devoir aurait dû lui commander d’inviter à la barre le témoin qui a assisté à mon kidnapping a la place de me reprocher de ne lui avoir pas demandé de venir au Tribunal.Combien de gens innocents ont été condamnées sur la base de déclarations faites à la police, sous les menaces où entre deux séances de traitements inhumains. Où est la Justice dans tout ça ?

     

    QUESTION : Quel bilan tracez-vous de l’Algérie après 50 ans dans les domaines politique, économique, social, culturel, éducatif, justice … y’a-t-il eut trahison de tout un peuple et de ces chahids. Nous sommes la génération de la honte puisque 50 ans après nous n’avons pas eu de miracle comme les asiatiques alors que nous avions plus de potentiels. Nous sommes indépendant de la France mais libre de nos propre despotes. Qui est responsable de ce destin tragique; nos élites intellectuels, l’opposition, les médias au service, le peuple, les partis …

    RÉPONSE : De quelle indépendance s’agit-il, de quelle souveraineté nationale peut-on nous prévaloir quand on sait qu’il fut permis au colonialisme par voie de clauses secrètes, d’expérimenter dans la région du Hoggar (Tamanrasset) et celle d’Oued Namous (Bechar), onze bombes nucléaires après la date « présumée » de l’indépendance nationale. Des essais nucléaires qui constituent moralement et juridiquement un crime imprescriptible contre l’humanité, dès lors que, les victimes sont des populations civiles. L’Algérie à une grande part de responsabilité dans cette situation dramatique.

    - Comment se fait-il que les essais, qu’on savait meurtriers, aient été autorisés au Nom et sans égards du lord sacrifice de la Révolution algérienne, cinq années durant, alors que le pays avait accédé à son indépendance ?

    - Que stipulaient les accords entre l’Algérie révolutionnaire et la France colonisatrice ?

    Les accords d’Évian de mars 1962 stipulaient que « la France utilisera pour cinq ans les sites comprenant les installations d’In Ekker, Reggane et de l’ensemble de Colomb-Béchar-Hammaguir », à noter que les mots « nucléaire » et « atomique » ne figurent pas dans le texte. Pourtant, selon l’expert français Bruno BARRILLOT, des accords secrets furent également conclus. Ils concernaient  les centres d’essais d’armes chimiques de B2-Namous, où la France a continué des expérimentations jusqu’en 1978, sous le couvert d’une société écran, alors dénommée «Sodeteg». Ils concernaient les centres d’essais d’armes chimiques. Le site choisi pour le test était In Ekker, la montagne Taourirt Tan Afella, à environ cent cinquante (150) kilomètres de Tamanrasset, un des massifs granitiques du Hoggar. Le site a été aménagé à partir de 1961, un aérodrome fut construit au nord-est de In M’guel, et la base de vie entre le village targui de In M’guel et le puits de In Ekker. Réda Malek reconnaît dans un documentaire de 52 mn rendu public en 2011 réalisé par Mr Larbi Benchiha, qu’une concession de taille avait été faite à la France par les négociateurs d’Evian :

    -  Nous leur avons dit : «  Vous avez encore cinq ans, terminez les explosions que vous avez à faire.»

    Réda Malek n’explique toutefois pas pourquoi les Français ont été autorisés à poursuivre les essais nucléaires après l’indépendance de l’Algérie, alors qu’il reconnaît qu’une concession de taille avait été faite à la France par les négociateurs d’Evian. Dit avec une telle légèreté, cela ne peut que fatalement provoquer de nombreuses interrogations, surtout qu’après le cessez-le-feu du 19 mars, entre 1962 et 1966, treize tests nucléaires ont été menés dans le Sud algérien (In Ekker), dont onze après l’indépendance, et que la capacité totale de ces explosions souterraines était de 305 kilotonnes, soit presque 20 fois la puissance d’Hiroshima ! De graves fuites aériennes ont suivi l’explosion des bombes au plutonium Béryl (mai 1962), Améthyste (mars 1963), Rubis (octobre 1963) et Jade (mai 1965). Fuites ayant provoquées de nombreux et graves effets sur la santé des populations du Sud, des cancers, des malformations congénitales, la cécité et biens d’autres pathologies radio induites.

    Je suis en droit de considérer qu’en effet il ya eu trahison de tout un peuple, de la révolution et de ses chouhada, et je n’ai pas tort moi le déporté et l’interné dans ces zones, par des prétendus déserteurs de l’armée française, cependant je dirais que la honte n’est pas imputable à notre génération. La génération de la honte c’est la classe dirigeante qui a mené le pays à la faillite, après avoir interné, fais disparaitre, torturé, assassiné, bradé l’économie nationale et hypothéqué la dignité de tout un peuple, c’est l’ignominieux cabinet noir et ses partisans du tout sécuritaire, ce sont ces nouveaux riches, les faux moudjahidines et les élus jetables, c’est aussi le silence synonyme de complicité d’une certaine presse, la démission des intellectuels n’est pas innocente, quant aux partis politiques, bien que leur nombre est exorbitant, ils ne sortent de leur hibernation qu’a l’approche des joutes électorales, pour s’accommoder de strapontins par les spécialistes de la fraude électorale dont excelle la mafia politico-financière qui pollue notre existence.


    QUESTION : Quel est votre lecture de la décennie noire ; des responsabilités des uns et des autres. Que peut-on apprendre de cette expérience. Quel avenir pour des partis se réclamant de la religion et ayant en face des éradicateurs qui font le plagiat d’une démocratie qui est remise en cause en terre démocratique. Comment sortir de ce dilemme. Peut-on innover une sortie locale purement algérienne ?

    RÉPONSE : L’arrêt du processus électoral est incontestablement la première violence contre le libre choix et la volonté d’un peuple de choisir celles et ceux qu’il considère dignes de le représenter, accessoirement ce détournement est la matrice de toutes les violences qui ont suivi Les internements arbitraires, les harcèlements contre une partie de la population, l’emprisonnement sur la base de dossiers vides des dirigeants d’un Parti agrée, une Direction politique collégiale non élue, une assemblée auto désignée, la distribution sans calcul d’armes de guerre et de munitions à des civils et l’assurance de l’impunité, ne pouvaient que dégénérer une contre violence rapidement qualifier terrorisme. Un terrorisme qui tout comme la mystérieuse évasion  de la prison centrale de Tazoult(?) qui bizarrement ne figure pas dans le grand livre Guinness, ou alors les tueries de Bentalha, Rais, ou encore l’affaire des moines de Tibehirine, et bien d’autres cas, n’ont pas encore livré tous leurs secrets.

    Ce qu’on doit apprendre de cette expérience est qu’on ne lutte pas contre l’ignorance par l’ignorance et qu’on ne combat pas la violence par la violence. Quant aux partis se réclamant de la religion, ou démocratiques, sincèrement personnellement je ne vois aucun Parti religieux et aucun Parti Démocratique. L’Islam tel qu’il est écrit tout autant que la démocratie formelle, d’essence ils sont salvateurs.

    -  Mais est-ce cet Islam dans le rayonnement à révolutionner le monde qui anime ces partis qui se clament « chouracrates » ?

    - Ou est-ce de cette démocratie des baïonnettes,qui est remise en cause en terre démocratique, qui refuse aux autres le droit de s’exprimer, et qui ferme les yeux devant la violation systématique des droits de la personne humaine ?

    L’Islam a permis à des femmes et à des hommes libres de faire front contre un colonialisme barbare, armés d’une foi pure contre un impitoyable et puissant colonialisme, ses alliés et ses ralliés, l’histoire, celle qu’on essaye de nous cacher, nous rappelle que toutes les batailles menées par nos valeureux chouhada, étaient au Nom de « Allah Akbar », sinon comment auraient-ils triomphé, armés de fusils de chasse contre des chars, des canons, des avions, le napalm et la guillotine. De son côté la démocratie à aider, et permis à nos valeureux moudjahidines de faire entendre la voix de la révolution algérienne à Bandoeng et aux Nations-Unies.

    Comment sortir de ce dilemme, et bien tout simplement en suivant le chemin tracé par ceux qui avant nous furent nos fiers pionniers, devenir nous même sans le besoin de copier ou d’imiter, enfin nous montrer dignes d’être les filles et les fils de ceux qui ont tracé ce chemin pour nous, demeurer un peuple uni, lié par des valeurs communes, ces valeurs qui ont fait la fierté de celles et ceux qui nous ont précédé, à défaut c’est le déclin.

     

    Question : Le monde arabe traverse des remous démocratique qui tournent tous au cauchemar. Les exemples de la Libye et la Syrie le démontrent et la Tunisie été l’Égypte sont aussi secouées. Que pensez-vous de ces révolutions, Que pense vous aussi de la structure même de ce monde arabe. N’est -il pas temps pour le peuple algérien de recouvrir son identité arabe, berbère, musulmane mais nationale en dehors de ces entités obscurantistes.

    RÉPONSE : brièvement le monde arabe est victime de ses élites corrompus et corrupteurs, soutenus par des minorités drapées d’une démocratie de façade, par des affairistes véreux, des féministes qui ne représentent qu’eux même, et biens sur par un occident qui les encense, leur fournit armes et matériel de répression, et bien sûr qui en tire profit.

    En ce qui concerne les révolutions en Égypte et en Tunisie, les peuples de ces pays ont fait leur choix, et contrairement à nous, chez eux c’est les avocats, les juges, les médecins, enfin les intellectuels qui ont exigé le changement, des intellectuels que personne n’a le droit de qualifier d’obscurantistes, même si leur choix ne plait pas aux exploiteurs de tous bords.

    Le monde arabe, j’entends ici l’union des peuples arabes, un monde arabe débarrassé de ses despotes, de ces roitelets, purifié de ces dictateurs à la solde de l’occident ne peux que faire peur. N(oublie-on pas que le Roi Fayçal d’Arabie saoudite a payé de sa vie son vœu de prier à El Qods. L’Irak, l’Algérie la Syrie ne sont-ils pas en train de payer les frais du Front de fermeté ?

     

    Question : Après toute cette vie de sacrifice pour votre communauté, quelle impression vous reste-t-il, y’a-t-il de la déception contre votre communauté qui semble abandonner le combat dans la résignation, cette communauté qui s’est entretué dans une guerre civile barbare, y’a-t-il l’impression d’un Don Quichotte qui combat tout seul des moulins à vent, Désespérez-vous de l’humain et de l’humanité. Comment croire quand la réalité est contre vous. Vous avez dit que vous referez tout de même, si c’était à refaire … mais qu’aurez-vousrectifié …

    RÉPONSE : En toute modestie, je ne considère pas avoir fait des sacrifices en accomplissant un devoir que personne ne m’a imposé ou dicté, j’ai librement fait un choix et l’accomplissement d’un devoir nécessite certes des sacrifices, celui de la défense des droits de l’homme en terrain hostiles au droit un peu plus  que les autres domaines de la vie. Il est vrai que parfois il m’arrive de ressentir passagèrement un peu de déception, mais ce sentiment se dissipe dès que je me trouve devant une violation du droit des gens.

    Certes il y a cette impression que notre communauté semble avoir abandonné le combat, et qu’elle aurait sombré dans la résignation, sincèrement, je ne suis pas convaincu que les choses sont telles, nous sommes en face d’un système « crisogène », et vu que le peuple dans sa plus grande majorité ne croit plus ni en ce système, ni les partis politiques, un jour -je ne sais quand ?- arrivera ou un « Tsunami » populaire viendra balayer la terre d’Algérie, c’est pourquoi je suis partisan d’un changement pacifique radical, en faisant de « Place aux jeunes » ma devise. Nous avons vécu une décennie noires ou le « Qui Tue Qui » n’a pas livré tous ses secrets.

    Quant à la question de savoir si j’ai l’impression d’un Don quichotte qui se battrait tout seul, je répondrais que je ressent plus d’honneur, de dignité et de fierté d’être humblement Nourredine BELMOUHOUB, et qu’on le sache, mon combat n’est pas contre des moulins à vents, mais bel et bien contre une des plus dangereuses tyrannies et des plus agressives autocraties que je n’ai pas besoin de peindre ici, ce combat je le mené non pas en solo, mais au sein d’un groupe, un Front du Changement national, composé de femmes et d’hommes non monnayables. Je ne désespère ni de l’humain ni de l’humanité, confiant qu’après la nuit il y a toujours le jour, et que la justice finit toujours par triompher, j’y crois, la preuve ou est Benali, ou est Moubarek, ou est Khaddafi et ce n’est qu’un début. Ne dit-on pas qu’après la pluie c’est le beau temps, je suis optimiste, et c’est ce qui me réconforte le plus, c’est pourquoi je ne regrette rien et si c’est à refaire, oui, je recommencerais encore et toujours pour avoir la paix morale et une conscience reposée.

    Je suis né au printemps, c’est pourquoi j’aime tous les printemps.

     

    *Défenseur « Libre » des droits humains

    Porte-parole du Comité de Défense des Internés des Camps du Sud.

    Alger le 25 Décembre 2012

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