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la résistance

  • De la résistance à la rente

     

    Par : Mustapha Hammouche

    Les “gardes communaux” mènent un difficile combat pour la promotion de leur situation sociale. Le décret qui, en août 1996, crée ce corps et organise sa mission, lui confie des tâches d’ordre public et de sécurité. La naissance des unités de garde communale et l’avènement des “patriotes” et autres “groupes de légitime défense” qui les ont précédés furent l’expression de l’impuissance d’un État à se défendre, à défendre la population et le patrimoine national contre la déferlante islamo-terroriste des années 1990.
    En ce temps-là, la question des salaires et indemnités n’était pas à l’ordre du jour dans un pays écrasé par la crise… du marché pétrolier, et contraint à la fermeture des entreprises publiques et au rééchelonnement de sa dette extérieure. Sur le plan socioéconomique, deux défis occupaient la nation : éviter la banqueroute de l’État et limiter les effets sociaux et définir   une attitude ; sur le plan politique, un double défi s’imposait au pouvoir et à la société : se définir par rapport à l’enjeu démocratique et prendre position face à l’offensive politique et militaire de l’islamisme.
    En ce temps-là, l’engagement contre le terrorisme ne pouvait, en aucun cas, relever d’une considération salariale ou économique. Même si, par la suite, de petits “chefs de guerre” locaux ont exploité leurs positions dans des entreprises affairistes, voire mafieuses. La couverture politique que leur accordait un parti qui avait, alors, le vent en poupe fit de ces “chefs” des barons jouissant du pouvoir, comme représentants de l’autorité et de la mission de défense de l’État. Les détenteurs de cette prérogative de violence “légitime”, qui avaient aussi accès aux facilités administratives, ont parfois été tentés de s’enrichir dans la confusion d’un État et d’une société terrifiés et désorganisés.
    Il fut même question d’une “économie de la nuit” où n’accédait alors que celui qui était armé, d’un côté ou de l’autre. Cette “marchandisation” progressive d’une situation sécuritaire qui engageait pourtant l’avenir politique, sinon le destin historique, constituait le prélude à la doctrine de “la réconciliation”. La revalorisation boursière des hydrocarbures, à partir de l’année 2000, allait faciliter l’évolution des “termes de l’échange”. Ce qui, à l’origine, n’était que rapport de forces physique et politique finit par se transformer en strict rapport à la rente.
    La Charte pour la paix et la réconciliation nationale, votée en 2005, a commencé par se passer de la paix : aujourd’hui, que “la paix est revenue”, le terrorisme s’attaque aux casernes et commissariats… et au moment où les “gardes communaux” marchaient sur Alger pour des raisons salariales, un des leurs était enlevé à Khenchela. Elle a ensuite institué l’impunité des crimes terroristes, mais plus encore, elle a dispensé les terroristes de rendre des comptes sur l’argent du racket et du rançonnage. Outre cela, sa mise en œuvre se résume à une campagne de prise en charge sociale des terroristes. L’argent n’influe plus sur la politique ; il l’a remplacée.
    Signe des temps : des citoyens dont l’engagement fut motivé par la défense des institutions, ou par leur autodéfense contre le terrorisme, en sont réduits à affronter les services d’ordre pour revendiquer une mise à niveau salariale !