Pour cette fois, Michèle Alliot-Marie n'a pas attendu 100 morts pour réagir. Trois cadavres dans les rues de Suez, en Egypte, et voici que MAM demande à ce qu'on lui tende le micro. Non seulement le gouvernement de Paris déplore les morts mais soutient plus de démocratie en Egypte ! Bon réveil au Quai d'Orsay, la France ne va pas tout de même se laisser détester par 80 millions d'Egyptiens. Ce serait le bouquet final…
de jasmin. Quand la Ve République fait face à de telles situations de crise, la mobilisation doit être de mise. Sermon du président Nicolas Sarkozy qui exige qu'aucun ministre ne s'amuse à quitter Paris.
Les week-ends en province, ça sera pour plus tard. A l'heure de la contagion explosive qui frappe le monde arabe, la France se doit d'être aux côtés des Présidents amis. Pardon, aux côtés des peuples qui aspirent à plus de baguettes de pain au dîner et à la démocratie nuit et jour. Choisissant les seconds, MAM se serait-elle bien rattrapée ? Elle aurait même fait mieux que
Mme Clinton qui, elle, a exigé un comportement moins brutal de la part de la police de Moubarak. Du pacifisme à la place de la matraque ? Ce serait trop demandé au pouvoir en place quand bien même il continue de servir de rempart contre les assauts répétés de l'islamisme radical.
La pyramide vacille mais risque de prendre du temps pour se renverser. Contrairement à l'ambassadeur de France à Tunis, qui n'était pas de l'avis de son attaché militaire sur l'importance des troubles sociaux et la chute de Ben Ali, son collègue du Caire a-t-il pris plus de précautions pour informer le Quai d'Orsay de la probabilité d'un remake à l'égyptienne ?
La France de Sarkozy préférerait perdre un ami et des marchés que de perdre tout un peuple si Moubarak venait à quitter le pouvoir. On n'en est pas encore là. Sauf que l’effet domino est toujours aussi menaçant. D'autant que ce n'est plus l'opposition qui a envahi la place de la libération et que les moukhabarat savent disperser avec tact. 15 000 manifestants c'est beaucoup plus dur pour que ça ferme sa gueule.
Serions-nous, donc, au tout début d'une révolte qui a fait déjà quatre morts ? Rien de rassurant dans les télégrammes qui atterrissent sur le bureau de MAM ?
La France a choisi de prendre ses devants, nul n'a pu vaticiner la fuite de Ben Ali par les airs. A défaut d'instaurer une monarchie aux allures républicaines et sous la pression continue de la rue, Moubarak père envisagerait-il prématurément d'aller terminer ses vieux jours ailleurs ou penserait-il à rester mourir en Egypte comme jure de le faire
Omar El Bachir dans le cas où le Nord Soudan venait à se rebeller contre le régime de Khartoum ? Cependant, la précision s'impose :
Moubarak ne fait l'objet d'aucun mandat d'arrêt et il n'a pas Interpol à ses trousses. Mais où pourrait-il bien se réfugier si les Egyptiens venaient à le pousser vers la sortie… de secours ? Sûrement pas en Arabie Saoudite qui, en plus de la mésentente, se verrait mal devenir la Mecque des présidents fugitifs. En France, peut-être ? Il n’irait nulle part, personne n’oserait le lâcher. Même MAM ?
Par Anis Djaad
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